Une semaine après son départ du gouvernement, Me Mountaga Tall n’a trouvé mieux que d’inonder les réseaux sociaux et certains médias locaux d’une longue liste d’actions et de littérature, présentée comme son bilan à la tête du ministère de l’Economie Numérique et de la Communication (MENUC) et de porte parole du Gouvernement. Ignorant qu’une telle démarche est malsaine et trop prétentieuse pour un chef de département qui n’a fait que moins de 9 mois dans son fauteuil, du coup il cherche à jeter le discrédit sur tous ses prédécesseurs, surtout lorsqu’il s’agit d’un bilan qui ne résiste à aucune analyse sérieuse. Un véritable bilan de caniveau cousu de contrevérités.
Le président du CNID Faso Yiriwaton, semble réellement en désespoir de cause depuis son éviction de l’attelage gouvernemental. Comme un blessé de guerre, il n’a plus que ses yeux pour pleurer et son mouchoir pour essuyer ses larmes. Pour exprimer son amertume vis-à-vis du pouvoir et redorer son blason, frustré d’avoir été mis à l’écart, il n’a trouvé autre chose que de se fabriquer un bilan (tiré par les cheveux) comme étant ses réalisations durant son passage à la tête du ministère de l’Economie numérique et de la Communication et en tant que porte parole du Gouvernement. Ce faisant, il a trié, comme un dossier de procès, tous les acquis de ses prédécesseurs pour se l’attribuer. Quelle honnêteté intellectuelle ! Plutôt, quel manque de modestie et d’humilité !
Un bilan plein de contre-vérités!
Il est outrageux de dire à un ministre qu’il n’a rien fait, même si sa gestion d’un portefeuille fut de courte durée. Car le simple fait d’avoir été nommé ministre dans un gouvernement de la République constitue un privilège qui n’est pas donné à tout le monde.
Cependant, force est de constater que Me Mountaga Tall qui se tresse lui-même des lauriers (yèrè fô) n’a pas été un ministre brillant comme il veut le faire croire. Aussi bien lorsqu’il avait en charge la gestion du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (où il fut remplacé par sa conseillère technique) que de celui de l’Economie Numérique et de la Communication (où il n’a été que l’ombre de lui-même). Concernant ce dernier portefeuille, trois domaines étaient dévolus à son département : l’économie numérique, la communication et la fonction de porte parole du Gouvernement. Au fait, on ne sait pas sur lequel de ceux-ci l’on peut déduire que Me Tall a laissé ses marques. Rien de significatif, pouvant nécessiter une telle emphase. C’est pourquoi de l’avis de beaucoup d’observateurs, ce bilan que Me Tall s’attribue comporte de nombreuses contrevérités.
D’abord dans son premier titre, relatif au ‘’renforcement du dialogue social’’. A ce niveau, Me Tall affirme que, grâce à ses actions « Les difficultés rencontrées ont pu ainsi être gérées au fur et à mesure », qu’à ce jour aucune grève n’a été observée ni aucun préavis de grève déposé. Par la suite, il égrènera un long chapelet d’acquis dont les doléances du Syndicat de l’ORTM, du syndicat de l’AMAP, des revendications salariales du syndicat de la SOTELMA des problèmes salariaux posés par le syndicat de LA POSTE : autant de doléances, toutes satisfaites ou en voie de l’être au moment de son départ.
Or, dans les faits, rien à ce niveau ne peut être mis à l’actif de Me Mountaga TAll. Car, la seule grève qui a affecté le MENUC concernait celle du syndicat de l’ORTM, dont le dernier round date des 27, 28 et 29 janvier 2016, soit 6 mois avant son arrivée à la tête du département. Quant il arrivait presque tous les points de revendication des syndicalistes de l’ORTM étaient satisfaits, à l’exception du point portant sur l’abrogation de la loi portant sur la restructuration de l’ORTM (décision de création de la SMTD). Cette loi n’a pas été abrogée, donc il n’y avait pas matière à faire grève à l’ORTM. Même les initiatives du DG de l’ORTM (concernant l’organisation de son service et de ses programmes), Me Tall se les attribue.
Concernant la doléance du syndicat de l’AMAP portant sur l’intégrité de leurs locaux dont une partie était destinée au centre d’alerte précoce de la CEDEAO, sa résolution a été possible quand le Premier ministre, sous la menace de grève du syndicat de cette agence, a retiré sa décision d’attribution à la CEDEAO (ce qu’il avait refusé 10 mois auparavant). Peut-on mettre cela dans le lot des acquis personnels de Me TALL ? Assurément non, car c’est plutôt un acquis du syndicat des travailleurs de l’AMAP.
Pour ce qui concerne la POSTE, il n y’a jamais eu de grogne que sous le magistère de Me TALL. Les travailleurs ont protesté contre une décision de leur P.-D.G, prise en parfaite accord avec le ministre, portant sur la modification de leur grille salariale. Sous leur pression le P.-D.G fut obligé de revoir sa copie, cette fois ci encore avec l’accord de son département de tutelle. Et ce colmatage suscite toujours la colère des agents de la Poste, qui n’en ont vu que dalles.
Où se trouvent donc les acquis de Me Tall dans le renforcement du dialogue social, durant tout son séjour au MENUC ?
Au niveau de la SOTELMA, le paiement de l’avance sur les dividendes des travailleurs était un dossier en cours de traitement au niveau du ministère des Finances et de celui des Domaines depuis plus de 10 mois. Ministères qui ont fini par accorder leur violon, dès les premiers mouvements d‘humeur des travailleurs de la SOTELMA. Et ce, avant l’arrivée de Me TALL au MENUC. A défaut de garder le silence, l’honnêteté intellectuelle aurait dû conduire Me Tall à reconnaître qu’il a été nommé au moment où le dossier était bouclé entre ses deux anciens homologues ministres.
Une tentative de victimisation sur fond de mégalomanie!
Inutile de revenir sur tous les points énumérés dans la longue liste d’acquis que Me TALL s’attribue sur papier, car certains frisent le ridicule. Ainsi, la nouvelle grille de l’ORTM, au sujet de laquelle il se glorifie « de l’instauration de débats contradictoires y compris avec l’opposition politique et la société civile ». Le relèvement à 300% de l’aide publique à la presse et la construction de la nouvelle imprimerie de l’AMAP. Rien que pour le dernier point, on n’a pas besoin d’être du milieu de la presse pour savoir que quand Me Tall arrivait au ministère, le bâtiment de l’imprimerie de l’AMAP était en phase terminale. D’ailleurs, dès la publication de son fameux bilan, des travailleurs de l’AMAP sur les réseaux sociaux n’ont pas manqué de lui remonter les bretelles sur cette question.
Doté d’un égo hypertrophié, Me TALL en procédant à la publication de ce qu’il considère comme ses réalisations, entend tout simplement conditionner l’opinion sur le fait qu’il fut ‘’le meilleur ministre’’ par rapport à tous ceux qui l’ont précédé. Il veut coûte que coût mettre à son actif toutes les actions, réformes et œuvres de beaucoup de ses prédécesseurs. C’est pourquoi, dans ce bilan, il n’a eu aucune peine d’aligner une liste de textes de lois et de décrets au compte de ses actes posés dans le domaine des « mesures législatives et réglementaires » en moins de 9 mois de gestion alors qu’il est connu de tous que l’action publique étant une continuité, il est bien difficile de mettre à l’actif d’un seul ministre la paternité d’une loi. Car, après l’initiative de la loi discutée en premier lieu dans le cabinet du ministre, le processus de consultations s’enclenche avec les discussions en réunion interministériel, en coordination des Secrétaires Généraux, en conseil de cabinet du Premier ministre, en Conseil de ministres, devant des commissions et la plénière de l’Assemblée nationale… Comment un seul ministre, qui, de surcroit, n’a fait que 9 mois de gestion peut-il s’attribuer la paternité de tous les textes de loi au niveau de son département ?
La vérité, selon nos sources, c’est que Me Tall n’a initié aucune Loi, encore moins une Ordonnance ou un Décret. Il a trouvé que le processus d’adoption desdits textes, initiés par plusieurs de ses prédécesseurs, étaient en phase terminale. C’est-à-dire au SGG (Secrétariat Général du Gouvernement) pour être programmés en Conseil des ministres, ou sur le bureau de l’AN. Nous le mettons au défi de citer un seul texte qu’il a initié depuis son arrivée au ministère.
En outre, comme porte parole de gouvernement, il dira sans retenue que lui et son équipe ont veillé à restituer et à valoriser l’action gouvernementale, « sans jamais tomber dans la dithyrambe, l’invective inutile ou le « one man show ». Cela comme si les citoyens avaient déjà oublié la mauvaise communication concoctée par lui autour de nombreuses affaires, dont celle du fameux accord de réadmission des migrants d’Europe. Surtout lorsqu’il dira à l’opposition, mais surtout à l’opinion publique nationale qui s’interrogeait légitimement qu’il s’agit de ‘’débats de caniveaux’’.
Il reste le seul ministre qui, après chaque éviction s’adonne à la publication du dossier de passation de services, qui détermine le niveau réel des dossiers du cabinet, comme le bilan de ses réalisations. Loin d’une démarche de transparence, cette démarche politicienne n’est en réalité qu’une tentative de s’auto- victimisation. Cela afin que l’opinion publique s’indigne contre le président de la République et son Premier ministre pour avoir relevé un Ministre ‘’travailleur’’.
La sagesse qui sied à son rang aurait dû le guider à garder le silence et savoir que le Gouvernement est un passage. Sur près des 20 millions de Maliens que nous sommes, si l’on a eu la chance d’y siéger, il faut rendre grâce à Dieu et cesser de taper sur un tambour, dont la mélodie ne fait plus danser. Le sait-t-il ?
Nous reviendrons là-dessus plus en détails.
Mimi Sanogo
Par Le Sursaut