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TRANSITION : Ces défis économiques à relever

L’une des tâches du président et du gouvernement de la transition sera de relever une économie mise à mal par les conséquences désastreuses de la corruption, de la pandémie de la Covid-19 et de la crise sociopolitique dont le dénouement a été la démission forcée du président Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2020. Les sanctions prises par la suite par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont économiquement enfoncé le pays. Et cela malgré que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a continué ses opérations via ses trois agences maliennes de Bamako, Sikasso et Mopti.

Déjà sérieusement affectée par la pandémie du coronavirus et de la crise sociopolitique, les sanctions imposées au Mali (au lendemain de la prise du pouvoir par le Comité national pour le salut du peuple-CNSP) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont eu un effet catastrophique sur l’économie malienne. Ainsi, selon des sources proches du ministère de l’Economie et des Finances, notre pays n’a pas pu lever 60 milliards de F Cfa sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (UEMOA) entre août et septembre. Et une note de la Bcéao montre que le commerce malien a chuté de 16,7 % durant la même période. Ainsi, le pays ne doit sa survie économique qu’au fait que la Bcéao a continué ses opérations via ses trois agences à Bamako, Mopti et Sikasso.

Ainsi, les nouvelles autorités de la transition devront faire face à plusieurs défis économiques pour relancer le pays. Au-delà de la stabilisation sociale et politique du pays, il leur faudra redonner confiance aux différents secteurs économiques. Ce qui, selon de nombreux observateurs, ne sera pas «une tâche qui n’est pas gagnée d’avance».

A leur avis, la première chose à faire est de regagner la confiance des donateurs internationaux. Leurs différentes contributions ont soutenu la croissance du produit intérieur brut (PIB) du pays entre 5 et 6 % au cours des récentes années. «Bah N’Daw a collaboré avec la France en sa qualité de militaire et de ministre éphémère de la Défense. Mais il a des attaches personnelles avec la Russie, un partenaire qui avance à grands pas en Afrique», rappelle l’agence Ecofin.

Sans ce soutien des donateurs, le Mali continuera de connaître une profonde crise sociale. Ainsi, sur une base purement mathématique, le PIB par habitant est de 2471 dollars par an, soit environ 1,4 million de francs CFA par an. Mais la redistribution effective de la richesse créée est légèrement différente. En  effet, selon les données disponibles sur le site de l’Institut national des statistiques, le seuil de pauvreté qui est de 177 000 FCFA de revenus par an est atteint par 46 % de la population.

L’économie malienne est peu diversifiée du point de vue des exportations. Les ventes d’or brut ont représenté environ 85 % des exportations en 2019 et au cours du premier trimestre 2020. La production agropastorale qui a représenté près de la moitié du PIB au cours des deux dernières années reste faiblement représentée dans le commerce international.

Aussi, ce secteur occupe une part importante de la main-d’œuvre du pays, à l’exclusion des autres secteurs. Dans une telle configuration, les importations du Mali représentent deux fois ses exportations. Ce qui le met en situation de déficit extérieur chronique.

L’autre grand défi du pouvoir de la transition est le maintien des grands équilibres du budget avec des revendications populaires qui risquent de revenir avec force, une fois que l’euphorie de la victoire du peuple va passer. Et surtout après l’accord sur l’application de l’article 39 pour calmer la Synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016 (avec une incidence financière annuelle estimée à plus de 58 milliards de F Cfa) et les avantages énormes accordés aux magistrats par le défunt régime au moment de son agonie. Or structurellement, le gouvernement malien ne dispose que d’un budget limité, en raison d’un faible niveau de taxation aussi bien des individus que des entreprises.

La dernière ligne de confiance à restaurer est celle des relations avec le secteur financier. Et cela est d’autant important que le pays a d’énormes difficultés à lever des financements sur le marché des capitaux de l’UEMOA à des taux intéressants ces derniers mois. Cela ne serait possible que grâce à une inflation (hausse des prix) maitrisée au sein de l’économie et une situation gérable de la dette. Investi le vendredi dernier (25 septembre 2020), le président Bah N’Daw sait sans doute à quoi s’en tenir. Et le choix de Moctar Ouane comme Premier ministre prouve sans doute qu’il a trouvé la meilleure approche pour faire à tous ces défis qui doivent être abordés tous comme une priorité.

Kader Toé

 Source: Le Matin

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