Nonobstant l’optimisme affiché par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), eu égard à quelques avancées réalisées dans le cadre de la Transition, la situation de notre pays est loin de s’arranger. Parmi les ‘’demandes irréductibles’’ extensibles et changeantes de la CEDEAO, l’une ressemble très fort à une mise à prix de la tête du Président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) et Vice-Président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA qui doit être remplacé par un civil bon teint.
Le Représentant Permanent de la CEDEAO au Mali, le Pr Hamidou BOLY a été reçu par le Chef de l’État, Bah N’DAW, en présence du Vice-président, le Colonel Assimi GOITA. Il ne s’agissait pas que des salamalecks. Derrière les égards, il y avait de la rigueur, sinon de l’intransigeance. Ce qu’on appelle une main de fer dans un gant de velours. En effet, selon un communiqué officiel de la présidence de la République, le Pr BOLY était porteur d’un message du Médiateur de la CEDEAO pour le Mali, M. Goodluck JONATHAN. C’est une officielle relative aux mesures pour la levée des sanctions contre le Mali qu’il était venu remettre au Chef de l’État. Parmi les recettes prodiguées à notre pays, dans cette lettre, il se trouve que les chefs militaires doivent encore satisfaire la demande de la CEDEAO d’un civil à part entière comme vice-président et quels seraient ses rôles au sein du gouvernement. Or, depuis le vendredi 25 septembre dernier, date de la prestation de serment du Président et du Vice-Président de la Transition, une confusion est savamment entretenue sur le rôle du Vice-Président. Pour la CEDEAO, la donne est claire : autant elle ne s’attaque pas à la décision souveraine des concertations nationales de désigner un Vice-Président ; autant elle est intraitable sur sa mission. Pour la CEDEAO, le Vice-Président n’aura qu’à s’occuper des questions de défenses et qu’en aucun cas, il ne devrait succéder au Président de la Transition. C’est ce qu’exprimait lundi le Président nigérian Muhammadu Buhari qui a déclaré qu’avec environ les deux tiers du Mali actuellement sous occupation par des terroristes, « la priorité des militaires devrait être de sécuriser leur pays » plutôt que de conserver le pouvoir.
Maintenant les choses se gâtent. La CEDEAO ne cherche plus à canaliser les velléités pouvoiristes du chef de la junte flanqué aux côtés du Président de la transition, elle demande à présent qu’il dégage purement et simplement et qu’il soit remplacé par un civil bon teint. Et ce n’est pas tout, puisque le CEDEAO tient à ce qu’on précise quels seraient les rôles de ce Vice-Président au sein du gouvernement. Il faut noter qu’elle parle de ‘’Gouvernement’’ et non de la présidence. Dans le langage diplomatique, rien ne relève du hasard.
Pour ce qui est du projet d’éjection du Vice-Président, le colonel Assimi GOITA, les propos du Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, lors de son point de presse du 25 septembre, étaient prémonitoires : « on n’a pas envie de se réveiller dans trois mois, trouver un militaire à la tête de l’État ».
À quoi peut-on s’attendre au regard de l’évolution récente de la position de la CEDEAO ? Au cours du mini-sommet tenu au Ghana, elle avait menacé notre pays d’un ‘’embargo total’’. Il faut rappeler que le pays respire encore un peu en raison de la dispense accordée sur les produits pétroliers, pharmaceutiques, les produits de première nécessité. L’embargo total rimerait avec l’étouffement total du pays.
Il y a aussi que le Président BUHARI a conseillé à l’Envoyé spécial de présenter un rapport officiel au nouveau président de la CEDEAO, le président Nana Akufo-Addo du Ghana, «qui nous écrira ensuite officiellement, et nous déterminerons ensuite les prochaines étapes ».
Va-t-on persister dans la voie qui ne paraît jusque-là pas très salutaire ? A-t-on une vision nette de l’intérêt général en cette période de crise profonde ?
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN