Tombouctou, 6e région administrative du Mali, est de plus en plus caractérisée par une insécurité grandissante. Cette ville, en plus d’être connue pour sa diversité culturelle en raison des nombreux patrimoines culturels dont elle regorge, occupe également des pages de l’histoire de la crise sécuritaire au Mali. La « Guerre de Tombouctou », l’un des premiers affrontements entre les indépendantistes du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine, a eu lieu dans cette ville, le 13 juin 2012.
Une insécurité caractérisée par des enlèvements
Des années après 2012, la ville aux « 333 saints » connait toujours une insécurité sporadique caractérisée surtout par des enlèvements. En 2016, on se rappelle l’enlèvement de deux agents de la santé, celui du maire de Banikane ainsi que celui de Sidi Dicko. Toutes ces victimes ont été relâchées après le paiement de quelques millions comme rançon, ont précisé des sources à l’époque. En 2020, le maire de la zone de Garba Koïra (dans le cercle de Bourem), Abdoulaye Alpha Cissé a également été enlevé. Son corps sera retrouvé une dizaine de jours après son enlèvement.
Ces enlèvements de personnalités connues, notamment de riches commerçants, semblent devenir un fait quotidien dans la 6e région du pays. Ils donnent lieu à certains préjugés aux connotations racistes qui font craindre « une guerre civile dans la région », si rien n’est fait dans les prochaines années.
Des marches pour la paix
Cette insécurité combinée à ce que la population Tombouctienne considère comme « une injustice » vis-à-vis des jeunes ressortissants de cette région crée de plus en plus de la frustration dans les cœurs. Surtout l’affaire du jeune Ghily Albaraka. Un jeune que la société civile Tombouctienne considère comme ayant été « injustement » privée de son mérite lors du récent concours direct de recrutement d’élèves commissaires de police.
Le 24 mars 2021, à l’appel de l’« Initiative Tombouctou Debout », une marche « pacifique » a eu lieu à Tombouctou. Le but de cette marche, selon ses organisateurs, était d’« interpeler les autorités » afin que lejeune « Ghily soit remis dans ses droits ». Cette marche visait également à demander le « départ sans condition du directeur régional de la protection civile et aussi de dénoncer le système de recrutement dans les différents corps des forces de défenses et de sécurité » dans la région. Selon les précisions d’une de nos sources, « lors des recrutements, les quotas sont peu à Tombouctou et les jeunes de Tombouctou ne sont pas privilégiés ».
Après cette 1re marche, l’initiative Tombouctou Débout projette une nouvelle mobilisation, ce lundi 12 avril 2021, pour les mêmes motifs : dénoncer l’insécurité grandissante, mais aussi demander le recrutement massif des jeunes de la région dans les forces de défense et de sécurité. La société civile, les commerçants, les transporteurs ainsi que l’ensemble des jeunes Tombouctiens devront prendre part à cette nouvelle mobilisation.