Manuel Valls a résumé mardi la situation française d’une formule: « Trop de souffrance, pas assez d’espérance », annonçant qu’il devait « la vérité aux Français », tout comme il devait leur « redonner confiance dans leur avenir ».
« Trop de souffrance, pas assez d’espérance, telle est la situation de la France », a lancé le Premier ministre en commençant sa déclaration de politique générale devant les députés. Évoquant le vote des Français aux municipales, il a dit avoir « entendu leur voix. J’ai aussi entendu leur silence ».
« Par leur vote ou leur abstention historique », ils « ont dit leur déception, leur doute, leur mécontentement et parfois leur colère », selon M. Valls. « Ils ont dit leur peur de l’avenir. Leur avenir, et celui de leurs enfants ».
« Et puis il y aussi cette exaspération quand, à la feuille de paie déjà trop faible, s’ajoute la feuille d’impôts trop lourde. Enfin, ils ont exprimé leur soif de justice ».
« Dans des circonstances bien différentes, à cette même tribune, il y a 60 ans, un homme nous a montré la voie. Le mot d’ordre de Pierre Mendès-France –dire la vérité– m’oblige, nous oblige. La vérité, c’est le premier principe de la démocratie. Je dirai donc la vérité aux Français. Je la leur dois », a dit l’ex-ministre de l’Intérieur.
« Vérité sur la situation d’urgence de notre pays. Vérité sur les solutions qu’il faut y apporter. La France est à un moment de son histoire où il faut se concentrer sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de redonner confiance aux Français dans leur avenir. Dire l’essentiel pour retrouver l’essentiel: la confiance des Français. Tel sera mon propos », a ajouté M. Valls qui avait été ovationné à son arrivée à la tribune de l’Assemblée. Les bancs de droite ont beaucoup chahuté pendant le début de son intervention.
Selon lui, « la réalité est là, et il faut la regarder, sans trembler. J’ai vu, j’ai écouté ces retraités qui, à l’issue d’une existence d’efforts, vivent avec une maigre pension; ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler; ces salariés précaires pour qui le quotidien n’est pas le travail, mais la survie; ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n’ont qu’une seule obsession: sauver leur activité pour sauver leurs équipes; ces agriculteurs, attachés à leur exploitation, qui font face à l’endettement et aussi à une forme de solitude », a énuméré le nouveau chef du gouvernement.
« J’ai vu ces visages fermés. Ces gorges nouées. Ces lèvres serrées… Disons les choses simplement: beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus », a affirmé le Premier ministre, regrettant « la peur lancinante du déclassement ».
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