La Cour pénale internationale de La Haye a autorisé ce vendredi 18 octobre le président kényan Uhuru Kenyatta à ne pas assister à l’ensemble des audiences de son procès pour crimes contre l’humanité. Le président Kenyatta devra en revanche impérativement assister à certaines audiences, dont celle qui ouvrira son procès, le 12 novembre prochain.
L’autorisation donnée au président Uhuru Kenyatta a « pour seul but de concilier ses fonctions exigeantes en tant que président du Kenya » avec le déroulement de la procédure, a souligné la Cour pénale internationale dans un communiqué. Selon les conditions posées par les juges, Uhuru Kenyatta devra cependant être présent physiquement lors de certaines audiences : à l’ouverture du procès, le 12 novembre, ainsi que pour les déclarations finales, le prononcé du jugement et dans le cas où des victimes viendraient s’exprimer devant la Cour.
Un appel du procureur possible
Le vice-président kényan, William Ruto, avait bénéficié en juin d’une autorisation identique. Mais suite à l’appel interjeté par le procureur, cette décision avait été suspendue. Le procès de William Ruto s’est ouvert le 10 septembre, avant d’être suspendu pour lui permettre de rentrer au Kenya afin de gérer la crise provoquée par l’attaque du Westgate.
Uhuru Kenyatta n’est donc pas à l’abri d’un tel recours. « En règle générale, il y a un délai de cinq jours ouvrables pour que le bureau du procureur puisse présenter une demande pour être autorisé à interjeter appel », a précisé Fadi el-Abdallah, le porte-parole de la CPI.
Le week-end dernier, lors du sommet d’Addis-Abeba, l’Union africaine avait demandé l’ajournement du procès des deux dirigeants kényans. Mais la CPI se défend de toutes considérations politiques dans sa décision. « La Cour est une institution judiciaire (…) La demande de monsieur Kenyatta a été faite plus tardivement que celle de monsieur Ruto, et c’est pour cela que la décision, naturellement, vient plus tard. Mais le calendrier est fixé par les juges par les besoins de chaque affaire, et non pas par aucune considération politique externe au dossier qui est présent devant les juges », a insisté le porte-parole.
Le soutien de Jacob Zuma
Par ailleurs, Uhuru Kenyatta vient de recevoir un soutien de poids, en la personne de Jacob Zuma. Interrogé par France 24 ce vendredi, le président sud-africain a en effet estimé que son homologue kényan ne devrait pas « aller devant la Cour parce que ça veut dire que personne ne prête attention au point de vue des Africains ». « Les deux leaders ont beaucoup œuvré [au Kenya] pour les gens qui se battent, au point que ceux-ci les ont élus. Il faut en tenir compte », considère le président sud-africain.
La Cour pénale internationale avait décidé en 2012 de poursuivre, dans deux procès séparés, des membres de chacun des camps qui s’étaient affrontés après la réélection contestée du président kényan Mwai Kibaki fin 2007. Ces violences, qui avaient fait plus de 1 000 morts et plus de 600 000 déplacés, avaient été les plus graves de l’histoire du pays.
Source: RFIa