Après avoir vainement cherché du travail conformément à son diplôme de comptabilité, il a opté pour la fabrication de ces matériaux utiles pour les différents usages
Ségou à l’instar des autres régions du pays est confrontée à la problématique de la gestion des déchets plastiques. Véritable symbole de l’agression de l’homme sur la nature, ils font partie intégrante de notre quotidien et menacent l’équilibre de nos écosystèmes et la santé de nos populations. Les rues, les marchés, les trottoirs, les berges du fleuve Niger et les caniveaux ont pris des allures de poubelle à ciel ouvert.
De nombreux jeunes font preuve d’ingéniosité et d’originalité en transformant des obstacles en opportunités. C’est le cas de Soungalo Bourama Dao qui a jeté son dévolu sur le secteur du recyclage. Âgé de 37 ans, le jeune entrepreneur et fondateur de l’association «Faso Saniya» tente de pallier à cette problématique de pollution qui pèse lourdement sur la santé de nos concitoyens.
Avec une dizaine de jeunes apprentis, Soungalo Bourama Dao s’emploie au quotidien à donner une seconde vie aux déchets plastiques qui pullulent un peu partout dans la Cité des Balanzans.
Pourtant, à l’origine, rien ne le prédestinait à exercer dans le secteur du recyclage des déchets plastiques. Après moult tentatives pour décrocher un emploi dans une entreprise de la place sans succès, le titulaire d’un brevet de technicien en Comptabilité finit par se convaincre que son avenir est ailleurs.
En 2011, Soungalo Bourama Dao s’envole pour le Burkina Faso afin de suivre une formation en transformation des déchets plastiques. à son retour au bercail, il exerce diverses activités comme commerçant de friperie et de prêt-à-porter et agent collecteur d’épargne. Il abandonne ses premières activités pour finalement s’installer à son compte en créant l’association «Faso Saniya» sise au quartier Darsalam. Celle-ci lutte contre la pauvreté et le chômage à travers la transformation des sachets plastiques en pavés, la fabrication de savon et la formation des jeunes.
Pour mettre sur pied son association et faire découvrir au public ses produits, Soungalo Bourama Dao s’est forgé un mental d’acier. Notre entrepreneur s’approvisionne auprès des hommes et femmes qui collectent des déchets plastiques dans différentes communes de la ville de Ségou.
Le kilogramme de sacs en plastique de couleur noire lui est vendu au prix de 75 Fcfa et 100 Fcfa pour le kilogramme de sacs de couleur blanche. Le jeune Soungalo n’hésite jamais à retrousser ses manches pour se procurer la matière première. «Dès l’apparition des premiers rayons du soleil, je pars collecter des sachets plastiques que je mets ensuite dans des sacs avant de les stocker», dit-il.
Comment transforme-t-il les déchets plastiques en pavés ? Soungalo Bourama Dao répond qu’une fois collectés, les sachets, bouteilles et emballages plastiques sont lavés et séchés. Ils sont ensuite fondus dans une machine. La pâte obtenue est ainsi mélangée avec d’autres composants, avant de passer dans les moules. Le sable peut être utilisé ou non dans la fabrication de pavés, a révèle-t-il.
Selon l’entrepreneur, les pavés de forme hexagonale produits à base de déchets plastiques résistent à l’usure du temps. «Les tests ont démontré qu’ils sont plus résistants que ceux produits en béton et les camions de 50 tonnes peuvent rouler sur nos pavés», se félicite-t-il. Les clients apprécient les pavés écologiques du jeune entrepreneur qui sont utilisés pour le revêtement de l’entrée de maisons, de rues, de jardins, etc.
Le pavé est proposé au prix de 400 Fcfa l’unité et 5.000 Fcfa le mètre carré. Quant à la production journalière, elle est de 1.000 pavés. Grâce à cette activité, Soungalo Bourama Dao contribue aux dépenses familiales. Cependant, le jeune entrepreneur qui défend la cause environnementale évolue jusqu’ici sur fonds propres. Ses efforts pour s’équiper convenablement ont été vains faute de financement. Ses revenus ne lui permettent pas encore de faire grandir son entreprise.
Dans le but de favoriser les partenariats public-privé, Soungalo Bourama Dao a rencontré les différents maires de Ségou. Ces initiatives sont restées sans suite. Et pourtant, il souligne que son objectif est d’aider les autorités régionales à lutter contre l’insalubrité par la valorisation des déchets plastiques. Notre interlocuteur estime que le pavage des rues à un bénéfice réel sur la santé publique, la réduction des poussières et le drainage des eaux.
Son désir ardent est de bénéficier d’un appui financier afin de se doter de machines adaptées pour la fabrication des tables-bancs et des casques de sécurité à partir des déchets plastiques. Le jeune Soungalo ambitionne aussi d’accroître sa capacité de production en pavés et partager son savoir-faire avec le maximum de jeunes. «à cœur vaillant rien d’impossible», a-t-on coutume de dire.
Il y a quelques semaines, le jeune entrepreneur a reçu la visite d’une délégation de la direction régionale de l’assainissement, du contrôle des pollutions et nuisances (DRACPN) et de l’ONG Stop-Sahel. Ce dernier entend appuyer Soungalo Bourama Dao pour l’acquisition d’équipements nécessaires pour prospérer à long terme. Le jeune Soungalo a aussi été contacté par l’ANPE-Ségou pour former des jeunes à Niono sur les techniques de recyclage des déchets plastiques.
Afin d’apporter sa contribution au bien-être de la société et à la création d’emplois, Soungalo Bourama Dao sollicite l’appui des autorités. À tous ces jeunes, qui veulent emboîter ses pas, il leur demande de persévérer, de croire en eux, d’être passionnés et de développer la culture entrepreneuriale.
Mamadou SY
Amap-Ségou
Source : L’ESSOR