Le Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM) a animé, hier mercredi 16 mars, à son siège, sis à la zone industrielle, une conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale sur la mesure visant à fermer le marché chinois aux opérateurs économiques maliens. Les conférenciers étaient Cheick Oumar SACKO (président du SYNACODEM) ; Samba SIBY (1er vice-président du SYNACODEM) ; Bamba KANADJI (2e vice-président du SYNACODEM) et Abdoul Aziz MARIKO (6e vice-président de la CCIM).
Le président du SYNACODEM a informé que depuis un peu plus d’un mois maintenant, les autorités chinoises ont pris une mesure qui impose aux opérateurs économiques de notre pays l’obtention d’une lettre officielle avant de se rendre en chine. Une mesure, selon les analyses du SYNACODEM, qui ne vise qu’à fermer le marché chinois aux commerçants maliens, tout en donnant la faveur aux Chinois de faire les opérations d’import-export vers notre pays en lieu et place de nos commerçants.
Face à cette préoccupation, le syndicat a décidé de se mobiliser pour défendre les intérêts des commerçants, dont 80 à 90 % s’approvisionnent à partir de la Chine. À en croire Cheick Oumar SACKO, ce n’est pas la première fois que les commerçants maliens sont visés par une mesure absurde de la part des autorités chinoises. Selon lui, il y a de cela 7 ans, ce pays avait pris une décision obligeant les commerçants maliens à déposer 3 millions de FCFA dans une banque comme garantie et accepter de voyager via une compagnie de leur choix, avant de se rendre dans leur pays. Ces mesures qui ont été levées à la suite de plusieurs démarches entreprises entre les autorités des deux pays.
Le président du SYNACODEM a dénoncé la nouvelle mesure des autorités chinoises avec la dernière énergie. Selon lui, depuis la prise de ladite décision, aucun commerçant malien n’a obtenu un visa pour se rendre en Chine. Pour lui, cela s’explique par le fait que la procédure pour avoir la lettre officielle est très difficile et compliquée. M. SACKO a expliqué qu’il faut l’intermédiaire d’un avocat chinois pour avoir le document dont la durée de validité n’est que d’un mois seulement. Dans la réalité, indique le conférencier, il n’est pas possible pour un commerçant de faire ses achats en chine pendant un mois. Ce qui obligerait les commerçants à faire deux ou trois aller-retour entre le Mali et la chine en lieu et place d’un voyage. À chaque voyage, le commerçant étant obligé de chercher une lettre officielle auprès des autorités chinoises.
Comme raison qui justifie cette mesure qui ne vise que le Mali seulement, M. SACKO a affirmé que les Chinois avancent l’idée de filtre pour empêcher que des terroristes ne gagnent leur pays via le Mali. Le SYNACODEM soutient que la mesure n’est rien d’autre qu’une façon déguisée de fermer le marché chinois aux commerçants de notre pays.
Depuis, l’annonce de la mesure, le syndicat n’est pas resté les mains croisées, selon le conférencier. Des lettres ont été adressées au Premier ministre, au ministre du Commerce, au ministre des Affaires étrangères, à la CCIM et au Patronat. Cela, pour informer les autorités afin qu’elles puissent trouver une solution au problème.
Le 1er vise président du SYNACODEM, Samba SIBY, a affirmé que la solution à ce problème est l’union sacrée des commerçants partout dans le pays. Il a affirmé que les commerçants sont aujourd’hui prêts à tout faire pour défendre leurs intérêts dans le respect de la loi.
Le 2e vice-président, Bamba KANADJI, a ajouté qu’à travers cette mesure, les autorités chinoises sont en train de défendre l’intérêt de leurs ressortissants dans notre pays au détriment de l’amitié qui lie nos deux États. Il a insisté à dire que la seule ambition du SYNACODEM est que les commerçants maliens bénéficient en Chine les mêmes avantages accordés aux ressortissants chinois dans notre pays.
Pour Abdoul Aziz MARIKO, face à cette situation, les autorités maliennes doivent s’assumer en acceptant que les Chinois évoluent dans le domaine de l’industrie au Mali et non dans celui du commerce import-export, qui est déjà bien occupé par les Maliens.
Le SYNACODEM a fermement interpellé les autorités à geler les marchés occupés par les Chinois dans notre pays jusqu’à la levée de cette mesure qui asphyxie les commerçants maliens. Au cas où la mesure perdure, les commerçants menacent d’organiser, dans les jours à venir, une grande manifestation, à travers tout le pays pour contraindre les autorités à trouver une solution à ce problème auprès de leurs homologues de la Chine.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin