Dimanche 9 janvier, les chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont rendez-vous à Accra au Ghana. Un double sommet extraordinaire sur le Mali pouvant déboucher sur d’éventuelles sanctions contre le gouvernement de transition et la junte au pouvoir. Alors qu’il y a quelques jours, la réaction d’ADO au chronogramme faisait du bruit, retour sur le position de la Côte d’Ivoire sur le Mali, un pays avec lequel elle a tissé de fortes relations de longue date.
Les Présidents de la communauté ouest-africaine se portent au chevet du Mali, au cours d’un sommet extraordinaire ce 9 janvier dans la capitale ghanéenne. Au centre des réflexions, la décision de prolongation de la transition jusqu’en 2025. Référendum constitutionnel en mai 2023, élection locale en juin2024 et élections sénatoriales et législatives en mai 2025, ce sont là dates phares.
Si certains médias ont rapporté l’hostilité d’ADO à cette chronologie, une source proche du gouvernement ivoirien précise : «le Président est attaché à son amitié avec le Mali, et il soutient la transition démocratique.
Néanmoins il faut être réaliste , il est difficilement imaginable qu’un tel chronogramme ne soit pas sanctionné par la communaute internationale »; en effet, il est logique que le Président ivoirien, qui espérait une transition la plus courte possible et un chronogramme assez raisonnable pour des élections en 2022, leur exprime tout de même sa désapprobation.
La décision de prolongation de la transition est une véritable surprise pour les amis du Mali et toute la communauté internationale et a le don d’indisposer dans maints palais présidentiels de la région ouest-africaine où on espérait un «retour à l’ordre constitutionnel» au plus vite. Depuis, il se susurre l’éventualité des sanctions, notamment économiques, contre Assimi Goïta et les siens. A Accra ce dimanche, le voile sera peut-être levé là-dessus.
ADO, fervent défenseur du peuple Malien
Selon les indiscrétions, ADO fait en effet partie des dirigeants de l’espace ouest-africain à prêcher auprès de ses pairs l’indulgence et la flexibilité à l’égard de la junte depuis le putsch de mai 2021, pour lui laisser une marge de manœuvre au préalable. Une tâche qui n’aura pas été une sinécure au regard de la résistance légitime de bien des dirigeants, mais qui a abouti jusqu’ici à l’ajournement des sanctions automatiques liées aux coups d’Etat. Durant toute l’épreuve subie par le Mali, Alassane Ouattara aura été solidaire de ce peuple frère, voisin et ami.
«Le Mali est comme l’autre patrie d’ADO ; il lui est redevableet ne peut pas lui vouloir du mal» déclare un proche du president ivoirien; Ce fidèle des fidèles du Président ivoirien, qui a préféré garder l’anonymat, faisait là allusion aux services rendus par ce pays à son mentor durant ses années de tribulations au sein de l’opposition -2002 à 2008-, en accueillante en exil sa famille génétique et plusieurs cadres de son parti, le Rassemblement des républicains (RDR). Ouattara n’a pas manqué de le rappeler à ses interlocuteurs maliens lors de la rencontre du 3 janvier dernier. Au-delà d’être un pays frontalier, le Mali est sans doute l’autre patrie d’ADO, tout comme le Burkina Faso.
La coopération entre la Côte d’Ivoire et le Mali est de vieille date et aura été assez bien entretenue sous la présidence de Ouattara. L’une des dernières manifestations de cette coopération et de la loyauté du Président ivoirien, le ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération, Abdoulaye Diop, a transmis, le 4 août 2021 à Abidjan, au Premier Ministre ivoirien Patrick Achi, un message de gratitude et de reconnaissance au Président de la République, Alassane Ouattara, pour la compréhension et l’écoute dont il a fait preuve envers le Mali depuis 2012.