Hier lundi 30 septembre, dans la matinée, l’accès à la ville garnison de Kati a été bloqué, fermé à la circulation. La raison ? Le camp Soundiata de Kati a connu une effervescence particulière, la surchauffe de l’atmosphère tenait à une scène de protestation violente, des sous officiers, estimant avoir été trahis dans les nominations aux grades. Alors le Comité de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité dont les premiers responsables sont accusés d’avoir tiré la couverture sur eux-mêmes, en s’attribuant des grades de ‘’Général’’, de ‘’Colonel’’ et autres, ont été pris pour cible par les manifestants en colère. L’ex président du comité de suivi de la reforme, Amadou Haya Sanogo devenu Général et son Directeur de Cabinet Mohamed El Habib Diallo devenu Lieutenant-colonel semblent être les principaux concernés. Les soldats armés ont foncé sur le siège du Comité de Suivi, tirant des rafales en l’air. Ils manifestent contre la politique de deux poids deux mesures.
Selon nos sources, le Général Amadou Haya Sanogo qui a tenté de raisonner les mutins, s’est vite ravisé, alors que son Directeur de Cabinet le Lieutenant-Colonel Mohamed El Habib Diallo aurait été touché et blessé, puis enlevé et gardé en otage par les manifestants, en entendant de voir la solution que va proposer le Général Sanogo. Selon certaines sources, celui-ci aurait décidé de ne pas négocier et de faire le ménage.
Selon un article de l’Agence de presse Xinhua, citant une source militaire à Kati, les manifestants ne sont autres que «des éléments de la garde rapprochée du capitaine Amadou Konaré et du colonel Youssouf Traoré, qui accusent le chef de cabinet du Comité de suivi des reformes d’avoir enlevé leurs noms sur la liste de nomination au grade supérieur et d’oublier superbement le capitaine Konaré (un membre de l’ex-junte) pour la promotion exceptionnelle. Ils sont venus avec des fusils mitrailleurs vers 10 h00 et ont commencé à tirer partout. Ils ont ensuite enlevé le Lt-colonel Mohamed El Habib Diallo pour une destination inconnue ».
Pour un commentateur, « un malaise réel persiste au sein de l’ex junte, depuis la nomination de Amadou Haya Sanogo au rang de Général de corps d’armée, créant la frustration au sein des militaires qui veulent monter en grade. De son côté, Sanogo se protège davantage, et vivrait dans un bunker pour parer à toute attaque ». Les check points érigés aux alentours de ce bunker, obligeant les usagers de cette zone à faire de longs détours, semblent donner raison à ces allégations.
Le 27 septembre dernier, une association dénommée ‘’Appel pour le Mali’’ (APMA) a, au cours d’une conférence de presse, dénoncé et demandé l’annulation du grade de « complaisance » de Général de corps d’armée accordé au capitaine Amadou Haya Sanogo. Pour le président de cette association, Adama T. Coulibaly, «L’APMA demande au président démocratiquement élu le 11 Août dernier [IBK], pour l’honneur du Mali et sa crédibilité aux yeux du monde entier, d’annuler le grade de corps d’armée d’Amadou Haya Sanogo ».
Le 14 août dernier, le conseil des ministres présidé par le président de la république par intérim a annoncé la nomination du capitaine Sanogo au grade de général de corps d’armée. Un autre membre de l’ex-junte et ancien Directeur de Cabinet de Sanogo, Moussa Sinko Coulibaly, est passé du grade de colonel à celui de général.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali