Un technicien togolais a conçu un robot humanoïde permettant aux enseignants de donner des cours à distance et d’interagir en temps réel avec les apprenants. Dénommé VT- BOT (Virtual Teacher), le robot a été fabriqué à base de matériaux de récupération et de déchets électroniques.
Composé d’un nano-ordinateur (Raspberry Pi) connecté à un routeur, d’une caméra 360 degrés, de haut-parleurs et de capteurs de sons, le robot est muni d’une intelligence artificielle qui fonctionne avec un algorithme Open Source. “Le robot-enseignant pourrait être difficile d’usage au niveau du primaire où l’éducation est basée avant tout sur la relation qu’entretient l’enseignant avec l’apprenant” Adzo Azilan, institutrice, Lomé “Pour interagir avec la classe, l’enseignant doit se connecter sur l’adresse publique fixe du serveur du robot depuis son terminal numérique”, explique Sam Kodo, son concepteur. “A travers le robot, précise-t-il, l’enseignant peut donner des consignes verbales, répondre aux questions et même pointer du doigt un apprenant”. A en croire Sam Kodo, l’appareil peut également transférer aux apprenants ou recevoir d’eux des fichiers numériques de différents formats.
Au Togo où le déficit d’enseignants augmente d’année en année, Sam Kodo espère que son invention pourra être d’une certaine utilité. Car, explique-t-il, le robot permet à un enseignant de dispenser un cours dans plusieurs salles de classe au même moment. Pour fonctionner, le VT-BOT doit être relié à un réseau électrique et la transmission des données est subordonnée à une connexion internet. Obstacle Roméo Aziaka se réjouit d’ores et déjà de l’idée d’avoir le robot-enseignant dans sa classe. Cet élève du Lycée de Tsévié (35 km de Lomé), habitué à ne pas avoir ses professeurs tous les jours de la semaine, trouve en cette innovation la solution à l’indisponibilité de ses enseignants. “Le seul obstacle serait la connexion internet qui devient défaillante au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la capitale togolaise”, redoute-t-il néanmoins. Appréciation beaucoup plus mitigée du côté de Adzo Azilan, une institutrice formée à l’Ecole normale des instituteurs. Pour elle, “le robot-enseignant serait difficile d’usage au niveau du primaire où l’éducation est basée avant tout sur la relation qu’entretient l’enseignant avec l’apprenant.” Son avis est partagé par Achille Kouawo, enseignant-chercheur et spécialiste en technopédagogie au Centre de ressources, de l’innovation et de la qualité pédagogique (CRIQ) de l’Université de Lomé. “Le robot dans l’imagination des enfants, est d’abord un élément qui sert à jouer ; il faudra nécessairement la présence d’un surveillant pour discipliner les petits apprenants”, soutient le spécialiste. Interrogé par SciDev.Net, Sam Kodo (ici sur l’image), l’inventeur du VT-BOT explique que le robot a d’abord été développé par rapport au contexte universitaire togolais où certains enseignants sont obligés de faire des allers et retours entre les universités de Lomé et Kara (distants de 411km) pour dispenser les mêmes cours aux étudiants. Même s’il trouve que le robot-enseignant pourrait être d’une aide capitale en ce qui concerne les cours magistraux, Achille Kouawo pense que son utilisation pourrait avoir des limites dans les cas des cours pratiques comme les travaux dans un laboratoire. Mais, Sam Kodo rassure en disant que le robot est encore en plein développement en vue de l’amélioration de ses capacités. Il affirme notamment que la prochaine étape est d’intégrer une batterie rechargeable et d’assigner une mobilité motrice au robot afin qu’il puisse se déplacer dans les salles de classe. Déjà, le VT-BOT a reçu le prix spécial “Coup de cœur” du jury lors de sa présentation le 1er mars 2018 dernier au forum africain de l’innovation numérique, “Futur.e.s in Africa”, tenu à Casablanca (Maroc).
scidev