Le très célèbre romancier, enfant de Bandiagara, Yambo Ouologuem dont l’œuvre fait partie intégrante du patrimoine littéraire mondial, vit depuis plusieurs décennies dans une situation déplorable, malade et réduit dans un silence coupable dans son pays. Pourtant, l’homme de lettres qui est si célèbre, le premier africain à être distingué par le prix Renaudot en 1968, dont les œuvres vivent autant dans le monde littéraire, le nom associé à tant de manifestations littéraires, mais la personne réduite au silence, est bien physiquement vivant, mais blessé dans son âme chez ses siens à Sévaré..
Le prix littéraire de la langue française, « le prix Yambo Ouologuem » qui est devenu une institution au Mali et qui s’organise chaque année autour de nombreux écrivains africains pour récompenser une œuvre écrite ou traduite en français est-il un hommage à l’endroit de l’écrivain ?
Ou de simple folklore ? Il est regrettable de constater que l’on ne cesse de parler beaucoup en son nom mais on ne s’intéresse guère à sa personne et à sa vie.
Pire, le prix littéraire qui lui est dédié est organisé sans l’implication de l’homme qui est bien vivant, sa famille et ses enfants. Au point que rares sont ceux qui savent aujourd’hui, même au Mali, que l’homme est encore en vie et peut être décoré et réhabilité pour ses œuvres qui font la fierté du Mali.
Tandis que la question de sa réhabilitation a toujours été le combat de ses proches, notamment le club qui porte son nom et son ex épouse Diallo Adam vivant aujourd’hui en France.
Depuis belle lurette, ceux-ci ne cessent d’appeler pour une conscience collective autour de l’homme. A l’occasion de la rentrée littéraire 2015, ceux-ci, pour la énième fois, montent au créneau pour défendre cette cause. C’était lors d’une conférence devant les étudiants en lettres de la Faculté des Lettres des Arts et des Sciences Humaines (Flash), le jeudi 19 Février 2015.
Qu’attendent les plus hautes autorités du Mali sur la question de la réhabilitation de Yambo Ouologuem ?
Va-t-on continuer à honorer l’homme qui a ses traces partout dans le monde par un prix, pour lequel il n’est ni de près, ni de loin associé, et le laisser vivre à l’âge de la pierre taillée à son vivant ?
Les cris de cœur des proches de l’illustre écrivain méritent la conscience collective pour réhabiliter l’homme de son vivant. Car, le club des amis de Yambo Ouologuem souhaite que Yambo Ouologuem soit réhabilité maintenant, au demeurant ils mettent en garde contre toutes médailles à titre posthume à l’hommage de l’écrivain.
Rappelons que l’écrivain Yambo Ouologuem, fine plume de son temps (né en 1940 au Bandiagara), est un homme qui a cumulé des agrégats en anglais, en sociologie.
L’histoire révèle que Yambo Ouologuem apparaît comme l’un des meilleurs écrivains du XXe siècle, non pas à cause du prix Renaudot qui le révéla au monde entier comme le premier lauréat africain, ou encore pas pour des raisons extralittéraires, mais parce qu’il s’est distingué par la qualité de son écriture qui est reconnue même par ses pires détracteurs.
Son roman « Devoir de violence » en 1968 l’avait d’abord lancé avant de faire l’objet d’accusations en raison du succès qui le caractérisait. Il est également l’auteur de « Lettre à la France nègre » (1969).
La polémique sur le Plagiat n’empêchera pas au chef-d’œuvre de la littérature négro-africaine de devenir un ouvrage fondateur. Son « Devoir de violence » restera dans les annales en raison de l’audace des thèmes abordés mais surtout par l’acuité de leur actualité.
Après la censure du livre, Yambo Ouologuem connaitra une véritable cabale médiatique et sali par des accusations de plagiat, qui du reste, ne sera jamais fondé. C’est ainsi que l’homme qui était très bien parti dans la littérature et dont les talents et les atouts serviraient à des générations se retirera chez lui à Sévaré, loin du monde.
Daniel KOURIBA
Source: Tjikan