Bamako, 12 mars (AMAP) Des groupes armés affiliés à la Plateforme sont autant impliqués que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dans le trafic de drogues et collaborent, désormais, pour faire circuler des cargaisons de stupéfiants à travers le désert malien, révèle le Groupe d’experts des Nations unies sur le Mali.
Dans leur rapport à mi-parcours, transmis le 28 février dernier au Conseil de sécurité, les experts onusiens mettent en exergue un rapprochement entre la CMA, le MAA-Plateforme et le GATIA-CMA qui aurait servi à la coordination un trafic de stupéfiants entre les Régions de Gao et de Kidal.
Pour en savoir plus sur les individus qui contrôlent le commerce et les convois associés, les experts approfondiront les enquêtes à partir des récentes saisies de résine de cannabis en Mauritanie et au Sahara occidental, en provenance du Maroc et en route vers le Mali. Des indices laissent croire à l’implication de certaines personnalités bien connues des registres de l’ONU. Il s’agit, notamment, de Ahmoudou Ag Asriw, qui fait l’objet de sanctions et dont le nom est cité dans un précédent rapport des experts comme un des auteurs des violentes escarmouches et détournements de résine de cannabis (haschich) de Gao vers la région de Kidal.
Depuis le 19 avril 2019, les experts affirment n’avoir pas reçu d’informations analogues concernant une quelconque rivalité sur cet axe. Ag Asriw a été nommé chef d’état-major dans la nouvelle section du GATIA qui a cherché à se rapprocher de la CMA en septembre 2019, de même que du MAA-Plateforme.
Les experts onusiens font le lien : « Il semble qu’en raison de cette évolution, Ag Asriw ait été suffisamment accommodé dans des opérations de trafic qui nécessitent une coordination entre les réseaux criminels associés au MAA-Plateforme et à la CMA, à Gao et à Kidal, respectivement, à mesure que la drogue circule dans leurs zones de contrôle respectives. »
Dans les réseaux criminels associés à la CMA et impliqués dans les convois de drogue, le rapport cite, également, Mohamed Ag Akly, commandant régional du MNLA et Mahamadou Ag Attayoub qui agit au nom de Khalid Ag Mohamed, fils de Mohamed Ag Intallah.
Le rapport fait remarquer que, contrairement, à ce qui s’est passé dans les Régions de Gao et de Kidal, des convois de stupéfiants ont été attaqués dans la région de Tombouctou. Pour le contrôle de cette zone, plusieurs réseaux se livrent bataille. Certaines attaques ont été diligentées par Hussein Ould Ghaname, alias Guigoz, de la fraction Oulad Ghanam. Des attaques contre les convois de Guigoz en 2018 ont été attribuées à des hommes agissant pour le compte de Settar Ould Ahmed Hairi, homme d’affaires et membre de l’autorité intérimaire de Taoudenni. Ce dernier a été assassiné le 8 juillet 2018, en même temps que le commandant du MAA-Plateforme du Mécanisme opérationnel de coordination à Gao, Mohammed Ould Hinnou.
Il ressort également rapport que Settar a entretenu des relations d’affaires avec le chef du MAA-Plateforme, Hanoune OuldAli. « Guigoz compte aussi sur le soutien militaire du MAA-CMA à Ber, notamment du colonel Goulam », ajoutent les experts. Et de préciser que les réseaux criminels convoyant la drogue et soutenus par le MAA-Plateforme et la CMA dans la région de Tombouctou ne sont pas interdépendants, comme dans les régions de Gao et de Kidal. Mais, tous ces réseaux se serviraient de société écrans, installées notamment au Niger et au Mali, pour blanchir de l’argent et financer des opérations.
ID/MD (AMAP)