Au moins 25 arrestations ont été opérées ce mardi dans une demi-douzaine de provinces de Turquie lors d’une vaste opération de police visant à démanteler une filière locale d’al-Qaïda, et des réseaux de soutien aux groupes liés à al-Qaïda en Syrie. Parmi les suspects, des responsables d’une organisation humanitaire turque qui a été récemment associée à une nébuleuse affaire de trafic d’armes vers la Syrie.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le lancement de cette opération a suscité deux réactions quasi-immédiates, hier. Celle des responsables de l’association IHH d’abord. Ils ont dénoncé une campagne de dénigrement l’associant à la mouvance al-Qaïda. Puis celle, gênée, du gouverneur de Kilis, où se trouvaient les locaux d’IHH près de la frontière. Il a affirmé ne pas être au courant de l’investigation.
Ce sont en effet un procureur et des policiers de Van, à 500 kilomètres de là, qui ont effectué cette descente. Une descente qui a très rapidement mené au limogeage des deux directeurs de la Sûreté de ces provinces, sans doute pour avoir manqué de prévenir leur ministre de tutelle.
Les accusations sont en tout cas lourdes : collecte et distribution d’argent, et accueil et transfert de combattants armés, tous deux destinés aux groupes liés à al-Qaïda en Syrie. L’un des plus hauts responsables de la multinationale terroriste pour le Moyen-Orient, Ibrahim Sen, ancien détenu de Guantanamo, et son chef pour la Turquie ont été placés en garde à vue, parmi d’autres. Beaucoup de matériel informatique a également été saisi.
S’il est avéré depuis plusieurs mois que des armes ont bien été livrées aux jihadistes syriens, ce serait la première fois qu’une organisation turque, en outre réputée proche du pouvoir, est impliquée dans une aide directe à la branche syrienne d’al-Qaïda.
rfi