Le Mali souffre dans les tréfonds de son âme du fait d’actes posés par ses propres enfants. L’apathie est devenue la caractéristique principale du Malien. Il ne ressent plus rien. Il est dans la torpeur. Il est tétanisé par l’évolution en spirale de sa vie. Il voit le film de sa vie se dérouler sous ses yeux sans se sentir concerné ni impliqué. Le rubicond est franchi sans l’émouvoir, qu’il s’agisse de vidéo de corps calcinés, de têtes détachées du corps, de corps mutilés, de violences extrêmes, d’excès de langage ou d’atteinte grave aux mœurs et à nos valeurs sociétales.
A mon avis, tout cela résulte d’un traumatisme collectif subi depuis les événements de janvier 2012. A la violence de l’agression physique qui s’est abattue sur nous, se sont ajoutés les excès de toutes sortes dans la gestion de l’Etat : l’insouciance, la corruption inégalée, l’amateurisme sans pareil et la polarisation de la société et le péril sur l’existence même de la nation qui en ont résulté.
Cette gestion calamiteuse aura été l’estocade.
Qu’adviendra-t-il de nous désormais ? Allons-nous faire le sursaut nécessaire et reprendre notre destin en main ? Allons-nous nous laisser emporter dans les abysses de la destruction de notre nation ? Allons-nous jamais pouvoir nous remettre de notre condition ? Nous sommes à la croisée des chemins. C’est le moment plus que jamais de nous ressaisir, de sortir de notre torpeur et de dire : cela suffit !
Nous pouvons en effet décider de reprendre la main. Pour cela, je pense qu’au-delà des affinités politiques, professionnelles, confessionnelles, nous devons constituer une Grande Alliance pour sauver le Mali afin d’offrir un réceptacle à tous ceux qui ont le Mali à cœur et qui estiment que notre pays va à sa perte. Si l’idée devait faire du chemin, les initiateurs élaboreraient une Charte pour la sauvegarde du Mali.
Cette charte définirait notre dénominateur commun en tant que nation, des mesures urgentes pour stabiliser et redresser notre pays et la vision commune que nous nous faisons de notre avenir. La Charte identifierait également les principes et valeurs à promouvoir et les comportements nocifs à proscrire dans la gestion des affaires publiques.
La Grande Alliance pour sauver le Mali se donnerait comme mission de mobiliser les masses pour se dresser comme un seul homme/femme contre des choix hasardeux qui nous seront imposés et ayant une incidence directe sur la vie de la Nation. La Grande Alliance pourrait également faire signer des pétitions pour initier une action d’intérêt public ou pour porter un coup d’arrêt à une initiative qui irait contre l’intérêt public.
Une telle réflexion est née du constat de ce que tous les segments de la société sont en crise, au même moment chaque segment revendique de manière solitaire et isolée. Tant que nous fonctionnerons de cette manière, les défis ne sauraient être surmontés efficacement. La cause doit être commune et les moyens doivent être mutualisés. La loi du nombre importe pour produire les résultats. Tant que nous resterons divisés, les autres décideront de notre sort.
Qui pourrait être membre de la Grande Alliance pour sauver le Mali ? Peuvent en être membre toute personne physique, toute organisation de la société civile, toute organisation politique, toute organisation syndicale, toute organisation faitière d’opérateurs économiques, toute organisation religieuse ayant conscience que le Mali est en danger et qui veulent s’engager à trouver des solutions pour le stabiliser et le redresser. En signant la Charte, la personne physique ou morale concernée s’engagerait à respecter, sans réserve, les engagements y contenus.
C’est seulement en unissant nos forces que nous pourrions nous dresser comme le dernier rempart contre les excès, abus et dérives en tous genres.
C’est soit cela, soit demeurer dans notre torpeur pendant qu’on éviscère notre pays sous nos yeux.
Le plus tôt nous le ferons, le mieux ce sera eu égard aux importantes échéances à venir.
A bon entendeur salut!
Cheick Sidi Diarra
Ancien ambassadeur
Kelendji2@gmail.com
Source: L’Indicateur du Renouveau