Des confrères de la presse privée ont donné la nouvelle dès lundi. Il s’agit du naufrage, dimanche, d’une pirogue sur le fleuve Niger aux environs de Koulikoro. Le drame est survenu plus précisément à Seinkoro, un campement de pêche sur la rive droite du fleuve Niger, à environ 40 km de Koulikoro et à quelques encablures de Tienfala. Le campement de pêche relève du village de Seinkorocoura dans la commune rurale de Baguinéda (cercle de Kati).
La pirogue qui a fait naufrage avait à son bord 16 forains qui partaient en direction de Tienfala. Le bilan est très lourd : 10 morts. Le passeur Bakary Coulibaly fait partie des 6 rescapés.
Pour relier Seinkoro à Tienfala, il faut traverser le fleuve à un endroit précis, très profond et accidenté. De part et d’autre du chenal de traversée, on remarque un impressionnant dispositif de filets de pêche pour piéger les poissons. Et sur les deux rives, trois catégories de pirogues sont alignées. Celles destinées à la traversée sont de deux types. Les plus nombreuses sont très exigües, ne présentent aucune norme de sécurité mais sont motorisées. C’est malheureusement, une pirogue de ce type qui a chaviré dimanche dernier.
Une grande pinasse assurant occasionnellement la traversée constitue la 2è catégorie de pirogue. Elle semble plus adaptée à la traversée par sa taille et bénéficie d’une plus grande sureté. En fait, sa principale activité est le fret. Elle est amarrée du côté du village.
La 3è catégorie d’embarcation n’est pas différente de la première hormis qu’elle est exclusivement destinée à la pêche. Ce sont justement des pêcheurs qui ont sauvé les 6 passagers, témoigne Moulaye Sidibé, un notable qui rappelle que le village a une histoire liée à la traversée. « Tout le riz cultivé pendant la période coloniale dans la zone de Baguineda transitait par là en direction de la rizerie de Tienfala à l’époque fonctionnelle et dynamique », explique-t-il.
A Seinkoro, l’habitat est constitué d’une cinquantaine de chaumières dans lesquels vivent en symbiose Somono, Bozo, Bambara et Peuhl venus des régions de Ségou et Koulikoro depuis des décennies. Ils vivent essentiellement de pêche et des retombées de la traversée, toujours selon Moulaye Sidibé.
« Malheureusement les produits s’amenuisent et nous avons du mal à survivre », précise le chef du village, Lamine Mariko. La mosquée en chantier constitue le seul bâtiment en ciment.
Ce dimanche, l’environnement était portant propice à une traversée tranquille, selon des témoins. Malheureusement, plusieurs questions restent encore sans réponse en ce qui concerne les circonstances du naufrage et le nombre de passagers transportés. Certains assurent qu’il y avait 17 passagers en plus du pilote, d’autres soutiennent qu’il avait 15 passagers et le passeur.
Au cimetière où nous nous sommes rendus, nous avons dénombré 10 tombes. Nous avons constaté également qu’il y avait effectivement 6 rescapés. Des corps sont-ils restés introuvables ? L’enquête ouverte répondra à cette question comme elle édifiera sur les circonstances exactes du drame.
En attendant, l’hypothèse de la surcharge (en passagers et en marchandises) est fréquemment évoquée. Entre-temps, la population de Seinkorocoura pleure ses morts. Le passeur, Bakary Coulibaly, lui, est détenu à la brigade de gendarmerie de Baguinéda pour les besoins de l’enquête.
Le chef de village, Lamine Mariko, entouré de conseillers en deuil, recevant les membres de familles endeuillées installés ailleurs et certains visiteurs, a déjà tranché : « C’est la volonté de Dieu !».
Les sous-préfets de Baguinéda et de Tienfala, accompagnés des maires de leur circonscription, sont venus présenter aux familles endeuillées les condoléances du gouvernement.
A. MAIGA
AMAP-Koulikoro
Liste des victimes du naufrage
1. Nayouma Koné, 16 ans
2. Tenin Coulibaly, 6 ans
3. Cognon Coulibaly, 1 an
4. Nah Traoré, 8 ans
5. Fanata Sanogo, 32 ans
6. Oumar Traoré, 16 ans
7. Koniba Coulibaly, 17 ans
8. Aminata Dembelé, 18 ans
9. Djenèba Dembelé, 6 ans
10. Nah Sidibé, 6 ans
source : L Essor