Ce sont des femmes, fait rarissime dans un cimetière musulman, qui ont porté le cercueil recouvert du drapeau national. Pour Mennel, elle était un symbole : « Lina Ben Mhenni était l’amie de tout le monde. Lina était présente dans toutes les manifestations depuis 2009, première manifestation contre Ben Ali parce qu’ils ont détenu des étudiants. »
Une lutte qu’elle alimentait sur internet et les réseaux sociaux par des prises de position, des témoignages, des vidéos. Emtiez Bellali la connaissait bien : « Lina, c’est la voix de tout le monde. Elle essaie de parler pour ceux qui ne peuvent pas passer leurs voix. Elle rêve, et elle réalise ses rêves. Aujourd’hui, on a enterré notre fille, notre soeur, notre copine. »
Anonymes, militants, personnalités politiques de gauche, plus de mille personnes l’ont accompagnée jusqu’à sa dernière demeure.
Lotfi ben Achour la considère avant tout comme un être singulier : « J’imagine, on a du vous dire tous les combats qu’elle a menés. Mais ce qui me frappait chez cette personne, c’est l’évidence du combat. C’est-à-dire qu’elle était dans une cohérence absolue entre ce qu’elle est, ce qu’elle pense et ce qu’elle a mis en oeuvre dans sa vie. Elle ne supportait aucune injustice. Elle avait un sens très profond de la liberté et de la dignité des gens. Elle est dans une grande cohérence qui fait qu’on ne peut pas imaginer qu’elle ait pu avoir une autre vie que celle-là. »
Parmi ses derniers combats réussis, l’accès à la lecture pour les détenus à travers l’installation de bibliothèques pour lesquelles elle avait récolté 15 000 livres.
rfi.fr