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Violences liées à l’esclavage : Les coupables dans le collimateur de la justice

Le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le colonel-major Ismaël Wagué, a récemment visité les localités concernées par cette pratique ancestrale afin de baisser la tension

 

La récente visite du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, le colonel-major Ismaël Wagué, à Kayes, Bafoulabé, Yélimané et Nioro traduit la ferme volonté des autorités de la Transition de renforcer la paix dans ces localités de notre pays secouées par des conflits meurtriers liés à la pratique de l’esclavage par ascendance dont l’abandon nécessite une lutte de longue haleine.

À Nioro, Bafoulabé etYélimané, le ministreWagué était porteur d’un message de paix. «La paix est un facteur clé pour le développement de tout pays. Alors, donnons-nous la main pour bâtir le Mali de demain», a-t-il laissé entendre lors de sa rencontre avec les forces vives de Nioro, en présence des gouverneurs de région, le colonel Moussa Soumaré (Kayes) et le colonel-major Aly Ould Annaji (Nioro).

À travers cette visite de deux jours qui a débuté le 14 octobre 2021, l’état voulait montrer sa détermination à venir à boutde la pratique de l’esclavage par ascendance qui semble devenir un «fonds de commerce» pour certaines couches sociales. Toutes les parties (esclavagistes, anti-esclavagistes et modérés) semblent tirer profit de cette pratique ancestrale qui constitue, pourtant, une entorse à la cohabitation pacifique entre les communautés dans les cercles de Kayes, Kita, Bafoulabé, Diéma, Nioro et Yélimané.

Des associations de défense des droits humains dénoncent vivement cette pratique qui foule au pied les textes de la République du Mali. On se souvient que des violences liées à l’esclavage ont fait en septembre dernier un mort, des blessés et dégâts matériels importants dans la Commune de Tomora, arrondissement de Oussoubidjgna (Cercle de Bafoulabé). Les autorités judiciaires ont procédé à l’interpellation d’une trentaine de personnes suite à ces incidents.

L’esclavage, avec son corollaire de violences meurtrières et de traitements inhumains, va à l’encontre de notre Constitution et sape les fondements de la démocratie. Dans l’espoir de calmer les esprits, le chef de l’exécutif régional de Kayes s’est rendu le 4 octobre dernier à Oussoubidjania. «Nul n’est au-dessus de la loi. Personne n’a le droit de se faire justice», a insisté le colonel Moussa Soumaré, ajoutant que «justice sera rendue aux victimes». Le village de Souroubiré, théâtre des récents incidents, est situé à environ 4 km d’Oussoubidjgna. Ici, les Sissoko détiennent la chefferie traditionnelle depuis plus de deux siècles.

Ils cohabitent avec les Kanouté, Cissé, Kanté, Touré parmi tant d’autres ethnies. Et dans la zone, les Touré sont considérés selon la coutume comme des esclaves. À partir de 2017, certains de ces «esclaves» ont commencé à refuser le statut que les «nobles» leur attribuent. De ce fait, ils ont décidé de créer un groupement de lutte contre l’esclavage dénommé «Cadre stratégique permanent (CSP)». Quant aux chefs coutumiers (les Sissoko), ceux-ci ont également créé un mouvement appelé «Lambé» qui signifie coutume, afin de préserver les pratiques traditionnelles locales, dont l’esclavage par ascendance.

Les incidents ont éclaté dans la Commune de Tomora dans la foulée des activités marquant le 61è anniversaire de l’indépendance du Mali. Contrairement à certaines communes où tous les villages se retrouvent à l’occasion de cette fête nationale, les villages de la Commune rurale de Tomora ont voulu célébrer séparément et souvent par clans, laissant voler en éclat la charte et les résolutions issues du Forum régional d’entente sociale pour le renforcement de la cohésion tenu à Kayes du 16 au 18 août 2021.

Depuis l’année passée, pour fêter cet événement national, chaque village ou groupement doit chercher une autorisation auprès de la mairie et du chef de village. Dans les villages où il y a une mésentente entre les partisans du «Lambé» et ceux du CSP, la mairie a refusé de délivrer des autorisations pour l’organisation des soirées dansantes ou récréatives.

En septembre 2020, le même type d’incident entre les deux belligérants (Lambé et CSP) avait occasionné plusieurs blessés graves dans le village de Balandougou, à 7 km d’Oussoubidjgna. Le gouverneur d’alors, l’inspecteur général de police Mahamadou Zoumana Sidibé, avait effectué une visite de sensibilisation afin d’apaiser la tension.

Bandé Moussa
SISSOKO
AMAP-Kayes

Source : L’ESSOR

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