Prévu pour hier et aujourd’hui, le mot d’ordre de grève de 48 heures du Comité syndical du Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G a été suspendu, le mardi, et les négociations se poursuivront pour trouver un compromis entre les parties. L’annonce officielle a été faite sur les ondes de la télévision nationale par les responsables syndicaux du CHU.
Selon des explications fournies, le mot d’ordre a été suspendu à la demande de la commission de conciliation, qui a voulu cette mesure de confiance en vue de donner une chance aux négociations qui étaient hier en cours.
Dans le préavis de 48 heures déposé sur la table du ministre, les responsables syndicaux dénoncent, cette décision du ministre de la Santé, concernant la non-prise en compte de l’instruction N° 001/PM-CAB du 27 mars 2014 du Premier ministre de l’époque, Oumar Tatam LY, sur le recrutement des Directeurs généraux des établissements publics, renforcée par la Lettre N° 875/PM-CAB du 31 octobre de la même année, de son successeur à la Primature, Moussa MARA.
Il ressort de la procédure de sélection de l’instruction N° 001/PM-CAB du 27 mars 2014 : « Le ministre concerné doit préparer et faire publier un avis d’appel à candidatures pour le poste à pourvoir. Cet avis doit comporter : le titre du poste ; la description des tâches ; les conditions générales de travail ; les conditions d’âge, de formation, d’expérience à remplir ; les dossiers à fournir ; la date limite de réception des dossiers. Le cas échéant, l’avis peut inclure d’autres éléments compte tenu de la nature du service ou de l’organisme ». En tout cas, nulle part on y parle d’exclure les directeurs en poste.
Dans la même dynamique, les responsables syndicaux exigent le respect des décrets de mise en œuvre de la loi portant principes fondamentaux de la création, de l’organisation et du contrôle des services publics et d’autres textes cités en référence.
Aussi, revendiquent-ils la mise en œuvre des modalités pratiques uniformes conformément aux procédures de recrutement au niveau des organismes et une harmonisation de la nomination des chefs de service de leur établissement hospitalier (certains sont nommés par le ministre et d’autres par le directeur) et les avantages liés à ces postes.
Par ailleurs, pour les syndicalistes, le CHU du Point G est en train de trouver des solutions à des difficultés qu’il traverse depuis deux ans, notamment la rupture de réactifs et de films, les problèmes de maintenance de certains équipements modernes et les difficultés de paiement des salaires des contractuels et des ristournes.
Dans la même dynamique, ils estiment que le directeur général en place depuis 15 mois seulement a pu apporter des éléments de réponse satisfaisants, notamment l’approvisionnement régulier de l’hôpital en réactifs et médicaments et l’élargissement de la gamme des examens de laboratoire.
En outre, l’hôpital du Point, e premier établissement hospitalier du Mali, créé en 1906, a vu une augmentation sensible de ses ressources propres sous la conduite de l’actuelle administration, soulignent les syndicalistes qui se disent déterminés à se battre jusqu’au bout pour le principe d’équité et de justice dans le choix du nouveau directeur.
Au fait, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Mme Marie-Madeleine TOGO, a lancé, au mois de février 2016, des avis d’appel à candidatures pour les postes des directeurs généraux des CHU du Point G et de Gabriel TOURE. Tout en excluant d’emblée les directeurs en poste. Ce qui n’a pas été du tout apprécié par le Comité syndical du Point G qui y voit plutôt une « partialité » contraire aux principes administratifs qui se veulent équitables.
Les responsables syndicaux jugent par conséquent que le processus n’est pas transparent et évoquent « un mépris affiché » du fait que leurs multiples correspondances sont restées sans suite.
Par ailleurs, il convient de signaler qu’à l’issue de la réunion conjointe, tenue le 10 mars 2016 avec la Commission médicale d’établissement du Point G, les 13 chefs de service soutiennent ne pas se reconnaitre dans l’énoncé du Point 3 de la lettre de leur comité syndical, à savoir : « harmoniser la nomination des chefs de services (certains étant nommés par le ministre et d’autres par les directeurs) et les avantages liés ». Ainsi, c’est à l’unanimité qu’ils ont pris la décision de se désolidariser totalement du préavis de grève de 48 heures du comité syndical devant avoir lieu hier et aujourd’hui.
Selon certaines discrétions, une correspondance, signée du Pr Idrissa CISSE, président de la Commission médicale d’établissement, a été transmise au ministre de la Santé et de l’hygiène publique. Dans la correspondance, il est écrit : « Les concernés que nous sommes n’avons pas été consultés ni avant et même immédiatement après. Nous rappelons que des nominations ont été abrogées depuis juin 2009 et ce syndicat ne s’est pas penché formellement sur cette question en nous associant à notre connaissance. Par ailleurs nous désapprouvons fortement les méthodes actuelles du comité syndical qui nuisent à suffisance au service public et à sa continuité. En conclusion les chefs de service se désolidarisent totalement du préavis de grève sus-cité ».
Comme on peut constater, la position affichée par les chefs de service a fortement contribué au changement de la donne.
En tout état de cause, le débrayage a été évité au grand bonheur des malades et leurs parents, qui sont les principales victimes de ce bras de fer entre le comité syndical de l’hôpital et la tutelle dont rien ne saurait justifier l’ampleur. Si tous concourent au bien-être des populations pour lesquelles ils exercent. À moins que le combat ne soit ailleurs.
Gageons qu’un compromis se dégage des négociations entre les parties et que l’intérêt public prime sur les considérations de personne ou la défense des intérêts particuliers.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin