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Tendu refus de décaissement de 60 Milliards FCFA de la BM: De qui se moque le Ministre Sanou ?

A en croire le ministre malien en charge de l’Économie et des Finances face aux membres du CNT, la Banque Mondiale (BM) aurait refusé de mettre à la disposition du Mali les 60 millions de dollars conformément à l’accord intervenu entre les deux parties dans le cadre de l’amélioration de la fourniture d’énergie au Mali.

Le locataire de l’Hôtel des Finances au Mali insulte visiblement l’intelligence des Maliens. La preuve.
Face aux conseillers du CNT le jeudi 27 juin 2024, le ministre Sanou a en effet soutenu avec véhémence que «les conditions imposées par la Banque Mondiale (BM) ne sont pas en faveur de notre pays».

Et poursuit-il, «dans le cadre de l’amélioration de la fourniture d’énergie, ils [la Banque Mondiale et le FMI ndlr] sont d’accord pour mettre à la disposition du Mali 60 millions de dollars immédiatement pour permettre à Energie du Mali SA, [EDM, Ndlr] de faire face aux achats de carburants ou d’énergie à partir des pays de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et également de nous accompagner dans le cadre d’autres projets sur la réalisation d’infrastructures photovoltaïques pour charger le mix énergétique».

Aux dires du ministre malien, le Mali a déjà un accord avec le Niger qui s’est engagé à lui vendre son pétrole à un prix bas.

Mais dit-il, la BM insiste que les achats se fassent à partir des pays de l’OMVH (les pays traversés par le fleuve Sénégal) dont le Niger ne fait pas partie. Aussi, prétend-t-il, «la Banque exige du Mali, une baisse de la masse salariale» (le licenciement de salariés). Hum !

Et des commentateurs ont vite accouru à la rescousse pour prétendre que c’est parce que le Sénégal, pays de l’OMVS favorable à l’Occident, et désormais producteur de Pétrole et le Niger membre de l’AES hostile à Bruxelles…, que pour ces motifs donc, les Institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et
FMI) refusent le décaissement de la manne promise. Certains ajoutent même que «le Mali a été abandonné en plein vol par la Banque Mondiale». Le hic, est qu’il y a des gens qui croient dur comme fer à ces inepties. Ils ne sont pas blâmables. Et pour cause. Par des tours de passe-
passe dont ils ont seuls le secret les actuels tenants du pouvoir sont parvenus à tromper beaucoup de nos compatriotes. Venons-en à la réalité des faits.

Les engagements duMali à travers le Ministre Sanou face aux conditionnalités de la Banque Mondiale en Avril 2024 à Washington (USA)

A la tête d’une forte délégation, le ministre Alhousséni Sanou, en charge de l’Économie et des
Finances, a participé du 15 au 20 avril 2024 à Washington (USA), aux Réunions du Printemps
2024 du Fonds Monétaire International (FMI) et du Groupe de la Banque Mondiale.

Les rapports émanant de cette rencontre ont donné lieu à de nombreuses publications enthousiastes dans nationale au moment des faits

(avril-mai 2024). Voici quelques extraits : «Crise énergétique : La Banque Mondiale vient en aide à l’énergie du Mali : La Banque Mondiale s’apprête à soutenir le secteur de l’énergie au Mali pour atténuer la crise énergétique qui sévit dans le pays depuis un certain temps. À cette fin, un montant de 60
millions de dollars, soit 36 milliards de FCFA, sera mis à disposition pour renforcer les relations entre le
Mali et les Institutions de Bretton Woods.

Au cours de cette mission, le ministre de l’Économie et des Finances a eu des entretiens approfondis avec les dirigeants du FMI et de la Banque Mondiale, au cours desquels il a abordé les défis économiques et sociaux auxquels le Mali est confronté. Profitant de l’occasion, le ministre a exposé les défis persistants, tels que l’accès des populations aux services sociaux de base, ainsi que les priorités en matière de développement…

Dans le cadre spécifique de l’amélioration de la fourniture d’énergie, un accord a été conclu pour allouer
immédiatement 60 millions de dollars au Mali. Cette somme permettra à Énergie du Mali SA de couvrir les achats de carburants ou d’énergie, notamment en provenance des pays membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). De plus, la Banque Mondiale s’engage à accompagner le Mali dans la mise en œuvre d’autres projets, notamment la réalisation d’infrastructures
photovoltaïques afin de diversifier le mix énergétique du pays».

Vous avez certainement bien lu : «Cette somme [60 millions de dollars] permettra à Énergie du Mali SA de couvrir les achats de carburants ou d’énergie, notamment en provenance des pays membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)». Mieux ou pis!

«Un accord de 60 millions de dollars avec le Mali pour soit acheter l’Energie avec les pays de l’Omvs, soit du gasoil pour permettre aux centrales thermiques d’Edm-sa de fonctionner», a précisé le ministre Sanou. Il fut donc convenu et non imposé, depuis avril 2024 entre le Mali et la Banque Mondiale, de procéder à l’achat du carburant en provenance des pays de l’OMVS. Ce, pour des raisons que « Le Sphinx » évoquera plus loin.

Comment donc le ministre Sanou peut-il se rebiffer aujourd’hui et prétendre que «les conditions imposées par la Banque Mondiale ne sont pas en faveur de notre pays» ? Lui a-t-on tordu la main en avril 2024 à Washington ? Que non ! Aussi, c’est le Mali, au regard de la situation socioéconomique peu reluisante du pays, qui a sollicité les Institutions de Brettons

Wood. Pas le contraire. Et le demandeur a accepté les conditionnalités du donateur. L’on sait comment fonctionnent ces Institutions : à prendre ou à laisser ! Et rappelons-le : le ministre malien en charge de l’Économie et des Finances est banquier, censé connaître les rouages d’une banque fusse-t-elle inter-
nationale.

Mais qu’est-ce qui justifie donc cette volte-face des autorités maliennes d’autant que de l’avis des autorités maliennes, les partenaires du Mali que sont les Institutions de Brettons Wood, se sont désormais engagés à respecter la souveraineté du Mali,

ses choix partenariaux stratégiques, allusion faite aux pays comme la Russie, la Chine, la Türkiye et l’Inde ? Ceci est une autre histoire sur laquelle « Le Sphinx » reviendra certainement.

En attendant, les visiteurs maliens à Washington ont, en outre, évoqué «une baisse salariale» exigée par la Banque Mondiale. Une prétendue demande en flagrante contradiction avec le respect de la souveraineté évoquée plus haut.

Aussi, nulle part dans les rapports issus de la rencontre d’avril 2024 à Washington, il n’est question de «baisse de la masse salariale» au Mali. Ce n’était nullement une question à l’ordre du jour. Aucun rapport et commentateur n’en a fait allusion à l’issue de la rencontre de

Washington. Et c’est seulement maintenant que notre bon ministre en parle. Il est évident qu’une telle décision de la BM ne serait passée inaperçue depuis
avril 2024.

Par ailleurs, une baisse de la masse salariale sous-entend un programme d’ajustement structurel comme dans les années 80 au Mali. Et dans tous les cas, c’est le pays qui est demandeur.

Et un tel programme nécessite plus qu’une simple réunion ou Assemblée annuelle. Aussi, le Mali n’est pas demandeur d’un programme d’ajustement structurel. Pas à la connaissance de ses millions de citoyens.

Et pendant qu’on y est pourquoi une baisse salariale pendant qu’il est possible de réduire tout simplement le train de vie de l’État pour absorber le déficit ? Élémentaire ! Passons ! Pourquoi les pays de l’OMVS et non de l’AES ? Ce qui est dit est dit!

C’est parce que, prétendent certains, le Niger est pays de l’AES donc hostile à l’Occident que la Banque Mondiale tente de détourner les 60 millions de dollars promis au profit du Sénégal membre de l’OMVS plutôt favorable à Paris, Washington, etc.

Passons sous silence cette autre contradiction violant l’engagement des partenaires de respecter les choix stratégiques et partenariaux du Mali avec cette assertion biscornue.

L’Agence de notation américaine (MOODY’S), la Bible des Investisseurs du monde, a récemment «reconduit la note souveraine du Mali à «Caa2», un cran à peine au-dessus de la zone rouge du défaut de paiement». Moins prosaïque, les conditions d’investissement au Mali ne sont pas garanties. Tout investisseur risque d’y perdre ses plumes. Rappelons que l’Agence MOODY’S est la référence mondiale et sert de phare à tous les Investisseurs étrangers. Il n’est un secret pour personne qu’aujourd’hui, les
comptes de notre pays sont dans le rouge et nous ne sommes qu’en début juillet. Ce qui veut ,

il nous sera très difficile de boucler le budget de cette année.

On est à 700 milliards de déficit budgétaire, et Sanou ne sait pas où trouver cet argent. Ce réaménagement budgétaire est une façon de prioriser les dépenses.

C’est un prélude inévitable à une nouvelle loi des finances, pour corriger le budget 2024 qui n’est plus tenable

En avril 2024, l’accord établi entre nous le FMI est très clair : le pays (Mali) doit se ravitailler auprès des pays de l’OMVS pas de l’AES. Ce qui est dit est dit !

Ce qui est par contre totalement aberrant, ce sont les errements du ministre malien en charge de l’Économie et des Finances. Tout avait été dit, juré et craché!

D’ailleurs ne dit-on pas que la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne.

Malheureusement ce à quoi on est en train d’assister n’incite pas à l’optimisme. Les dépenses somptuaires de l’État et de ses « soutiens », les détournements de deniers publics -notamment à l’EDM- défraient la chronique.

Ce qui est grave est que les dirigeants actuels de notre pays, après avoir plus que résisté, risquent de donner raison à

Alassane Dramane Ouattara et Boubou Cissé qui, dans une vidéo qui est devenue virale, les traitaient de naïfs et d’incompétents.

 

Le Sphinx

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