Alors que le G5 Sahel renforce ses fonds sous le contrôle de Paris, l’Afrique est en proie au retour de 6000 dangereux terroristes revenant du Proche Orient dont certains sont signalés au Mali. La menace que représentent ces combattants de l’organisation Etat islamique(EI) a été évoquée lors d’une réunion sur les moyens de combattre le terrorisme organisée par l’Union africaine(UA) et l’Algérie à Oran dimanche 11 décembre. Et la coalition pour le Sahel se met peu à peu en place.
A Oran, le commissaire paix et sécurité de l’UA, Smaïl Chergui, avait notamment déclaré que l’Afrique allait faire face au retour de ces jihadistes partis combattre en Syrie et en Irak avec l’EI. Même son de cloche du côté de l’Algérie qui estime que le retour de ces djihadistes dans la région est un défi sécuritaire. Des sources locales ont confirmé la présence de certains au centre du Mali, dont un imam venu de la Syrie.
L’Union africaine a estimé que 6 000 combattants africains ont rejoint les rangs de l’EI en Syrie et en Irak, et ces milliers de combattants sont susceptibles de revenir sur le continent. Une des inquiétudes, selon une source algérienne, est que ces combattants convaincus par l’idéologie terroriste et formés au combat, sont capables de maîtriser l’usage des réseaux sociaux et d’internet.
Au même moment, une coalition internationale se met en place contre le terrorisme dans les pays du Sahel. Convoquée mercredi 13 décembre par le président français Emmanuel Macron, une réunion de soutien au G5 Sahel a ouvert la force régionale à des appuis de pays non africains.
Récolter plus d’argent
Ainsi, la force conjointe antiterroriste constituée par le Tchad, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie devrait recevoir un soutien politique et financier accru. Déjà, l’Arabie Saoudite a promis 100 millions de dollars et les Emirats Arabes unis ont proposé 30 millions de dollars.
A la réunion de Paris étaient présents des représentants de l’Union européenne (UE), de l’UA, les chefs des gouvernements belge et italien, la chancelière allemande, Angela Merkel, et des représentants des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.
En mars 2018, la force du G5 Sahel devrait compter environ 5 000 hommes issus des pays membres. Elle dispose de son quartier général à Sévaré et en début novembre, elle a fait sa première mission conjointe sous le nom de code « Haw Bi ». Toutefois, lors du sommet UE-UA d’Abidjan, fin novembre, Emmanuel Macron attirait l’attention sur le retard de l’agenda de la force anti-terroriste.
Le 23 février, un sommet des donateurs, beaucoup plus large, aura lieu à Bruxelles pour récolter plus d’argent. Les Pays-Bas ont promis 5 millions. Paris estime le budget de lancement de la force conjointe à 250 millions d’euros puis à 400 millions par an à plein régime. Pour l’instant, l’UE s’est engagée sur 50 millions d’euros, la France sur 8, chacun des cinq pays sahéliens sur 10 millions et les Etats-Unis sur 60 millions de dollars (50 millions d’euros) – mais sous forme bilatérale.
La part de l’ONU
Mais en attendant la conférence des donateurs en février, une étape intermédiaire est prévue. Les ministres de la Défense des cinq pays sahéliens et de leurs partenaires doivent se réunir avant la mi-janvier pour finaliser les arrangements techniques permettant d’accélérer les dons et de les convertir en équipements.
La France voulait un déploiement de la force sous le chapitre VII des Nations unies (ONU), ce que les Etats-Unis se souciant de réduire le coût des opérations de la paixn’ont pas accepté. Cependant, l’ONU a voté deux résolutions dont la dernière(le 8 décembre) autorise les casques bleus de la Minusma à apporter un soutien logistique à la force du G5 Sahel, particulièrement pour les évacuations médicales.
Selon des observateurs, le fait qu’on est désormais dans une logique de coalition implique les Etats-Unis. Une source proche de l’Elysée a indiqué qu’on entre dans une logique d’action collective dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, d’engagements contraignants. Ce qu’Emmanuel Macron appelle une « coalition Sahel ».
Soumaila T. Diarra
Le Républicain