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Tieman Hubert Coulibaly : « Ce n’est pas parce que nous sommes de la majorité que nous allons être embrigadés »

Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le président du regroupement politique Action républicaine pour le progrès (ARP), non moins président de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), Tiéman Hubert Coulibaly, dévoile la voie dans laquelle il chemine pour soutenir le mandat d’IBK. L’ex-ministre de l’Administration territoriale n’a pas passé sous silence son point de vue sur la lutte contre la corruption, le dialogue national inclusif, le mode de scrutin aux législatives prochaines et  l’appel de Macron à l’endroit des présidents des pays du G5 Sahel. Interview !

Le Prétoire : Depuis que vous avez quitté le gouvernement, vous avez disparu des écrans radars. Peut-on savoir pourquoi ?

Tiéman Hubert Coulibaly : Depuis mon départ du gouvernement, j’ai été présent à plusieurs occasions. Je ne me suis pas perdu, peut-être que nous ne nous sommes pas croisés. Depuis septembre 2018, j’ai été très actif au plan national comme international. Au plan national, j’ai noté les évolutions que nous avons souhaitées pour nous-mêmes au sein de la majorité présidentielle par la création de l’ARP ( Action républicaine pour le progrès) qui est une coalition de quatorze partis politiques et associations dont certaines n’étaient pas du côté du président lors de son premier mandat. Mais, nous avons estimé que la pluralité était une vertu et estimé que malgré ce qui nous unit autour du président de la République pour la réussite de son mandat, nous avions des différences qui nous conduisaient à envisager la création d’une organisation tout en restant toujours membres de la majorité présidentielle, mais différentes ; et porté cette différence-là pour la mettre au service du succès du président de la République et au service du Mali. De ce point de vue, j’ai été très actif parce que la création d’un pôle regroupant des partis politiques et des associations n’est pas une tâche aisée. Finalement nous y sommes arrivés. Notre regroupement se développe, se consolide et permet de porter cette différence-là, ce qui a été d’ailleurs le cas lors de la séquence nationale du dialogue national inclusif. De vraies divergences ne nous ont pas échappées entre les membres de la majorité présidentielle.

Est-ce que vous pouvez nous parler de ces différences qui  ont  motivé la création de l’ARP ?

J’en arrivais au choix de l’agenda des élections législatives et celui de la révision constitutionnelle. Certains membres de la majorité militaient pour le recul des échéances concernant le mandat des députés en privilégiant une révision constitutionnelle. Nous l’avons refusé et nous l’avons fait savoir. Nous nous sommes battus pour que cette Assemblée nationale prolongée deux fois ne puisse plus l’être encore. Nous nous sommes battus afin que cette logique prévale, que chacun comprenne que les réformes qui attendent le Mali sont obligatoires pour la stabilisation et la pacification. Elles doivent s’adosser à une représentation nationale ayant une légitimité complète et agissant dans une parfaite légalité. Donc il faut que la prochaine Assemblée nationale ayant reçu mandat des maliens puissent agir et produire les lois nécessaires à la stabilisation et la pacification dans une situation de légitimité sans équivoque. Bien entendu, il faudra se battre pour que ces élections soient organisées dans un climat de paix et en faisant tous les efforts nécessaires pour que sur l’ensemble du territoire ces élections se tiennent. Quelques difficultés sont là auxquelles il faudra trouver des solutions. Je crois que le gouvernement et l’ensemble des acteurs politiques ayant signé l’Accord politique de gouvernance vont travailler pour que ces difficultés soient résolues. Oui, il y a des différences notamment le mode du scrutin. Aujourd’hui, nous militons pour que les députés soient élus selon un mode de scrutin proportionnel qui porte plus de justice électorale. Certains veulent soit maintenir le système majoritaire qui nous paraît très injuste ou alors proposer un scrutin à mi-chemin. Mais le Mali a besoin aujourd’hui que les forces politiques ayant peut-être une audience moyenne aient la chance de se faire entendre à l’Assemblée nationale et cela ne peut se faire que par le billet d’un mode de scrutin proportionnel. Cela est un débat qui divise y compris au sein de la majorité présidentielle. Ce n’est pas l’affaire du président. Le président a un mandat sans appel, sans équivoque, il est au dessus des partis politiques. Le débat entre les partis politiques, entre les acteurs politiques doit se faire dans un esprit républicain et en respectant toutes les opinions. Nous avons jugé nécessaire de porter ces différences-là. Et pour porter la différence, il faut s’organiser. Cela ne veut pas dire que nous sommes opposés à qui que ce soit au sein de la majorité présidentielle. D’ailleurs nous sommes une composante différente et nous voulons que certaines réformes se fassent pour conforter la démocratie malienne.

Justement, avec la création de ce regroupement au sein de la majorité présidentielle, on a une majorité dans une majorité. Cette situation n’est-elle pas défavorable à la mouvance présidentielle ?

Une majorité dans la majorité ! Est-ce que dans une famille tous les enfants portent le même nom ? Nous sommes une composante de la majorité. Il y a des partis politiques qui étaient de l’opposition qui ont rejoint le camp présidentiel mais qui ne font pas partie de l’EPM. Allez-vous leur refuser la qualité d’accompagnateur du président de la République parce que tout simplement ils ne font pas partie de l’EPM ? Non ! La pluralité est une vertu et nous sommes partie prenante et partie importante du camp présidentiel. Je vous ai parlé tantôt de la querelle de l’agenda des élections législatives et de la révision constitutionnelle lors du dialogue national inclusif. C’était une querelle importante et c’est notre point de vue qui a prévalu. Et si nous nous étions alignés sur l’autre point de vue, que se serait-il produit ? Et je crois savoir d’ailleurs que tel n’était pas le souhait du président de la République. Ce n’est pas lui qui me l’a dit, je vous rassure tout de suite. Son point de vue était en parfaite synchronisation avec le nôtre, mais nous ne nous sommes pas concertés. Si nous n’étions pas différents des autres, est-ce que ce point de vue allait prévaloir ? Non. C’est pour ça que je vous dis qu’il n’y a pas de majorité dans la majorité, seulement plusieurs voies dans la majorité. L’essentiel est que ces voies-là ne partent pas dans un sens contraire à celui que souhaite le président de la république. L’essentiel, c’est que le président de la république lui-même, à son tour, ait une oreille pour chacune des sensibilités qui soutiennent son mandat. C’est ça le plus important.

Certains au sein de la majorité présidentielle estiment que ce mouvement est plutôt personnel ?

C’est encore une différence. Vous confirmez bien ce que je vous dis. Eux ils estiment que toute initiative politique repose sur des questions personnelles. Vous confirmez bien que nous sommes différents. C’est aussi une philosophie. Nous sommes dans une aventure collective. Notre initiative est salutaire et vertueuse. Certains pensent que c’est pour une histoire de poste ministériel, d’autres pensent que nous sommes aigris parce que nous n’avons pas été appelés au gouvernement. Vraiment ça fait huit mois. En un moment donné, il faut savoir que ces arguments-là n’ont pas pu prospérer. Si nous étions fâchés ou aigris, aujourd’hui, nous ne serions pas là à soutenir de manière claire et nette l’action du gouvernement dirigé par Boubou Cissé et les orientations du président. Encore une fois, quand ils vont m’entendre dire cela, ils vont dire que parce qu’il y a un remaniement en cours qui nous intéresse. Nous n’avons aucun intérêt à faire ceci si ce n’est la stabilisation du pays.

A quel moment vous avez su que vous ne pouvez pas faire chemin avec l’EPM ?

Nous pouvons faire chemin. Je n’ai pas dit que nous ne pouvons pas faire chemin. Nous continuons à faire chemin avec l’EPM, mais tout en restant ARP. Je viens de dire que nous sommes tout simplement différents. J’ai parlé de deux éléments tout à l’heure. Le mode de scrutin  pour les élections législatives. Nous ne pouvons pas continuer dans ce système-là. De notre point de vue, il comporte une grave injustice électorale. Il faut donner la chance aux partis de moyenne audience d’être représentés à l’Assemblée nationale. Je vous ai dit tout à l’heure que nous avons eu une grande querelle lors du dialogue national inclusif pour que les élections législatives soient organisées avant toutes initiatives concernant la révision constitutionnelle. C’est une différence importante. Si nous n’étions pas ce que nous sommes, si nous n’avions pas affirmé cette différence, nous n’aurions pas pu faire prévaloir ce point de vue-là. Je vous fais cette démonstration pour qu’à postériori  vous compreniez que les arguments que certains journaux ou des radios qui nous ont fait un mauvais procès sachent aujourd’hui que nous avons raison.

Est-ce que votre soutien au président de la République, c’est pour soutenir son mandat ou  réconforter votre position en tant que chef de parti politique ? Vous voulez qu’à la suite des élections législatives les petits partis aient une assise alors qu’au niveau de l’EPM, c’est de permettre au président de terminer son mandat.

Que le président termine son mandat ne dépend pas de l’EPM. Le mandat du président est sans appel, il est sans équivoque. Il a été réélu. La terminaison de son mandat, son accomplissement ne dépend  d’aucun parti politique ou  groupement de partis politiques. Ce mandat est adossé au peuple malien. Vous savez ? Le président de la République est la clé de voûte  de nos institutions. Il est élu au suffrage universel direct. C’est un débat entre cet homme-là et son peuple. Nous sommes des organisations politiques qui soutiennent le président. L’alliance ne vaut pas allégeance. Ce n’est pas parce que nous sommes membres de la majorité présidentielle que nous allons être embrigadés. Nous sommes des forces politiques autonomes qui ont choisi délibérément et en toute connaissance de cause de soutenir le président de la République pour sa réélection et l’accomplissement de ce mandat-là. C’est un choix délibéré et avec des raisons objectives. Mais nous sommes différents des autres forces politiques qui accompagnent le président de la République. Pourquoi on voudrait nous interdire de faire prévaloir cette différence-là ? Nous sommes un pays qui a une expérience démocratique réelle. Souvenez-vous, en 1997, quand il s’est agi de la réélection du président Alpha Oumar Konaré, il y a eu ce qu’on a appelé le programme minimum commun. Le président Alpha a réuni dans son gouvernement des forces politiques qui ne l’avaient pas accompagné pour sa réélection et il a géré le Mali dans la stabilité jusqu’à son départ. Est-ce que les différences ont empêché cela de se faire ? Pourquoi en 2020 nous acceptons de taire nos différences, de nous asseoir sur elles et de les gommer au motif que nous sommes de la majorité présidentielle ? Encore une fois, je vous répète que dans une maison, les enfants portent des noms différents, ils ont des caractères différents, ils peuvent se ressembler, mais ils ne sont pas solubles les uns dans les autres.

Quel a été l’apport de votre groupement politique dans la tenue du dialogue national inclusif ?

On a eu un apport déterminant. Nous avons participé à tout le processus préparatoire, nous avons participé à l’atelier qui concernait la validation des termes de référence. Nous nous sommes employés, un moment donné, à rendre visite à quelques leaders de l’opposition. Pour ne rien vous cacher, nous sommes allés voir le FSD en délégation de l’ARP pour rencontrer l’honorable Soumaïla Cissé pour lui demander de participer à cet atelier-là, d’y contribuer. Ce qu’il avait accepté, mais par la suite les choses se sont passées autrement. Nous avons beaucoup apporté à ce processus-là. L’inclusivité était un objectif. Tout le monde a été invité malheureusement tout le monde n’a pas participé. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est l’après-dialogue. Il y a eu quatre grandes résolutions qui ont été édictées. Il faut mettre en œuvre ces résolutions. Nous pensons que pour cette mise en œuvre, il faut continuer à faire appel à ceux qui n’ont pas participé car, ils peuvent contribuer à la mise en œuvre de ces résolutions dans un contexte de cohésion nationale. C’est vraiment cet appel que nous voulons lancer. Nous avons participé à ce dialogue comme toutes les autres organisations pour faire prévaloir notre point de vue. L’année 2020 sera une année de grands chantiers. Toutes les résolutions sont urgentes, mais le plus urgent c’est le retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire national.

Quel crédit peut-on accorder au dialogue étant donné qu’une bonne partie de la société civile et de l’opposition l’a boudé ?

Vous dites qu’ils ont boudé. Moi je n’aime pas ce terme- là. Une partie de l’opposition et une partie de la  société civile se sont abstenues de participer au dialogue alors qu’elles avaient participé à la phase technique. Cela ne veut pas dire que les résolutions ne sont pas crédibles. Les résolutions sont parfaitement crédibles. Voulez-vous dire que tous ceux qui étaient au dialogue ne comptent pas au Mali ?

Ils comptent, mais la dimension inclusive n’est pas atteinte ?

On ne peut pas dire qu’ils comptent et dire mais. Soit ils comptent ou ne comptent pas. S’ils comptent, les résolutions sont forcement crédibles et seront mises en œuvre. Ceux qui étaient présents se battront pour cela. Le président de la République s’est lui-même engagé publiquement devant Dieu et les hommes à faire ce qui a été retenu. Nous devons quand même accorder un tout petit peu de crédit à ce que dit notre président qui est la clé de voûte du système. Alors l’inclusivité est un idéal, une intention, une volonté, un appel. Est-ce que nous pouvons obliger quelqu’un à être inclus ? Quand vous êtes invité, vous prenez la décision de votre participation. L’invitation a été faite. Je vais solder cet aspect-là. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’après-dialogue. Nous avons les résolutions. Comment faire pour que la cohorte nationale importante, qui a même enregistré la participation des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, ce qui n’était pas gagné, soit un événement important et des déclarations importantes ont été faites. Je sais qu’il est très difficile de satisfaire notre peuple. Mais il faut savoir apprécier ce qui a été fait. Ce qui s’est passé au dialogue national inclusif n’est pas anodin. N’essayons pas de passer à côté de ça. De grandes choses s’y sont produites et profitons-en pour atteindre nos objectifs de paix et de retour de la cohésion nationale. J’ai dit au premier ministre de faire beaucoup d’effort, d’aller vers ceux qui n’ont pas participé au dialogue et de leur demander de se joindre à la mise en œuvre. Il ne faut pas négliger les ressources d’une telle action diplomatique qui peut produire des effets que le peuple malien va apprécier.

Est-ce que le temps est un allié sûr pour la tenue des législatives en avril prochain et comment vous comptez aborder ces élections?

Evidemment le temps est serré pour ceux qui vont être candidats. Dans une élection, il y a deux parties. Il y a ceux qui organisent et ceux qui vont en compétition. Pour l’instant, je fais partie de ceux qui vont certainement en compétition en tant qu’organisation  politique. Nous essayerons d’occuper des sièges à l’Assemblée nationale. Il y a ceux qui organisent. J’ai une expérience de cela parce que je fus ministre de l’Administration territoriale et je sais que le ministre aura du pain sur la planche. Je sais aussi que notre administration est assez bien outillée. Quand j’étais à l’Administration territoriale, nous avions pu organiser non seulement nos structures à l’intérieur du pays, mais aussi approvisionner le pays en matériel électoral suffisant pour pouvoir tenir ces scrutins-là. Notre fichier ne fait pas l’objet de problème particulier parce que j’avais conduit une révision ordinaire et une révision exceptionnelle pour les nouveaux majeurs. Donc aujourd’hui notre fichier est excellemment géré par la DGE pour rendre hommage au travail du général Chaka Sangaré. Evidemment, il y a la donne sécuritaire. Il faut que ces élections se tiennent dans un environnement sécurisé. Nous avons quelques cercles où nous pouvons avoir quelques soucis de sécurité. Mais avec ce qui s’est produit au dialogue, avec les progrès que nous avons accomplis avec les mouvements signataires de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation, je pense qu’il nous sera possible grâce à l’effort des forces de défense et de sécurité et du fait même que les dirigeants de ce mouvement vont briguer les postes de député, nous allons pouvoir tenir les élections. L’équation à résoudre rapidement concerne la cartographie électorale. Il ne nous a pas échappé que des lois qui datent de 2012 introduisent une réorganisation territoriale qui a été difficile à mettre en œuvre.

Que pensez-vous du retour de l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré ?

Le retour du général Amadou Toumani Touré est une excellente nouvelle. J’ai toujours considéré que ce n’était pas bien pour le Mali que l’ancien président fût retenu. Certains ont dit un exil. J’ai préféré un voyage qui commençait à être trop long. Ce n’était pas à l’honneur de notre pays d’autant que je considère que le pronunciamiento de mars 2012 a été un triste événement pour notre pays, mais ça fait partie de l’Histoire. Nous vivons notre histoire avec des événements positifs et négatifs. Faisons en sorte que nous ne puissions plus commettre ce genre de faute. Nous sommes une république. Nous avons décidé que le pouvoir s’octroie par élection et que son exercice soit républicain. Le coup d’Etat et les bousculades armées sont d’un autre âge.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel vont répondre à une convocation en France pour clarifier leur position. Quelle analyse faites-vous de cette démarche de Macron ?

Je vais vous poser une question. Souvenez-vous que le président Macron, après son élection, a rendu visite à l’armée française à Gao et est venu au Mali pour participer au sommet du G5 Sahel au mois de juillet avec les 5 chefs d’Etat, au  Palais de Koulouba? Est-ce que les Français ont considéré que c’était une convocation ?

Mais le contexte est différent ?

Le président Macron a participé à plusieurs sommets avec nos chefs d’Etat. J’en ai couvert à Nouakchott, en marge du sommet de l’Union africaine en fin juin 2018. Vraiment, j’ai bien compris le sentiment qui a été exprimé lors de la première séquence. Je crois qu’il faut clore ce débat et savoir que la rencontre qui est prévue entre le président de la République française et nos chefs d’Etat est importante. Malheureusement, les terroristes se sont renforcés dans le Sahel. Vous avez vu les actions qu’ils ont portées contre chacune de nos armées. Cela nécessite une évolution dans la doctrine d’actions qui unit nos armées à celles de nos partenaires. Cette doctrine, il faut se mettre d’accord pour la clarifier. Bien entendu, les questions politiques surtout intérieures peuvent en effet devenir des sujets polémiques entre nos dirigeants. Je prétends que la menace terroriste est mondiale et il faut engager des actions pour notre sécurité collective. Je prétends aussi que ce phénomène a fait son chemin depuis les contrées très lointaines pour arriver chez nous. Les raisons de cette éclosion perfide du terrorisme dans notre sous-région sont localisées dans des pays souvent très loin de chez nous. Il est donc normal que ces pays nous aident à combattre le terrorisme. La France est l’ancienne puissance coloniale de notre pays. Il faut vider le contentieux colonial en essayant d’avoir des relations apaisées avec la France. Elle a été à nos côtés en 2013. Le premier militaire français tombé au Mali s’appelle Damien Boiteux. Tout le monde s’en souvient et nous ne pouvons pas gommer ce martyr de notre histoire. Nous avons des ancêtres qui sont morts sur le territoire Français, dans les tranchées européennes. Quand le président Hollande est arrivé ici le 2 février 2013, il a dit que la France était au Mali pour payer une dette de sang. Donc cette histoire commune militaire existe. Aujourd’hui, je n’ai aucun élément pour désigner la France comme l’ennemi du Mali. Je le dis et j’insiste, quand une nation est confrontée à son ennemi, il ne faut pas qu’elle le confonde avec ses amis. Il faut faire la différence entre ses ennemis et ses amis. Souvent la stratégie de l’ennemi consiste à intoxiquer la nation pour qu’elle confonde ses ennemis et ses amis. Les militaires français qui meurent au Mali constituent un sacrifice. Je ne pense pas que la France ait un intérêt quelconque à sacrifier ses enfants.

Quelle analyse faites-vous du combat contre la corruption ?

On ne peut pas se passer de telle mesure. La corruption favorise le terrorisme. La corruption du système profite au criminel. Un système corrompu où l’argent est plus fort que la loi favorise l’affaiblissement de l’Etat et le déni de droit. Il expose le pauvre et celui qui n’a pas accès à l’information ou à un certain niveau de connaissance. C’est un mal absolu et lutter contre ça, sans parler de la dimension spoliation des ressources publiques, est un renforcement du règne de la loi et du droit. Les arrestations et incarcérations sont appréciées par le juge. Il faut laisser la justice faire son travail, tirer ses conclusions.

Réalisée par Nouhoum DICKO et Bazoumana KANE

Source: Le Prétoire

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