La plupart des chantiers visités, connaissent des retards dans l’exécution des travaux. Compromettant par endroits, la campagne agricole
Le ministre du Développement rural, le Dr Bocari Treta, a bouclé sa visite de terrain, dimanche, par le site de l’épi latéral du complexe hydraulique de Farako et les chantiers de deux entreprises à Tien Konou, tous situés dans la zone de production de l’Office riz Ségou (ORS).
L’épi latéral ou l’ouvrage de dérivation de l’eau, a été érigé en 2005 par l’ORS avec des sacs remplis de sable et de terre afin de dévier l’eau du fleuve Niger vers le chenal naturel de drainage jusqu’au casier de Farako situé à 30 km de la prise. Cet ouvrage situé dans le hameau de culture de Diaban est sérieusement abimé en raison de la faible consistance des matériaux (sable et terre) et résiste mal aux assauts de l’eau du fleuve Niger sur lequel il est érigé. Depuis quelques années, l’épi latéral n’arrive pas à assurer convenablement le remplissage du chenal naturel. La faible crue des deux dernières campagnes n’a ainsi pas permis à l’ouvrage de jouer son rôle.
Le chenal d’amenée de l’eau est lui-même encombré et jonché de végétation et de sable qui ralentissent considérablement le parcours de l’eau vers le casier. Les berges du chenal ont également subi une très forte érosion comme a pu s’en rendre compte la délégation qui a longé la digue, elle aussi en mauvais état, pour parvenir sur le site de l’ouvrage. La direction générale de l’ORS a, en outre, relevé une autre difficulté de taille représentée par les eaux collinaires qui envahissent le périmètre de Farako, annihilant les efforts des paysans et de l’encadrement pour produire du riz.
La direction générale de l’ORS et les ressortissants de la zone qui se sont mobilisés en masse, souhaitaient que la visite du ministre Tréta sur le site permette de mettre fin au problème et de relancer durablement la production rizicole. Bocari Tréta ne les a pas déçus. Il a répondu favorablement à leur doléance en promettant de commanditer une étude qui indiquera la voie et les moyens à mobiliser pour reconstruire l’épi latéral en matériaux durables.
4è passage sur ces chantiers. Soumané Diarra, président de la coopérative des producteurs de Farako, a salué la visite du ministre Tréta, la première d’une autorité sur ce site. L’ouvrage n’est fonctionnel qu’une campagne sur deux, déplorera-t-il. Les pertes causées par une crue insuffisante et ou un faible remplissage du chenal sont très préjudiciables aux producteurs.
De Diaban, la délégation a mis le cap sur les chantiers de Tien Konou situés dans le complexe hydraulique de Dioro. Cette visite n’a pas apporté de satisfaction au ministre Tréta qui effectuait son 4è passage sur ces chantiers. Les travaux sont exécutés dans le cadre du Projet d’appui pour le développement rural de Tien Konou et Tamani (PADER-TKT) financé en grande partie par la Banque islamique de développement (BID 74%) pour un montant de 14,985 milliards de Fcfa et pour une durée d’exécution de 5 ans (2009-2013). Compte tenu de la lenteur accusée dans l’exécution des travaux, le PADER-TKT a bénéficié d’une prorogation de janvier 2014 à juin 2016.
Le lot 1 porte sur le recalibrage du canal d’alimentation de Dioro sur 20,7 km, attribué à la Société malienne de dragage et travaux publics (SMDTP-SARL) pour un montant de 2,011 milliards Fcfa et une durée d’exécution de 10 mois. Les travaux ont démarré en avril 2013, mais au passage de la délégation ministérielle, dimanche dernier, l’exécution du chantier était estimé à 71% pour un délai consommé de 149%, selon le chef du PADER-TKT, Dramane Diarra. Les raisons de ce retard sont imputables au sous-équipement de l’entreprise, a-t-il relevé.
Alassane Djittèye, le responsable de SMDTP-SARL, a promis de tenir le délai du 15 mai prochain. Un engagement qui a suscité le scepticisme du ministre Tréta lequel a en mémoire les précédentes promesses non tenues. Une procédure de résiliation du contrat avait même été engagée pour réattribuer le marché. La démarche n’avait pas abouti.
Campagne agricole en péril. La situation du lot 2 relatif à l’aménagement de 1271 hectares en maîtrise totale de l’eau du casier de Tien Konou attribué à l’entreprise Construction générale du Burkina (COGEB) n’a pas non plus apporté le réconfort attendu. Le chantier a été attribué pour un montant de 7,062 milliards Fcfa et un délai d’exécution de 18 mois. Les travaux ont démarré en janvier 2014 et le taux d’exécution est de 73,3% pour un délai consommé de 85%. Les travaux sont même actuellement à l’arrêt sur le chantier. Pour sa défense, l’entreprise invoque le non paiement de décomptes en sa faveur qui s’élèvent à plus de 692 millions Fcfa. Sensible à cet argument, le ministre Treta « gêné et peiné » que le retard ainsi accusé est du au fait que l’entreprise attend d’être payée en conformité les procédures pour poursuivre les travaux. Il a promis de s’investir rapidement pour débloquer la situation.
Le lot 3 constitué de travaux d’amélioration du système hydraulique de 2200 hectares des casiers 1 et de Famana à Tamani, attribué à l’entreprise Togola Travaux pour un montant de 1,104 milliard Fcfa et un délai d’exécution de 8 mois, a connu un démarrage difficile. Entamés en février dernier, les travaux affichent un taux d’exécution de … 4% pour un délai consommé de 24%.
L’inquiétude principale, à l’issue de cette visite, est que si des solutions urgentes ne sont pas trouvées, les paysans de ces périmètres ne pourront pas semer cette année. L’année dernière, les deux entreprises (COGEB et SMDTP-SARL) avaient sollicité la direction générale de l’ORS de ne pas arrêter les travaux, même pendant l’hivernage, afin de pouvoir livrer les périmètres pour la campagne agricole 2015-2016. Avec les énormes retards accusés çà et là, ces engagements sont compromis. Déçu mais volontaire, le ministre Treta a recommandé aux entreprises et à l’ORS de s’employer à permettre aux paysans d’exploiter les périmètres dès cette saison.
M. COULIBALY
source : L Essor
