La Commission nationale des droits de l’homme observe avec intérêt les évènements de la crise sociopolitique du Mali. Suite aux évènements du 10 juillet portant atteinte aux droits de l’homme, elle se mobilise pour restaurer les droits. C’est dans un entretien que le président de ladite institution nous a fait part de sa préoccupation de la grave situation.
Tirs à balles réelles, vandalisme et pillage des services publics ont caractérisé la dernière manifestation de M5-RFP, le 10 juillet, dont les évènements se sont poursuivis quelques jours après. Cette crise sociopolitique très inquiétante ne laisse personne indifférent, surtout les défenseurs des droits de l’homme.
Suite à ces évènements malheureux, la Cndh, l’institution nationale des droits de l’homme, dans sa mission de veille et de protection des droits, se mobilise. Approchée par nos soins, le président de la Cndh s’est prononcé sur les faits et annonce des enquêtes.
« Depuis qu’on a constaté qu’il y a eu mort d’homme, ce que nous qualifions d’atteinte à la vie, est une violation des droits de l’homme. Nous avons commencé une mission de monitoring sur le terrain », affirme le président de la Cndh, Aguibou Bouaré. Cette mission, explique-t-il, est une enquête pour situer les circonstances dans lesquelles ces violations sont intervenues. Elle vise à mesurer la gravité de ces violations, ajoute-t-il. C’est dans cette dynamique que la Cndh s’est rendue à la gendarmerie du Camp I, où certaines personnes avaient été gardées à vue en lien avec les évènements sociopolitiques.
Aux dires du président Bouaré, au cours de cette visite d’entretien avec les détenus et les agents chargés de leur sécurité pour d’éventuels cas de violation, l’équipe de la Cndh a été interdite de visiter les cellules des détenus. Cela, par les agents de sécurité qui affirmaient avoir reçu des instructions de leur hiérarchie. Toute chose contraire au mandat de la Cndh.
« Après l’entretien avec trois détenus, nous avons souhaité visiter les cellules dans lesquelles ces personnes étaient détenues. C’est en ce moment que on s’est buté au refus des agents », déplore M. Bouaré.
Toujours dans le cadre des investigations, la Cndh a rendu visite au président de la CMAS, l’autorité morale du M5-RFP pour vérifier les allégations de violations des droits de l’homme, explique Aguibou Bouaré, président de la Cndh. « Nous avons vu des impacts des balles sur une des portes d’entrée au niveau de sa mosquée », témoigne-t-il. A ses dires, l’imam Mahmoud Dicko leur a montré des douilles de balles, des douilles des gaz lacrymogène.
A en croire M. Bouaré, avant d’en terminer avec le rapport sur les faits, il est prévu de passer dans les hôpitaux pour vérifier la présence des personnes blessées pour s’assurer des circonstances dans lesquelles ces personnes ont été blessées. Aussi, le siège du M5 où des saccages ont eu lieu fera l’objet de visite, selon le président. D’ores et déjà, l’Ortm et le siège du Haut conseil des collectivités territoriales ont été visités. Car, rappelle-t-il, tout cela constitue des violations, des atteintes des droits de propriété, des atteintes de sécurité, de l’intégrité physique.
A la suite de cette enquête, rassure le président Bouaré, la Cndh élaborera un rapport circonstancier sur tout ce qui s’est passé et sur tous les éléments dont elle dispose et pour saisir qui de droit à la nécessité de justice.
Pour lui, les droits de l’homme exigent également le combat contre l’impunité. A cet effet, la Cndh ne peut pas tolérer l’impunité. « Nous allons exiger qu’il y ait des suites juridiques et judiciaires pour toutes les violations qui ont été causées », déclare-t-il.
Avant de conclure, le président de la Cndh, Aguibou Bouaré a rappelé que le droit de l’homme n’a pas de coloration politique, ethnique. Il n’a pas non plus de discrimination à considérer. Les droits de l’homme sont des droits universels, insiste-t-il.
« J’en appelle le peuple malien à se donner la main. Il ne faut pas que cette crise soit une autre occasion de diviser encore les Maliens parce que déjà, il y a une division au nord sur les questions de souveraineté ; au centre il y a des divisions entre les communautés », conclut-il.
Soulignons que la Cndh, institution nationale chargée de la protection et de la promotion des droits de l’homme et de la prévention de la torture, a eu à tirer la sonnette d’alarmebien avant que les évènements ne commencent à dégénérer.
Oumar SANOGO
Source: ledemocratemali