Le réveil de la justice malienne ne saurait aller dans des plaintes et des dénonciations parfois mal fondées. L’honneur et la responsabilité voudraient souvent que l’on accepte d’avouer certaines fautes qu’on ne saurait nier.
Mais la justice malienne, sous la conduite du Ministre Malick Coulibaly, tente d’instaurer une crédibilité et une fermeté dans les Cours et Tribunaux. L’accent est beaucoup plus mis sur les pourfendeurs du denier public, les spéculateurs fonciers et aujourd’hui, actualité oblige, les pratiques liées à l’esclavage dans une bonne partie de notre pays.
Le Jeudi 26 Décembre 2019, s’était ouverte une audience au tribunal de grande instance de la commune VI de Bamako. Cette affaire porte sur une inadmissible et condamnable série de traitements et d’injures proférées par un certain Fassara Kanouté à l’encontre de Mady Fily Kanouté dit Yamadou et sa fille Ouriba Magira Kanouté. Pour indisponibilité des avocats ce jour, l’audience avait été renvoyée au 30 Décembre.
Cette procédure au cours de laquelle les parties civiles étaient représentées par Mamady Kanouté n’a pas manqué de contradictoires au niveau du prévenu Fassara Kanouté dont les auditions à la section Brigade d’Investigations Judiciaires du Camp l.
D’après nos enquêtes, cet expatrié s’est donné une totale liberté, avec des propos désobligeants faisant l’apologie de l’esclavage. Les maliens oublient encore que désormais les réseaux sociaux sont régies par la loi N2019-056 du 5 Décembre 2019 portant répression de la cybercriminalité. On a coutume de dire que Nul n’est censé ignorer la loi.
Mais le cas de Fassara Kanouté est une atteinte à Mady Fily Kanouté et à sa fille, Ouriba Kanouté traités plusieurs fois, dans des mots durs, d’esclaves et de fils d’esclaves. Dans des documents audios en langue soninke, le président du tribunal, Oumar Touré, avait fait jouer publiquement les affirmations de Fassara Kanouté qui avait reconnu les faits à l’enquête préliminaire.
Mais à l’audience, il a, dans un premier temps, rejeté les charges avant que le ministère public, tenu par Ibrahim A Sissoko, a défendues. Selon les audios joués à l’audience, Fassara Kanouté a prononcé le mot « esclave » plus de 17fois avec insistance. Il a traité Mady Fily Kanouté et Ouriba Kanouté en ces termes : « vous êtes esclave aujourd’hui et esclave demain. Vous ne saurez l’abolir. Si vous étiez un noble, vous n’alliez pas vous retrouver sur le site des esclaves » peut-on écouter dans les audios en Soninke.
Pour Fassara Kanouté, le plaignant est un « esclave révolté ». Il a été confondu à la barre par le tribunal devant lequel il a admis être l’auteur des trois audios. A la dernière tribune de l’EID ( Espace d’Interpellation Démocratique) le ministre Malick Coulibaly avait dû répondre à des plaintes qui ont trait à ces horribles pratiques de l’esclavage.
Une semaine après, précisément le 17 Décembre 2019, le Garde des Sceaux, à travers une lettre, a instruit à tous les procureurs généraux et procureurs de la République à engager des poursuites appropriées contre les personnes impliquées dans ces actes de barbarie.
La fermeté, au niveau du tribunal de la commune VI a été illustrée par le procureur Ibrahim A Sissoko qui avait requis un an d’emprisonnement ferme, une amende de 5 millions et le franc symbolique aux parties civiles. Livrant son verdict, le président Oumar Touré n’a pas manqué d’opter pour une décision correctionnelle. Il a condamné Fassara Kanouté à un d’emprisonnement ferme et le payement du franc symbolique aux parties civiles.
Cette rigueur de la justice est d’autant plus normale qu’une loi facile la répression de telles infractions. Il n’y a eu nulle implication de qui que ce soit, encore moins le ministre de la justice dont les directives ne servent qu’à la bonne distribution de la justice. Le juge Oumar Touré a demandé aux gardes de ne pas passer les menottes aux mains de Fassara Kanouté qui est parti de la salle les bras ballants vers la MCA.
Source: Figaro du Mali