Trois militaires français sont morts dans un “accident d’hélicoptère” en Libye où ils effectuaient une mission de renseignement, a annoncé mercredi le président François Hollande, confirmant ainsi pour la première fois la présence de soldats français dans ce pays.
“La Libye connaît une instabilité dangereuse. C’est à quelques centaines de kilomètres seulement des côtes européennes. Et en ce moment-même, nous menons des opérations périlleuses de renseignement” dans ce pays, a déclaré M. Hollande, commentant la situation sécuritaire aux portes de l’Europe.
“Trois de nos soldats qui étaient justement dans ces opérations viennent de perdre la vie dans le cadre d’un accident d’hélicoptère. Je leur rends hommage aujourd’hui devant vous”, a-t-il ajouté depuis le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier (Dordogne, sud-ouest).
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a déploré de son côté la “perte de trois sous-officiers françaisdécédés en service commandé en Libye” et salué le “courage et le dévouement de ces militaires (..) qui accomplissent, tous les jours, des missions dangereuses contre le terrorisme”.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est livrée aux milices armées et minée par des luttes de pouvoir et des violences qui ont favorisé la montée en puissance des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Les Européens s’inquiètent de cette menace directe sur le pourtour sud de la Méditerranée, même si l’EI – avec 1.000 à 1.500 combattants sur place selon une source militaire française – est sous la pression des forces du gouvernement d’union nationale dans son fief de Syrte (centre-nord).
– des “conseillers” –
Les Etats-Unis ont envoyé quelques forces spéciales afin de mieux connaître le terrain et identifier les différentes forces en présence. Leur rôle reste cantonné au renseignement, insiste toutefois le Pentagone.
La France reconnaissait jusqu’ici que ses avions militaires survolent le pays pour collecter du renseignement sur les positions de l’EI.
Elle n’avait en revanche jamais confirmé la présence de forces spéciales françaises en Libye, évoquée notamment par le quotidien Le Monde.
Un membre des forces spéciales du général Khalifa Haftar, basé dans l’est de la Libye, a déclaré à l’AFP que ces soldats étaient des “conseillers”.
Selon un commandant relevant du général Haftar, ils ont “probablement été visés par des groupes islamistes dans le secteur de Magroun, à environ 65 kilomètres à l’ouest de Benghazi” dimanche.
Le général Khalifa Haftar, chef proclamé de l’armée nationale libyenne (ANL), combat des groupes islamistes à Benghazi, principale ville de l’est du pays.
Il s’oppose toutefois toujours à l’autorité du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), soutenu par les Occidentaux et installé depuis fin mars à Tripoli, et est resté loyal aux autorités parallèles qui siègent dans l’est du pays.
Source: AFP