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Vacances scolaires : Le temps des petits métiers

Des écoliers exercent le commerce, apprennent la mécanique, la menuiserie, la teinture, entre autres. Certains le font pour avoir un peu d’argent et acheter des fournitures scolaires à la rentrée et d’autres pour s’initier à la débrouillardise. Mais attention, certains enfants ayant pris goût à l’argent rechignent à reprendre le chemin de l’école

 

L’école a ferméses portes, du moins le temps des vacances scolaires. De jeunes écoliers au lieu de se tourner les pouces à la maison préfèrent exercer de petits métiers pour gagner un peu d’espèces sonnantes et trébuchantes. Pour certains (en tout cas ceux qui sont issus d’une famille pauvre), cet argent servira à payer les fournitures scolaires pour la rentrée. Pour d’autres, le gain couvrira les petites dépenses quotidiennes. Mais tous ou presque mettent les grandes vacances à profit pour se faire occuper.

C’est le cas de Drissa Kouma, un jeune élève de 7è année à l’école Louis Pasteur (en référence au prestigieux physicien et chimiste français) de Niamakoro et qui passe en classe supérieure à la reprise des cours. Ce gamin de 14 ans s’inscrit dans la pure tradition de son ethnie (les Soninkés) qui incite toujours les enfants à la débrouillardise. Il a appris à cirer les chaussures. Il peut gagner en moyenne 2.000 Fcfa par jour. Il économise son gain quotidien depuis 2016 et ne sait pas pour l’instant ce qu’il en fera. Le jeune écolier ne nourrit aucun projet pour cette épargne et pense qu’il sera peut-être orienté par ses parents.

Drissa Kouma traverse tous les jours (pendant les vacances) une rive à l’autre en compagnie de son commerçant de père qui détient une boutique au Grand marché.Il est opérationnel à partir de 9 heures et fait le tour des services publics pour cirer les chaussures des cadres. Il regagne le petit soir la boutique de son géniteur avec qui il refait le chemin retour. «Mon activité prospère », se réjouit-il. à la question de savoir si on ne lui vole pas son enfance, il répond par la négative.

ÉCOLE DE LA VIE-Comme Drissa Kouma, d’autres jeunesécoliers se retrouvent dans la rue à faire par exemple le petit commerce comme la vente à la criée de petits gadgets. Hamidou Diarra, un jeune élève de 15 ans, réside avec ses parents à Yirimadio. Il se réveille tous les jours vers 6 heures du matin pour traverser la ville et regagner le Grand marché de Bamako. Il aide son grand-père qui détient une boutique de vente de matériels électroniques importés de la Chine. Le gosse ne rentre à la maison qu’au coucher du soleil. «Depuis trois ans, j’assiste pendant les vacances mon aïeul dans son commerce», confie l’adolescent. Cette occupation lui permet de faire face à certains petits besoins mais surtout d’apprendre aussi l’école de la vie.

D’autres jeunes écoliers optent pendant les vacances scolaires pour l’apprentissage de certains métiers comme la mécanique, la menuiserie, la teinture, etc… Ils peuvent aussi exercer des activités génératrices de revenus. Installé devant un petit kiosque où il vend des pièces de motos et répare des engins à deux roues, Moussa Keïta pratique ce petit métier depuis quelques vacances scolaires. C’est son père qui lui a créé cette opportunité et il en profite du mieux qu’il peut.

Le jeune écolier estime que c’est une façon pour lui de mettre aussi d’autres cordes à son arc. Il pense que l’école reste le moyen le plus sûr pour démocratiser la réussite, mais il est bon d’apprendre à faire autre chose au cas où ? «Je lance un appel à mes camarades qui ne font rien de leurs dix doigts pendant les grandes vacances à exercer des petits métiers au moins ça peut toujours servir à l’avenir parce qu’il n’y a pas de sot métier, mais il n’y a que de sottes gens, laisse entendre l’adolescent de 18 ans.

Habibatou Dembélé est élève en terminale sciences sociales (TSS). Elle a commencé le petit commerce de légumes pendant les congés depuis des années. La lycéenne ne s’imagine pas rester à la maison à ne rien faire. Celle qui habite Magnambougou s’approvisionne au marché de Niaréla en légumes et autres condiments, notamment des tomates, des betteraves et des concombres pour les revendre au marché Wonida. Elle explique n’avoir aucune honte à faire ce petit métier et arrive bien sûr à joindre les deux bouts ainsi.

LE REVERS DE LA MÉDAILLE-Hamidou Traoré, père de famille à Faladiè, soutient de son côté que la meilleure solution pour les jeunes filles et garçons de se faire occuper pendant les vacances scolaires est de pratiquer de petits métiers. Cela permet de comprendre certaines difficultés de la vie. Pour ce chef de famille, même si on vient d’une famille aisée, l’enfant doit comprendre le sens de l’effort personnel et savoir se préparer à affronter l’adversité.

Mme Coulibaly Aminata Maïga est une mère de deux garçons et de trois filles. Elle tient à faire la part des choses parce que pour elle voir les enfants faire du petit commerce ne signifie pas en soi que la famille est pauvre. Il faut peut être y voir aussi une école de la vie. Si cette dame a préféré envoyer ses deux garçons dans un garage apprendre la mécanique, elle a gardé les filles à la maison pour les initier davantage à la cuisine. «Une jeune doit certes s’adonner aux études. Elle doit aussi savoir cuisiner parce qu’elle est appelée à s’unir en couple à préparer pour son époux».

Karamoko Diarra, enseignant au lycée «Baminata Coulibaly» de Yirimadio, accepte volontiers de verser son avis dans le débat. Le pédagogue souligne que l’exercice de petits métiers par les écoliers pendant les grandes vacances est productif. Selon lui, les enfants apprennent ainsi la débrouillardise. Mais il se veut, on ne peut plus clair sur les études. Tous doivent immédiatement reprendre le chemin de l’école, explique-t-il, avant d’inviter les parents à y veiller.

La pratique de petits métiers par les élèves pendant les vacances continue à faire débat. Une certaine opinion estime que cela participe de la socialisation de l’enfant. Mais, d’autres pensent qu’on leur prive d’une partie de la quintessence de l’enfance. Mais, il y a aussi le revers de la médaille. Beaucoup de personnes considèrent qu’avec cette pratique, des enfants sont tentés d’abandonner l’école au profit de la recherche de gains.

Aminata DIARRA

Source : L’ESSOR

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