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Tensions Mali-Algérie : grande mobilisation à Bamako pour dénoncer le rôle trouble de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme

L’ambiance était électrique ce lundi 8 avril 2025, vers l’après-midi devant l’ambassade d’Algérie à Bamako. Des milliers de Maliens, drapeaux en main et visages marqués par l’indignation, se sont massés aux abords de l’ambassade pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « provocation inadmissible » de la part de l’État algérien. En cause, l’abattage d’un drone malien par l’armée algérienne à Tinzaouatène, dans la nuit du 1er avril, un acte perçu par de nombreux citoyens comme un véritable casus belli.

Sous un soleil de plomb, brandissant des pancartes et scandant des slogans accusateurs, les manifestants n’ont pas mâché leurs mots : « L’Algérie est un État terroriste ! », « Parrain des terroristes ! », « Algérie va payer le drone malien ! ». Des accusations graves qui témoignent d’une fracture profonde dans la perception populaire du rôle de l’Algérie au Sahel, autrefois vue comme médiatrice dans la crise malienne, aujourd’hui soupçonnée de jouer un double jeu dangereux.

Un voisin accusé de trahison

La manifestation a pris des allures de réquisitoire populaire contre un pays considéré jusque-là comme frère. Plusieurs intervenants ont dénoncé la duplicité présumée de l’Algérie, qui, selon eux, se présente en arbitre tout en soutenant secrètement des groupes armés opérant dans le nord du Mali. Pour les manifestants, cette posture ambiguë ne peut plus être tolérée.

Moussa Sangho, leader d’une organisation de jeunesse, a été l’un des premiers à s’exprimer devant la foule. « Nous sommes ici pour dénoncer le mauvais voisinage de l’Algérie. Si ce pays était sincère dans la lutte contre le terrorisme, il n’aurait jamais abattu un drone malien destiné à protéger nos populations. » Il a appelé les autorités maliennes à faire preuve de vigilance et à ne pas céder aux manipulations extérieures, notamment occidentales, qu’il lie à l’influence de l’Algérie dans la région.

Un sentiment d’humiliation nationale

Une vive tension diplomatique s’est installée entre Bamako et Alger après la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne dans la nuit du 1er avril à Tinzaouatène, une zone frontalière stratégique. En réponse à cet acte qualifié d’« agression » par de nombreux citoyens, des milliers de Maliens en colère ont manifesté ce lundi 8 avril devant l’ambassade d’Algérie à Bamako.

Munis de pancartes et scandant des slogans virulents tels que « L’Algérie est un État terroriste » ou encore « Parrain des terroristes », les manifestants ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un comportement hostile et hypocrite d’un pays autrefois frère, aujourd’hui accusé de complicité avec les groupes armés sévissant dans le nord du Mali. Pour eux, l’Algérie ne peut plus se présenter en médiatrice tout en s’attaquant aux efforts de sécurisation menés par les autorités de transition.

La jeunesse malienne, fortement mobilisée, a rappelé l’histoire de solidarité entre les deux pays, tout en exigeant désormais le respect de la souveraineté malienne. Le président de la jeunesse d’Espoir Mali Kura, Abou Konaté, a souligné que le Mali avait soutenu l’indépendance de l’Algérie dans les années 60, et que ce « coup dans le dos » ne passerait pas inaperçu. À travers cette manifestation, les Maliens ont exprimé une volonté claire, celle de défendre coûte que coûte leur territoire, exiger des comptes et appeler leurs autorités à prendre des décisions fermes. La fracture semble profonde, et les jours à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir des relations entre les deux États voisins.

La jeunesse en première ligne

La mobilisation du 8 avril devant l’ambassade d’Algérie à Bamako a été fortement marquée par la présence massive de la jeunesse malienne, déterminée à défendre la souveraineté de son pays. Cette génération, consciente des enjeux sécuritaires et diplomatiques actuels, a exprimé un rejet catégorique de ce qu’elle perçoit comme une ingérence algérienne. Parmi les voix qui ont porté cette indignation, celle d’Abou Konaté, président du bureau national de la jeunesse de l’Espoir Mali Kura, a résonné avec force. Il a rappelé le rôle historique du Mali dans le combat pour l’indépendance algérienne, soulignant que le pays avait servi de base arrière à la lutte de libération dans les années 60. Selon lui, le geste de l’Algérie, l’abattage d’un drone malien sur le territoire national, constitue une trahison grave, une forme de « coup de poignard dans le dos ».

Face à cette situation, Abou Konaté a assuré que la jeunesse malienne resterait debout, mobilisée aux côtés des autorités de la transition et des Forces armées maliennes (FAMa). Il a salué l’engagement et la résilience des FAMa, qu’il considère comme les véritables remparts contre les menaces extérieures et les velléités de déstabilisation. Ce sursaut patriotique de la jeunesse traduit une prise de conscience collective et un appel à l’unité nationale autour des valeurs de dignité, de souveraineté et de résistance face à toute forme d’agression étrangère.

Un appel à la rupture ou à la réconciliation ?

Bien que la manifestation ait été dominée par une vive indignation et des slogans accusateurs, certaines voix, plus nuancées, ont tenté d’appeler à l’apaisement et à la mémoire partagée. Mohamed Cissé, un aîné respecté et manifestement touché par l’émotion, a tenu à rappeler la profondeur des relations historiques entre le Mali et l’Algérie. Dans une prise de parole sobre mais percutante, il a, lui aussi, évoqué le rôle du Mali dans l’accession de l’Algérie à l’indépendance, soulignant que « Modibo Keita s’est battu pour que l’Algérie accède à son indépendance ».

Pour lui, cette solidarité historique ne doit pas être oubliée dans le tumulte des tensions actuelles. « Aujourd’hui, nous demandons simplement que nos frères algériens se souviennent de cette histoire et respectent notre souveraineté », a-t-il déclaré. Par ces mots, Mohamed Cissé a tenté d’ouvrir une brèche vers une désescalade, rappelant que les liens entre les deux peuples sont profonds, et que la voie du dialogue et du respect mutuel doit primer sur celle de l’affrontement.

Une fracture diplomatique profonde

La manifestation organisée ce lundi devant l’ambassade d’Algérie à Bamako a marqué une rupture symbolique mais forte entre une partie du peuple malien et les autorités algériennes. Par des slogans, des pancartes et des discours fermes, les manifestants ont exprimé leur rejet de ce qu’ils considèrent comme une ingérence d’Alger dans les affaires internes du Mali, notamment à travers le soutien présumé à certains groupes armés et les récentes accusations concernant l’abattage de drones maliens.

Cette mobilisation populaire témoigne d’un profond attachement à la souveraineté nationale et à l’intégrité du territoire. Elle envoie également un message clair aux autorités de la transition. Le peuple attend des décisions fermes et une posture diplomatique alignée avec les intérêts du Mali. Dans un contexte régional déjà tendu et instable, les prochaines semaines seront déterminantes pour l’évolution des relations entre Bamako et Alger. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques, qui devront naviguer entre fermeté et prudence afin d’éviter une escalade aux conséquences imprévisibles.

 

Ibrahim Kalifa Djitteye

Source: Sahel Tribune

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