PROPOSITIONS. La commission interne au dialogue national, chargée de plancher sur les sujets déterminants pour l’avenir du pays, a rendu sa copie.
C’est un moment très attendu dans le cadre du processus du dialogue national qu’a lancé le Tchad le 20 août dernier. En effet, les propositions de la commission interne au Dialogue de réconciliation nationale au Tchad sont déterminantes pour la vie politique du Tchad. Elle a rendu son verdict mercredi 28 septembre et proposé, en résumé, de prolonger de deux ans la transition vers des élections, de maintenir à la tête de l’État le chef de la junte militaire et de l’autoriser ensuite à briguer la présidence dans les urnes.
Ce Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) a été lancé laborieusement le 20 août, seize mois après que le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l’armée président de la République au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre les rebelles.
À la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) de quinze généraux, il avait abrogé la Constitution, dissous le Parlement et limogé le gouvernement.
Mais il avait aussitôt promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections « libres et démocratiques » après une « transition » de dix-huit mois, renouvelable une fois. Il s’était également ensuite engagé auprès des Tchadiens et de la communauté internationale, qui l’adoubait aussitôt, à ne pas se présenter à la future présidentielle.
Une phase décisive pour le futur État tchadien
À deux jours de la clôture prévue du DNIS, une commission interne a donc proposé mercredi à des centaines de délégués d’adopter les résolutions suivantes : « renouveler la transition de vingt-quatre mois au maximum », « maintenir en fonction le président du CMT [Mahamat Déby, NDLR] qui devient le président de transition ». Mais, surtout, la commission propose que « tout Tchadien en général et les dirigeants de la transition en particulier soient électeurs et éligibles » dans deux ans.
En l’absence d’une grande majorité de l’opposition politique et des organisations de la société civile qui le boycottent, ainsi que de deux des trois groupes armés rebelles les plus puissants et les plus redoutés, il y a peu de chance que le DNIS rejette ces propositions.
Les applaudissements et les clameurs d’approbation soulevés dans l’immense salle abritant le DNIS à N’Djamena à la lecture de chaque proposition ne laissaient d’ailleurs guère de place au doute.
Mais un des responsables de l’organisation, sous le couvert de l’anonymat, a affirmé à l’AFP que le DNIS ne pourrait se clore comme prévu ce vendredi 30 septembre en raison de nombreux débats encore à tenir avant l’adoption de toutes les résolutions.
Un dialogue qui continue de diviser les Tchadiens
Le 20 avril 2021, l’armée avait annoncé la mort du président Idriss Déby Itno, qui dirigeait d’une main de fer ce vaste pays d’Afrique centrale depuis trente ans. Elle nommait immédiatement un exécutif de « transition » de quinze généraux avec à sa tête le jeune général Mahamat Déby, 37 ans.
Quelques jours après ses promesses, ce dernier était adoubé en grande pompe aux obsèques de son père par les représentants de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE), dont la France, représentée par son président Emmanuel Macron, quand elles vilipendaient et sanctionnaient ailleurs en Afrique les militaires putschistes au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Soudan.
L’armée tchadienne est le principal pilier régional, au côté de celle de la France, dans la guerre contre les djihadistes au Sahel.
La communauté internationale avait toutefois demandé à Mahamat Déby de ne pas prolonger la transition au-delà de dix-huit mois pour rendre le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter à la présidentielle ensuite.
Mais le chef de la junte avait porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant dix-huit mois de plus « si les Tchadiens ne parviennent pas à s’entendre » et en remettant son « destin » à « Dieu » sur une éventuelle candidature.
La commission interne a également proposé mercredi au DNIS un mandat de six ans pour le futur président élu, renouvelable une seule fois « sans possibilité de révision », même par référendum.
Source : Le Point Afrique (Avec AFP)