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Transport fluvial à Gao : LES TEMPS SONT DURS POUR LES PROPRIÉTAIRES DE PINASSES

Le transport fluvial dans notre pays se pratique sur les fleuves Niger et Sénégal. Ces moyens de transport  sont, entres autres, les bateaux, les pinasses et les pirogues. Le voyage par bateau sur le fleuve Niger prend son départ à Koulikoro pour s’achever à Gao. Mais, tous les prétendants n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour l’emprunter. L’embarquement se fait en période de crue. Le voyage en bateau est sécurisé, mais coûte très cher. Dans le bateau, on y trouve des équipements de sauvetage et des extincteurs. Quant à la pinasse, elle navigue pratiquement 6 mois durant allant de Gao pour relier Bamba jusqu’à Mopti dans les deux sens. Les pinasses ne disposent d’aucun moyen de sauvetage en cas de chavirement. Elles peuvent contenir plusieurs tonnes sans compter les passagers qui montent à bord. Les pinasses à deux moteurs de 4 cylindres consomment entre 350 à 400 litres de gasoil en aller et retour entre Bamba et Gao.

La confection d’une pirogue de 40 tonnes à Mopti peut coûter 4 millions de Fcfa sans le moteur. Actuellement le prix de transport en pinasse d’un passager entre Gao et Bamba coûte 5000 Fcfa y compris le repas et c’est un voyage qui dure une nuit et une journée sur le fleuve. Le transport d’une tonne de céréales entre Gao et Bamba en pinasse s’élève à 12500 Fcfa et un sac à 2000 Fcfa pour la même distance. Le porte-parole du syndicat des transporteurs fluviaux de Gao, Yéhia Aboubacrine Maïga et propriétaire de deux pinasses de 25 à 60 tonnes se plaint du fait que les pinasses n’ont pas d’espace sur le quai pour accoster. Il assure que tous les propriétaires paient chaque année 3000 Fcfa de taxe pour chaque pinasse sans compter l’argent qu’ils paient pour les marchandises.

«Depuis 2006, l’Etat a promis de trouver une solution pour notre situation, mais jusqu’à présent nous n’avons pas eu gain de cause. Chaque instant, nous pouvons être chassés d’ici par les autorités communales et pourtant nous payons nos taxes», détaille M. Maïga. Il ajoutera que les propriétaires des pinasses avaient sollicité les autorités pour leur offrir des équipements de sauvetage, mais nous sommes restés sans réponse. «Malgré cela, nous continuons à voyager avec des risques qui peuvent souvent être provoqués par des vents ou des pierres. «Pour le problème des pierres et de l’ensablement du trajet, nous avons demandé aux autorités de nous fournir des balises afin que nous les placions dans les zones impraticables, car nous connaissons mieux qu’eux les trajets dangereux», assure-t-il.

Abdoul Karim Maïga est un propriétaire d’une pinasse de 40 tonnes. « Dans les années 1984, j’ai commencé à faire le transport fluvial à l’aide d’une pirogue que je perchais moi-même. Aujourd’hui, j’ai une pinasse de 40 tonnes. Avec cette pinasse, j’ai construis des maisons en banco et j’ai acheté une voiture. Durant toute la crise de 2012, nous n’avons pas rencontré de problème entre Gao et Bamba. Mais quant nous continuons vers Zorhèye dans le cercle de Gourma Rharous (Région de Tombouctou), nous rencontrons des check points avec des hommes en uniforme qui nous rackettent. Ils nous soustraient de l’argent et rançonnent aussi nos passagers. Nous prions l’Etat de mettre fin à cette situation».

Mahamar Nouhou est aussi propriétaire d’une pinasse de 25 tonnes. «Depuis 20 ans, je suis dans le transport fluvial et chaque année, je paie la taxe pour ma pinasse mais j’ai du mal à accoster la seule pinasse que je possède. Selon lui, l’Etat doit trouver la solution». Le commandant du 7è groupement de la garde nationale de la Région de Gao, Oumarou Berthé, propose aux transports fluviaux des chambres à air ou des bidons de 20 litres bien bouchonnés qu’ils peuvent utiliser en cas de chavirement de leurs pinasses ou des pirogues. Le directeur régional de la protection civile de Gao, le commandant Tikirou Daou, dira que le rôle de la protection civile en cas de chavirement d’une pinasse est de secourir les passagers. La protection civile ne donne pas d’équipements de sauvetage ou d’extinction, mais elle les vend et forme les usagers sur les pratiques de nage ou d’utilisation des extincteurs.

Le 2è adjoint au maire de la commune urbaine de Gao, Yacouba Maïga, a tenu à préciser  que sa cité est une commune urbaine et non un village et que ses berges doivent être construites pour rendre les lieux plus vivables. Aujourd’hui, les berges du fleuve de la commune Gao sont polluées par l’accostage des pinasses, a constaté Yacouba Maiga. Moins catégorique que son collègue, le régisseur de la commune urbaine de Gao, Saly Aly Maïga, dira que les taxes d’embarcation annuelle sont payées de façon périodique. «C’est à partir de la crue que nos agents collectent les taxes d’embarcation qui coûtent 3000 Fcfa par pinasse. A la date du 29 octobre 2018, sur un millier de pinasses, c’est seulement une dizaine de propriétaires de ces embarcations qui a payé ses taxes», précise-t-il.

Abdourhamane

TOURÉ

AMAP-Gao

Source: Essor

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