Moussa Mara est un homme politique qui manque de leadership et son parti, Yèlèma, manque de démocratie à l’interne. En effet, l’ancien Premier ministre malien, l’auteur du fantôme « le changement », est sur la liste des personnalités qui ne travaillent que pour leur propre promotion, au détriment de l’intérêt collectif.
Moussa Mara a-t-il une ambition pour le pays, ou ne fait-il pas confiance à ses hommes ? Difficile de répondre cette question. Du fait que l’histoire de cette formation politique laisse agir dans cette logique. D’abord maire de la commune IV du district de Bamako, le plus jeune maire de la capitale n’a jamais fait la promotion de l’idéologie politique de la formation sa priorité absolue. Il s’est fait entourer par des collaborateurs externes dans la gestion des affaires courantes de la mairie. La présence de certains conseillers à la mairie n’était qu’un décor. Ces camarades politiques se voyaient difficilement confier des tâches qui sont les siennes. Les projets ont été toujours exécutés par les collaborateurs externes.
Ensuite, sa nomination dans le premier gouvernement d’IBK. Au département de la Population et de la Politique de la ville, le constat était du reste partagé. Ce scénario a été encore observé à la Primature. A la Primature, comme si Moussa Mara n’a pas de compétences internes dans son parti, toutes les personnalités du de Yèlèma ont été mises à l’écart. Seule Assétou Sangaré et deux autres cadres ont été appelés à la rescousse.
De là, Moussa Mara a pris trop de recule vis-à-vis de sa formation, avant d’être lâché par ses camarades politiques de la Convention de la majorité présidentielle (CMP).
Alors que ces derniers pensaient que Moussa Mara s’est servi des incohérences de sa démarche, il est allé s’occuper d’un mouvement dénommé Sira, ignorant superbement son parti. Cette autre attitude a été boudée par les militants du parti.
Comme si cela ne suffisait pas, il est encore à l’origine de la négociation d’une nouvelle alliance avec Cheick Modibo Diarra et Konimba Sidibé. N’ayant pas obtenu le soutien de ses camarades, Moussa Mara a été singularisé dans la coalition. Le parti est resté dans le système de pilotage à vue.
C’est pourquoi dans une lettre de démission collective en date du 6 juin, des cadres affirment ne plus être à même d’honorer leurs engagements au sein du parti Yèlèma. «Les valeurs et les principes qui ont suscité la création du parti Yèlèma se sont étiolés au fil du temps», soulignent-ils.
Le parti, selon eux, a été construit autour de la vérité et la transparence, l’intérêt public supérieur aux intérêts privés, à chacun selon son mérite. «Après une décennie d’existence, nous avons malheureusement constaté que ces valeurs n’ont plus droit de cité et cela malgré plusieurs actions de redressement initiées à travers les retraites politiques et les réunions de cadrage avec comme conséquence le mépris total des résolutions», déplorent-ils.
Les désormais anciens membres du parti ne sont pas tendres avec Moussa Mara. Ils l’accusent de «mépris vis-à-vis des responsables et militants du parti», mais aussi et surtout d’«opacité de la gestion des différentes ressources allouées au parti».
Des mots qui jettent de l’opprobre sur l’ancien Premier ministre considéré par beaucoup de Maliens comme un homme intègre. Ils contrastent avec la posture de Moussa Mara qui a fait de la transparence son cheval de bataille.
Autre grief: «La déclaration unilatérale de la candidature à l’élection présidentielle de 2018 en contradiction avec les textes du parti et la prise de la décision unilatérale de désistement au profit de Cheick Modibo Diarra à la présidentielle de 2018». En termes clairs, les démissionnaires reprochent à l’ancien Premier ministre la violation des textes et mettent à nu le manque de démocratie dans le parti, considéré jusque-là comme une référence. Cette lettre démontre, si besoin en était, que le parti Yèlèma est logé à la même enseigne que les autres formations politiques au Mali.
Avec le départ d’Amadou Aya et autres, Moussa Mara perd sans doute ses derniers compagnons de la première heure. Ce qui constitue un cinglant désaveu pour lui.
Sans toutefois en donner les raisons, les démissionnaires ont décidé d’intégrer la Codem, le parti dirigé par le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Housseïni Amion Guindo.
Si pour l’instant le parti Yèlèma n’a pas réagi, une source interne minimise la portée du départ d’Amadou Aya et Cie. «Ils n’ont aucun poids et n’ont personne avec eux», déclarent-il.
Zan Diarra
Source: Soleil Hebdo