Du vide, il y’en a beaucoup dans le quotidien de nombreuses personnes ces dernières semaines. Pour cause : les mesures visant à limiter la propagation du Coronavirus.
« La nature a horreur du vide », ecrivait le philosophe antique Aristote. Le monde éducatif ne dira pas le contraire. Privés d’écoles, de grands rassemblements, et de sortie au-delà de 21h, beaucoup élèves et étudiants trouvent refuge dans NTICs, notamment les réseaux sociaux.
« Je ne fais que me connecter ces temps-ci. J’utilise même des réseaux que je n’utilisais pas auparavant. C’était pour moi un passe-temps, maintenant c’est mon quotidien », témoigne Yehia Boré, étudiant en communication. Le jeune homme indique être inséparable de son téléphone, qui désormais l’aide à rendre le temps moins long.
Son ami Siaka Coulibaly, étudiant à l’Ecole normale supérieure, évoque lui aussi une augmentation fulgurante de son temps de connexion. « Avant le Covid-19, je sortais tous les jours sans exception. Mais maintenant, je passe toute la journée à la maison, connecté, sauf en cas de coupure d’électricité. Je discute avec les amis pour m’échapper de la solitude », confie le jeune homme.
L’augmentation du temps de connexion, notamment chez les jeunes, favorise la multiplication des « challenges », des petits défis amusants. Ces jeux virtuels rencontrent un véritable succès sur les plateformes comme Facebook, Twitter, ou Whatsapp.
« C’est un bon passetemps, un moyen de faire que le confinement ne soit pas ennuyant. Même si certaines personnes en abusent, les challenges sont faits pour se distraire, et égayer sa journée », soutient Mariam Coulibaly. Cette étudiante en génie électrique est, comme plusieurs de ses amis, une férue des défis sur Twitter.
Si on peut trouver certains challenges puérils, beaucoup sont destinés à passer un message ou attirer l’attention sur une problématique. C’est le cas du #safehandschallenge, lancé au début de la pandémie du Covid-19. Il vise à sensibiliser sur le lavage des mains.
Dans une vidéo de quelques secondes, ceux qui le relèvent se filment en train de se laver les mains au savon. Plusieurs personnalités comme Kamissa Camara, ministre de l’Economie numérique et de la prospective ou encore Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma, ont d’ailleurs relevé le challenge.
Mais, le défi qui est devenu viral, chez les jeunes, est indéniablement le fameux #DontRushChallenge. A l’origine, un hashtag lancé par huit étudiantes britanniques. Il a trouvé de nombreux adeptes chez la communauté malienne du réseau social Twitter.
Le défi est simple : montrer à quel point on pouvait changer d’apparence physique dans une vidéo à travers un coup de brosse ou du maquillage. Ils sont nombreux les jeunes qui se sont essayés à ce challenge. Comme Mariam Coulibaly, elle argue que de tous les challenges, celui-ci est le plus amusant. « Mais pour d’autres c’est un truc vulgaire et qui nous expose sur les réseaux. Et certains vont jusqu’à en faire une affaire de compétition », nuance-t-elle.
Retour en force de la lecture. Lire et montrer ses lectures, c’est le but d’un autre défi lancé par un groupe de jeunes étudiants. « Je lis des livres et pour partager nos lectures avec les autres et les motiver à lire, nous avons, depuis le début du Covid-19, mis en place des challenges sur les réseaux », explique Siaka Coulibaly, qui est aussi membre d’un club de lecture. Le challenge qu’ils ont lancé est très apprécié des amoureux des livres. Il consiste à poster les photos de couvertures des livres qu’ils ont lus et aimés pendant dix jours, en invitant des amis à faire pareil.
Yehia Boré, ayant aussi participé à ce challenge, estime qu’il permet de transmettre l’amour de la lecture aux autres et de les pousser vers les livres. « Quand on publie une couverture, les gens demandent à avoir le livre. A chaque fois que je faisais une publication, un ami me demandait de lui envoyer le livre. J’aurais, en ce sens, permis à dix personnes au moins, pendant les dix jours, à lire un livre », explique Siaka Coulibaly.
Le confinement stimule le génie créateur des utilisateurs des réseaux sociaux à se créer des occupations. Les amateurs de défis en tout genre vont-ils continuer à se la couler douce ? Les responsables de l’Education annoncent le début de cours à la télévision et à la radio. De quoi donner un peu d’occupation à certains.
Mohamed TOURÉ
Source : L’ESSOR