La Cédéao somme la junte d’engager immédiatement une transition civile pour une durée de 12 mois au Mali. A Kati, les membres du Comité national pour le salut du peuple peine à créer un cadre d’échange entre les acteurs afin de répondre favorablement ou non aux exigences de l’organisation sous-régionale. Cette perte de temps risque de coûter cher à notre pays déjà sous embargo.
Au sortir du sommet extraordinaire virtuel consacré à la crise politique dans laquelle le coup d’Etat du 18 août 2020 a plongé le Mali, les chefs d’Etat de la Cédéao ont pris plusieurs décisions. Le sommet prend acte de la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita, prend acte de la libération du président Kéita ainsi que celle des autres officiels détenus.
Par contre, le sommet demande aux responsables du CNSP d’engager une transition civile immédiatement en consultation avec la Cour constitutionnelle, les partis politiques et les organisations de société civile et tous les autres acteurs engagés.
Pour la Cédéao, cette transition civile doit prendre en compte les éléments suivants : nomination d’un président de la transition. Cette personnalité, civile, reconnue pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, sera chargée de diriger la transition. Le président de la transition ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
Le sommet exige aussi la nomination d’un Premier ministre civil, chef de gouvernement, reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale. Il sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du président de la transition. Ce Premier ministre ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
La mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles dans un délai de 12 mois est également recommandée.
Cependant, pour l’organisation sous-régionale, aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition. Du côté de la Cédéao, pas question de lever les sanctions avant la mise en œuvre de ses recommandations.
Si les regards sont tournés vers Kati, la junte peine à clarifier sa position. Voulant s’emparer de la présidence de la transition à travers son fameux acte faisant du président du CNSP chef de l’Etat d’office, le CNSP confirme le doute des politiques. L’Acte fondamental unilatéralement adopté par elle a été un acte de discorde entre les militaires et la classe politique qui doute de l’intention réelle des hommes forts installés à Kati. Une posture qui contredit carrément les premières déclarations de la junte après le coup d’Etat du 18 août 2020. Dans ce climat de méfiance, la junte peine désormais à mobiliser les acteurs pour dégager une feuille de route de la transition.
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