Le mercure social continue de monter. L’administration publique est progressivement plombée par des grèves perlées qui sont en ce moment pause. D’aucuns parlent de grèves sauvages. Les syndicats des différents corps sont presque tous décidés à arracher du gouvernement le maximum de concessions. A qui la faute ?
Sans doute au gouvernement qui a ouvert la boîte aux pandores avec les magistrats et qui malheureusement, ne semble pas encore avoir tiré leçon de cette faute politique lourde. Le gouvernement continue de chercher à régler les problèmes des travailleurs au cas par cas. Pourtant, la situation a atteint un seuil critique et doit amener les plus hautes autorités à une analyse froide et sans complaisance des revendications de tous les syndicats et autres partenaires sociaux; les mettre en relation avec les capacités de mobilisation des ressources de l’Etat et en perspectives avec les défis à relever pour améliorer sensiblement les conditions de vie de la grande majorité des Maliens.
Ensuite, il faut ouvrir un dialogue franc et transparent avec les syndicats de tous les secteurs sur les possibilités dont dispose l’Etat. Il s’agit, dans un tel dialogue, de rassurer les syndicats et tous les autres partenaires sociaux avec des données réelles et concrètes, de la volonté et des efforts réels du gouvernement pour offrir de meilleures conditions de vie et de travail à tous.
Un tel dialogue ne peut avoir les effets escomptés que s’il est initié et conduit par le président IBK lui-même. Le Président de la République doit descendre de sa tour de Koulouba pour constater le divorce entre son gouvernement et les syndicats, avec pour conséquence, une situation de défiance quasi permanente. Cette démarche pourrait justement permettre d’écouter les syndicats. C’est seulement à cette condition que l’on pourrait avoir un dialogue social véritable, porteur des aspirations de tous.
Le président IBK devrait engager un dialogue direct avec le monde syndical depuis le début de son mandat. Cela lui aurait permis d’éviter bien des situations devenues aujourd’hui de véritables casse-têtes pour l’Exécutif. Il faut tirer leçon des rendez-vous manqués. Les rencontres gouvernement et syndicats ou avec le secteur privé, les journées nationales ou autres fora réunissant annuellement le président et certaines catégories socioprofessionnelles, dans leur format actuel, ont montré leurs limites objectives. Ils sont loin de régler les problèmes de ces acteurs. Pourquoi persister dans des initiatives improductives et sans impact réel sur les conditions de vie des populations ? Pourquoi ne pas recentrer la réflexion autour de perspectives globales d’identification des leviers de progrès économique et social avec des effets réels sur l’ensemble des composantes sociales et professionnelles ?
En tous les cas, les grèves à répétitions et les levers de boucliers sur la proposition de loi en vue d’encadrer l’exercice du droit de grève indiquent clairement qu’il y a urgence à agir. Le ton monte et il est impératif de sortir de cette défiance de l’Etat et des institutions d’autant plus que ces tensions aboutissent, le plus souvent, à des reculades. Il faut rompre avec ces épreuves de forces qui contribuent à l’effritement de l’autorité de l’Etat. Le président IBK doit urgemment créer les conditions de la confiance de ses compatriotes envers les institutions. Il a, certes, hérité d’une situation de fossé entre les populations et les institutions. Il doit surtout éviter d’agrandir ce fossé au risque de pousser le pays dans le précipice. Il a tardé à prendre les choses en mains. C’est lui qui a été élu et doit des comptes à ses compatriotes. Il peut toujours redresser la pente. Mais s’il persiste dans l’attentisme, demain risque d’être trop tard ! Et ce sera un énorme gâchis.
Assi de Diapé
Source: lepointdumali