Le net chinois a suivi les folles aventures d’un cuisinier patriote. Ce dernier a tenté de gagner en montgolfière les îles Diaoyu-Senkaku disputées au Japon. Il a finalement été repêché par la marine japonaise dans les eaux environnant les rochers contestés.
L’aventure a fini par se dégonfler à 22 kilomètres des rochers de la discorde, rapportent les médias japonais, mais il est presque arrivé à son objectif, ce cuisinier intrépide. On ne connaît pas son nom, on sait simplement qu’il vient de la province du Hebei (région du grand Pékin). On sait aussi qu’il a fait décoller son engin à Fuqing le 1er janvier à 7 h du matin, dans la province du Fujian, sur la côte est de la Chine.
C’est le premier acte patriotique chinois de l’année, avec la photo du ballon arc-en-ciel dans la mer de Chine orientale qui circule sur les réseaux sociaux. L’aventure n’a pas tourné si court, puisque l’homme est parvenu à maintenir sa montgolfière pendant plus de 7 h dans les airs, sur plus de 300 kilomètres en gardant le cap malgré les forts vents d’altitude. Puis à 14 h 26, le téléphone sonne chez les gardes côtes japonais ! Ce sont les Taïwanais qui alertent leurs collègues nippons et leur donnent la localisation du ballon en perdition. L’homme a ainsi été récupéré par la police maritime de l’archipel.
Pour rappel, ces îles inhabitées en mer de Chine orientale sont au centre d’un intense bras de fer diplomatique entre Pékin et Tokyo depuis maintenant plus d’un an. Il y a déjà eu des expéditions de militants nationalistes chinois et japonais sur ces rochers de la discorde, mais apparemment dans le cas présent il s’agit ici d’une initiative individuelle.
Sur la Toile, le cuisinier est vu par les internautes chinois soit comme un héros, soit comme un imbécile. Les commentaires sont légion sur le réseau social Sina Weibo.
Courageux patriote
« Même si son projet n’a pas été jusqu’au bout, il faut saluer ce patriote », note un certain Tuo Benzaichuntianli. « La Chine aurait dû lui offrir un soutien technique », estime encore Mm-Carey. « C’est une très bonne idée, mais évidemment, la technique et les équipements ne sont pas assez bons. En tout cas, il faut saluer son courage », ajoute encore Monamoduo.
D’autres trouvent que l’expédition relève de la blague : « Les cuisiniers qui ne veulent pas devenir pilotes ne sont pas des bons patriotes », écrit avec humour par exemple un certain Qiu Huiping.
« Que fait un cuisinier à Diaoyu ?, se demande également Kao Laguanchao. Il n’a pas trouvé de poisson sur le marché ? » (« Diaoyu dao » signifiant en mandarin « l’île où l’on pêche les poissons »)
« Il s’agit probablement d’un ballon made in China », ajoute sur le même ton Gen Bushang Shai Dai.
« Comment se fait-il que la zone d’identification aérienne de la Chine n’ait pas permis de le repérer ? », feint de s’interroger Carzyleshem. Une allusion à la nouvelle zone aérienne et de défense mise en place par Pékin en mer de Chine orientale le 23 novembre dernier et qui a fait couler beaucoup d’encre depuis.
Un comble pour les nationalistes en Chine
Enfin, il y a ceux qui ont le clavier plus critique. Yi Daofeiyu regrette que ce ne soit pas les Chinois qui soient allés le récupérer après son amerrissage forcé. Le cuisinier a en effet appelé dans un premier temps les garde-côtes taïwanais qui ont relayé son appel au secours auprès des Japonais. Au final, c’est un hélicoptère nippon qui est venu sauver cet aventurier chinois. Le cuisinier a été remis à la police maritime chinoise mercredi soir.
« A cause de lui, les Japonais apparaissent comme des sauveurs », critique Na Goudeguaimaozi. Rang Aa va même plus loin : « Il s’agit d’un déshonneur pour la Chine, il faut absolument le rejeter à la mer pour qu’il se sauve lui-même », écrit cet abonné au réseau social Sina Weibo. Beaucoup d’autres enfin s’en prennent aux Taïwanais, qui selon eux auraient dû intervenir sans passer par les Japonais.
Ce nouvel incident intervient dans un contexte tendu entre la Chine et le Japon. Le ton est encore monté avec des dirigeants chinois qui refusent de rencontrer le Premier ministre japonais.
Le 31 décembre au soir, le porte-parole de la diplomatie chinoise a eu effectivement des mots très durs à l’encontre de Shinzo Abe. Les dirigeants chinois refuseront désormais de le rencontrer et il n’est pas le bienvenu en Chine, a fait savoir en substance le ministère chinois des Affaires étrangères. Cette réaction fait suite à la visite du Premier ministre nippon au sanctuaire de Yasukuni, qui rend hommage notamment aux fonctionnaires et militaires condamnés pour crimes de guerre après 1945. Un acte perçu comme une provocation par Pékin et Séoul.
Source : RFI