A deux jours du premier anniversaire de la mort de Chokri Belaïd, son assassin présumé a également été tué. Kamel Gadhgadhi est mort dans une opération antiterroriste menée par la Garde nationale tunisienne, a annoncé le ministre de l’Intérieur ce mardi 4 février. Six autres « terroristes » ont perdu la vie. Les forces de l’ordre ont aussi perdu un homme, et un autre gendarme a été blessé.
« C’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire aux Tunisiens. » Ces mots sont signés Lotfi Ben Jeddou. A l’issue d’affrontements meurtriers survenus au nord de Tunis, le ministre de l’Intérieur tunisien a affirmé lors d’une conférence de presse que la Garde nationale (gendarmerie) était parvenue « à tuer sept terroristes très armés », dont Kamel Gadhgadhi.
Selon le ministre, pour l’instant « les analyses ont dévoilé l’identité » de cinq des sept terroristes présumés tués pendant l’opération. Ceux-ci sont présentés comme des membres d’Ansar al-Charia, tout comme M. Gadhgadhi, désigné sans précaution d’usage par le porte-parole du ministère comme l’assassin de Chokri Belaïd. Il faut préciser que l’enquête sur cet assassinat politique n’est pas terminée.
Forte résistance
L’opération de la Garde nationale a débuté le lundi 3 février, lorsque les gendarmes ont assiégé une maison du quartier de Raoued, à Tunis. Des échanges de tirs nourris se sont prolongés jusqu’à mardi, vers 11 h. Outre les sept morts dans le camp d’en face, les hostilités ont également coûté la vie à un gendarme. Un autre membre de la Garde nationale a par ailleurs été blessé.
Dans une mise en scène jugée dérangeante par certains, le ministère de l’Intérieur a projeté ce mardi des images de l’opération, notamment des gros plans sur les corps des terroristes présumés. Parmi les photos de ces hommes abattus par les forces de l’ordre, celle de Kamel Gadhgadhi, étendu sur le sol la tête tournée vers le ciel. Il portait une ceinture d’explosifs, est-il précisé.
Le ministère met en avant d’autres explosifs, des armes et de l’argent retrouvés sur place ainsi que sur les victimes. Les autorités, qui disent avoir voulu éviter une effusion de sang, ont dû faire face à une forte résistance après avoir demandé aux personnes assaillies de se rendre.
Lotfi Ben Jeddou se rattrape
Secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU), Chokri Belaïd avait été assassiné par balle à la sortie de son domicile, le 6 février 2013. La mort de cette figure de l’opposition laïque de gauche avait profondément ému la Tunisie, plongeant le pays dans une profonde crise politique, avant l’adoption, la semaine dernière, d’une nouvelle Constitution.
Après l’assassinat d’un second opposant politique, à savoir le député de gauche Mohamed Brahmi, en juillet 2013, Lotfi Ben Jeddou avait été très critiqué. Il était déjà ministre de l’Intérieur. Son maintien dans le nouveau gouvernement tunisien a été condamné par les veuves des deux opposants assassinés et par de nombreux députés.
Soupçons
Le PPDU, le parti de Chokri Belaïd, n’applaudit pas la mort de l’assassin présumé de son leader. La mort de Kamel Gadhgadhi risque de freiner un peu plus l’enquête sur l’identité des commanditaires de l’assassinat. Mohamed Jmour, le vice-secrétaire général de ce parti soupçonne même certains services de l’Etat de vouloir empêcher que la vérité sur la mort de Chokri Belaïd apparaisse.