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Traitements naturels pour les végétaux et animaux et leur utilisation dans l’agro-écologie paysanne : La Cnop mesure le chemin parcouru

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Le Mali est à une période charnière pour le choix de son agriculture : industrielle ou paysanne ? Pourtant la question ne devrait pas se poser car la richesse du Mali ce sont les paysans et les paysannes qui représentent plus de 80% de la population, jusqu’à aujourd’hui ils nourrissent, fournissent l’emploi, protègent au mieux leur environnement naturel et sociétal. Ils innovent sans cesse pour toujours mieux produire grâce à leur savoir, savoir-faire et savoir-être. Mais leurs savoirs ne sont ni reconnus, ni protégés, ni valorisés.

 

Les politiques publiques ont pourtant délaissé toute cette paysannerie, se laissant amadouer par les chimères de l’agriculture industrielle. Pourtant son cortège de conséquences mortifères est connu : destruction des sols (appauvrissement et salinisation des sols, coûts de production élevés, pollution des nappes phréatiques), atteinte à la biodiversité tant végétale qu’animale, domestique que naturelle, augmentation des problèmes de santé des paysans et des consommateurs, endettement et accaparement des terres et des ressources naturelles.

 

La Révolution verte avec sa vision industrialisée, est promue depuis des années comme la solution à la production agricole basée sur les transferts de technologies, une utilisation intensive des produits chimiques (pesticides, insecticides, engrais) et l’adoption de variétés hybrides à haut rendement, exigeant de grandes quantités d’eau et impliquant des travaux d’irrigation coûteux. Nous pouvons en faire le bilan aujourd’hui avec l’expérience de l’Inde sur plus de 40 ans où la « Révolution verte a tourné au brun ». C’est un échec agronomique : les rendements stagnent voir diminuent et les conséquences désastreuses humaines et écologiques sont incalculables.

 

Le Mali pourrait être tentée de tomber dans ce même piège. C’est pourquoi dans l’intérêt général et des communautés paysannes en particulier, la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (Cnop) a mis en place un dispositif de formation en Agro-Écologie Paysanne (Aep), solution d’avenir pour l’agriculture familiale malienne, pour les populations et les ressources naturelles. L’agro écologie paysanne avec la fertilisation des sols organiquement, les semences paysannes, les traitements naturels, les différentes techniques d’association de culture, la gestion économique de l’eau… est la clef pour relever le défi démographique et écologique, le changement climatique, le bien-être des populations avec l’amélioration des revenus des communautés paysannes, tout en augmentant de manière durable la production alimentaire.

 

Plus de 1.500 personnes formées à l’agro écologie paysanne par la Cnop se définissent eux-mêmes acteurs du changement et œuvrent dans ce sens. A travers les relais formateurs/trices, une centaine à ce jour, des dynamiques régionales et locales sont enclenchées : diffusion des pratiques, construction d’un réseau de semences paysannes, appropriation des défis et enjeux sur les droits, les politiques pour mieux décider et agir, développement de l’autonomie, mise en place de commissions régionales avec des référents par thème…

 

Outre de disséminer l’agro écologie paysanne via la formation de paysanne, la Cnop se doit, par ses fonctions mêmes (représentation politique et défense des paysans), de rassembler les acteurs sur les différents aspects de l’agro écologie paysanne et de lever les freins là où ils sont. D’où l’atelier multi acteurs organisé les 10,11 et 12 septembre dernier à Sélingué autour des traitements naturels sur le thème: « État des lieux des traitements naturels pour les végétaux et animaux et leur utilisation dans le cadre de l’agro-écologie paysanne ».

 

L’objectif général de cet atelier est de rassembler différents acteurs/actrices pour faire un « État des lieux des traitements naturels pour les végétaux et animaux et leur utilisation dans le cadre de l’agro-écologie paysanne » pour en sortir une feuille de route afin de permettre la protection et la valorisation des innovations paysannes dans les traitements naturels tant sur les végétaux que sur les animaux.

 

Trois jours durant, les participants ont planché sur comment identifier les acteurs engagés dans les traitements naturels en privilégiant les savoirs et innovations des paysannes; mutualiser les connaissances et les innovations des différents acteurs; faire des démonstrations de traitement naturel et exprimer leurs propriétés; dégager une feuille de route pragmatique pour s’organiser autour de la protection et valorisation des traitements naturels paysans; et mettre en place une commission traitements naturels multi acteurs pour trouver des réponses aux préoccupations sur toute la chaine de production.

 

À l’issue des travaux, une commission multi acteurs sur les traitements naturels a été mise en place et une plénière a permis aux participants de valider les pistes d’actions dégagées par les groupes, qui constituera le substrat de la feuille de route adoptée! Ont pris part à cet atelier, 26 personnes de la Cnop (relais en agro-écologie paysanne, compétents en traitements naturels sur végétaux et animaux et encadrement de la Cnop; des personnes ressources; la Direction Nationale de l’Agriculture (Dna); la Direction Nationale des Eaux et Forêts; l’Agence pour l’Environnement et le Développement Durable (Aedd), la Direction Nationale de la protection des végétaux et animaux; le Haut Conseil des Collectivités; l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (Apcam); l’Ong-Sahel-Éco; l’Institut d’Économie Rurale (Ier); l’Association des tradithérapeutes du Mali; un représentant d’un négoce en produits naturels (Profeba à Ségou); un représentant de la Fao; une représentante de l’AFD; des Pays Bas; de Swisscontact; d’ Helvetas Intercoopération.

 

M. Souleymane Camara, relais formateur et trésorier général adjoint de la Cnop a, à la clôture de l’atelier, remercié les participants pour leur pleine participation, et surtout pour l’atmosphère de collégialité qui a prévalu tout au long de l’atelier. L’atelier a été mis a profit pour faire une communication sur les « directions volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers et de la gestion des ressources naturelles » de la Fao. Pas de doute que la rencontre de Sélingué des 10, 11 et 12 Septembre dernier a constitué un tournant décisif pour le monde paysans maliens.

 

Assane Sy DOLO

SOURCE: Soir de Bamako
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