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Ténenkou : Haro sur les dépenses somptuaires des évènements sociaux

Localité enclavée et située en zone inondée de la Région de Mopti (Centre), Ténenkou est, de l’avis de tous ses habitants, une ville extrêmement chère, comparée aux revenus très faibles de la grande majorité de la population. Ici le taux de chômage est très important. Les principales activités sont l’agriculture, l’élevage et le commerce. Presque qu’un habitant sur deux dépend d’un parent qui est, soit à Bamako, ou dans les pays voisins. Malgré cette situation, le coût de la vie à Ténenkou est très élevé.

 

Zone agro-pastorale par excellence, ici, le prix du kilogramme de viande ou de poisson est de 2.000 Fcfa, le petit bol de lait à 200 Fcfa, une charrette du bois de chauffe à 20.000 Fcfa ou  25.000 Fcfa, le charbon de bois à 4.000 ou 5.000 Fcfa, souvent. Autres difficultés auxquelles sont confrontées les populations à Ténenkou, ce sont les évènements sociaux tels que les baptêmes, les mariages ou les décès. Malgré la conjoncture économique mais aussi la  crise sécuritaire que vit le Cercle depuis 2012, les baptêmes et les mariages sont célébrés en grande pompe.

Que l’on soit nanti ou pauvre, chacun célèbre son baptême ou son mariage de façon excessive avec comme conséquences des dépenses somptuaires, des endettements. Aujourd’hui quand vous avez de tels événements, au lieu de se réjouir, vous avez du souci à vous faire, face au casse-tête qui se présente à vous. Par exemple, pour un baptême, il faut avoir, tout naturellement, le mouton, puis le petit déjeuner aux invités, selon votre bourse, du haricot ou de la viande, ensuite le déjeuner.Pour les mariages, les premières dépenses commencent par les uniformes des femmes, ensuite les dépenses directes liées au mariage et, enfin, vient la plus grosse difficulté : les contributions que les uns et les autres apportent au marié.

En réalité, ce sont des contributions volontaires qui sont appelées « aides aux mariés ». Ces aides sont, dans la pratique, des crédits accordés aux mariés qui devront être remboursés par tous les moyens, quand leurs créanciers auront des événements similaires.
De nos jours, ces aides ont atteint des niveaux stratosphériques. Le phénomène est plus présent chez les femmes.

Ces contributions vont de 25.000 Fcfa jusqu’à 300.000 ou 400.000 Fcfa. Face à cette dérive, qui pousse les uns et autres à user de tous les moyens pour arriver à leurs fins, les populations s’organisent pour recadrer les baptêmes, les mariages et même les décès.

Ce sont les ressortissants de la ville de Ténenkou basés à l’extérieur, principaux pourvoyeurs de fonds de la ville, qui sont a l’origine de cette initiative et ont saisis les autorités traditionnelles de la ville pour mettre fin à cette pratique.

Des discussions, sous l’égide du chef de village de Ténenkou, avec d’autres notabilités ont démarré pour trouver une issue à ces problèmes. Une commission a été créée. Elle est composée de trois sous-commissions : une chargée du marché, une autre chargée des évènements sociaux et, enfin, une chargée du vol de bétails qui est aussi récurrent dans la ville.

Pour l’instant, seule la sous-commission chargée des évènements sociaux a commencé ses travaux. Désormais, les baptêmes et les mariages devraient être célébrés dans la plus grande sobriété. Plus de petit déjeuner ou de déjeuner lors d’un baptême. Une fois que le nom de l’enfant est prononcé, tous les invités sont priés de se retirer.

Pour les mariages, les uniformes et les contributions sous forme de crédit sont également prohibés. Tout contrevenant s’expose à des sanctions. Ces mesures sont bien appréciées par les populations même si beaucoup reconnaissent aussi que les baptêmes et les mariages n’auront plus la saveur habituelle. Tous espèrent qu’elles vont être respectées par tous et qu’elles dureront dans le temps, afin de permettre aux uns et aux autres de se sortir dignement de situations parfois très difficiles.

AMAP

Source : L’ESSOR

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