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Tabital Pulaaku Mali sur l’Affaire de Ke-Macina: l’Etat appelé à faire face à ses responsabilités

L’Association Tabital Pulaaku Mali a organisé ce samedi à la Maison de la Presse une conférence de presse suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du Delta, la recrudescence des attaques et les derniers affrontements intercommunautaires.

Abdoul Aziz Diallo Président association Tabital Pulaaku Mali conference

La conférence était animée par le Président de Tabital Pulaaku Mali, M. Abdoul Aziz Diallo. Plus d’un millier de personnes étaient présentes, dont les huit (8) coordinations, Kisal et de le Collectif, les de cadres et légitimités traditionnelles, les éleveurs et marchands de bétail, de nombreux jeunes hommes et femmes venus de tout le Mali.
Face aux hommes de presse et surtout les membres de l’Association venus en grand nombre, Diallo Abdoul Aziz s’est fait le devoir de faire un point exhaustif de la situation sécuritaire, l’état des lieux des différends et attaques perpétrées contre les Peuls dans le Macina, le Haïre, le Seno, et partout au Mali.
Le Président de Tabital Pulaaku Mali, M. Abdoul Aziz Diallo a dénoncé la « stigmatisation », les « exactions » et les « arrestations arbitraires » que subissent la communauté et les populations civiles peules tout en pointant un doigt accusateur sur l’armée et les milices Dozos.
Plaidant fortement pour l’apaisement et l’entête intercommunautaire ainsi que la paix dans notre pays, l’Association Tabital Pulaaku, à travers son président recommande : « l’arrêt de toutes les formes d’amalgame et de stigmatisation ; la libération des personnes arrêtées arbitrairement par l’armée ; la dislocation des toutes les milices dans un délai d’un mois maximum ; l’arrestation des auteurs des crimes et leur traduction devant les instances juridiques compétentes, sans conditions ».
Remerciant les membres des coordination pour leur déplacement, Diallo Abdoul Aziz laisse entendre que cette rencontre n’est qu’un début dans la mobilisation. Le Président de Tabital Pulaaku Mali, soucieux de l’apaisement social, a appelé l’État à faire face à ses responsabilités. Pour ce faire, il annonce qu’une commission devrait rencontrer très vite le Président de la république, pour un échange direct avec lui.
Rappelons que des équipes de Tabital Pulaaku Mali sont depuis la semaine dernière à Ke-Macina pour apporter aide et assistance aux rescapés, aux veuves et orphelins, aux blessés, et rechercher les disparus et autres personnes en nécessité.

Déclaration de Tabital Pulaaku Mali

La République du Mali a connu, à partir de 2012, la crise sécuritaire la plus importante et la plus douloureuse de son histoire.
Partie du septentrion du pays et animée par des groupes armés aux revendications différenciées, la crise s’est progressivement étendue sous des formes diverses à toutes les régions du Mali (Nampala dans la région de Ségou, Misséni dans la région de Sikasso , Hôtel Byblos à Sévaré…) et au District de Bamako (Restaurant La Terrasse, Hôtel Radison BLU…).
Elle a touché directement ou indirectement les maliens de toutes conditions sociales, de toutes activités socioprofessionnelles, de toutes confessions religieuses et de toutes origines ethniques.
Toujours d’actualité , la crise s’est soldée par des centaines victimes civiles et militaires, de nombreuses exactions et persécutions , des vols et des viols, la fermeture de services sociaux de base essentiels (établissements scolaires, services de santé…), le saccage de fleurons de notre patrimoine culturel, la dégradation ahurissante et fulgurante de conditions d’existence des populations maliennes.
Si de 2012 à 2014 les effets de la crise étaient plus intenses dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou, il apparait nettement que la région de Ségou et celle de Mopti ont progressivement pris le relais avec une recrudescence inégalée de l’insécurité.
Au fil du temps et malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ,le Nampalaari et le Kurmaari dans la région de Ségou, le Kaareeri, le Haayre et la partie du Delta intérieur du Niger comprise entre Ké-Macina et Youwarou sont devenus des espaces de non droit :
• enlèvements et disparitions de leaders communautaires ;
• assassinats en séries de légitimités traditionnelles et d’élus locaux ;
• conflits intra et intercommunautaires particulièrement meurtriers sur fond de litiges présumés mal jugés.
• exil forcé de leaders communautaires sur fond d’intimidation et de menace de représailles ;
• déplacement de populations sous menaces de représailles.
Il serait fastidieux de dresser la liste, qui dans tous les cas ne saurait être exhaustive, des victimes de la crise au centre du pays.
Qu’il suffise, en termes d’illustration par les cas emblématiques de rappeler :
-le massacre de Doungoura (commune rurale de Toguéré Coumbé, cercle de Ténenkou) du 18 mars 2013 qui aura fait une vingtaine de morts enfouis leurs bourreaux dans un vieux puits ;
-l’hécatombe de Maleymana (commune rurale de kaaeri, cercle de Ténénkou) du 1er mai 2016 d’un bilan d’une trentaine de morts ;
-l’enlèvement non revendiqué d’un conseiller communal de Boni à la veille de l’élection des conseillers communaux du 20 novembre 2016 et du gardien de service de justice de Douentza le 16 février 2017 ;
– l’assassinat, en l’espace de trois mois, dans le cercle de Douentza, des chefs de village de Kéréna et de Koubou, des maires des communes rurales de Boni et de Mondoro ;
La liste est évidemment très loin d’être exhaustive. L’actualité nous impose cependant de mettre en exergue, ce qui pourrait être appelé, la semaine noire ou la semaine de feu.
En effet, la semaine du 06 février 2017 a été marquée d’une part par le ratissage du village de Dialloubé, commune rurale du même nom et la barbarie de Ké-Macina.
Dans le cercle de Macina, les 11 et 12 février 2017 l’attaque d’une milice « Donso » s’est soldée par des dizaines de morts dans les villages de Diawaribougou, Toundé et Tyaguel qui ont été incendiés et saccagés par les assaillants.
A Dialloubé, la descente des forces de défense et de sécurité en mission de protection des personnes et de leurs biens a été conclue, le 11 février 2017, par la mort d’une personne, des blessés et l’arrestation d’une vingtaine de personnes suspectées d’allégeance à des groupes de terroristes.
Le hic dans cette opération est que les personnes arrêtées l’ont été en ville alors que les repaires des présumés terroristes sont l’un à une dizaine de kms de Dialloubé (entre Dialloubé et le village dit de Diakankooré) et l’autre dans la forêt de Koubaye.
Tout se passe dans cette affaire comme si on épargnait volontairement le présumé coupable pour s’en prendre à l’innocent.
Il a été indiqué plus haut que la crise s’est répandue sur l’étendue du territoire national et qu’elle n’a épargné aucune catégorie socio-économique.
Il apparait cependant nettement que dans le centre du Mali, elle a semé le deuil, provoqué des larmes et le désespoir davantage en « pays peul », au sein de la communauté culturelle peule.
Ainsi, c’est sur les terroirs en dominante culturelle peule que s’est désormais cristallisée l’insécurité, notamment après la signature de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
L’annonce de la création hypothétique du Front de Libération de Macina dit de Hammadoun Kouffa aura été de nature à cultiver l’amalgame :« tout peul est partisan de Hammadoun Kouffa, est djihadiste, est terroriste ».
Ainsi, des dizaines de jeunes bergers, des notabilités de la religion musulmane taxés de djihadistes, en accointance, voire à la solde du flamboyant prêcheur, seront arrêtés, torturés envoyés en prison, à Sévaré, à Douentza, à Ténenkou, à Niono, au Camp I de la gendarmerie ou à la prison centrale de Bamako.
A Tabital Pulaaku, nous sommes acquis à la conviction que le déficit dans l’analyse des réalités locales, l’absence prolongée de tout symbole de l’Etat dans plusieurs localités, l’entretien de la confusion, la pratique abrupte du délit de faciès ont porté un préjudice certain à la cohésion sociale. Y faire sereinement face serait déjà un début de solution.
Il est plus que temps de mettre fin aux clichés, aux construits sociaux mal assimilés, désuets, obsolètes.
1. Suite aux douloureux événements intervenus récemment à Ké Macina l’Association Tabital Pulaaku et l’ensemble de la communauté présentent leurs condoléances les plus sincères aux familles endeuillées, aux autorités et populations de Ké Macina et de Dialloubé et souhaitent prompt rétablissement aux blessés ;
2. Tabital Pulaaku condamne fermement, vigoureusement, les atteintes graves aux droits de l’homme perpétrées sans discernement contre des personnes innocentes et invitons les pouvoirs publics à faire prendre les dispositions qui s’imposent de droit pour leur rendre leur liberté.
3. Tabital Pulaaku déplore, dénonce et dément avec vigueur la légèreté de certains médias internationaux qui, de façon tendancieuse, qualifient de «djihadistes» les paisibles populations pasteurs de la région de Mopti ; Ce qui a favorisé la naissance et la prospérité de l’amalgame savamment entretenu que « Tout peul est un terroriste ou collaborateur de terroriste »
4. Tabital Pulaaku s’insurge contre l’amalgame créé et entretenu qui fait de tout peul un terroriste et déplore l’arrestation arbitraire de personnes innocentes comme ce fut le cas à Dialloubé où des malades venus se soigner au dispensaire ont été violemment arrêtés conduits en prison à Bamako ;
5. Tabital Pulaaku demande la libération immédiate et inconditionnelle des personnes arrêtées à Dialloubé et de tous les autres innocents injustement détenus souvent depuis longtemps;
6. Tabital Pulaaku soucieuse du retour de la Paix sur tout le territoire du Mali a toujours œuvré auprès de toutes les bonnes volontés pour l’obtention non seulement de la paix mais aussi et surtout de la bonne coexistence, du bon vivre ensemble et la collaboration entre toutes les communautés ;
7. Tabital Pulaaku qui, avec les autres associations et les bonnes volontés a entrepris plusieurs démarches auprès des autorités du pays, constate aujourd’hui avec amertume qu’aucune préoccupation soulevée au forum de Mopti ou lors de rencontres avec le Gouvernement, qu’aucune proposition faite dans le sens de l’apaisement n’ont reçu de suite. Mieux des milices dites « dozos » qui avaient commis des crimes abominables dans la commune de Djoura continuent à écumer la région dans une impunité totale et viennent de tuer plusieurs dizaines de femmes et d’enfants. Tabital Pulaaku s’ éleve rigoureusement contre l’impunité dont bénéficient des auteurs de crimes contre des populations qui méritent elles aussi d’être protégées et se réserve le droit de saisir les juridictions nationales et internationales pour que la justice soit dite et que les victimes de l’arbitraire et de la haine rentrent dans leurs droits ;
8. Tabital Pulaaku exige une enquête indépendante et impartiale non seulement pour le cas de Ké Macina mais aussi pour établir la vérité et cerner toutes les menaces graves qu’entraînent ces conflits récurrents ;
9. Tabital Pulaaku invite le Gouvernement à procéder à la dislocation de toutes les milices et à la récupération de toutes les armes illégalement détenues dans la région de Mopti dans un délai maximum d’un mois et à juger les présumés assassins de Djoura et à diligenter l’enquête pour les événements de Ké Macina ;
10. Tabital Pulaaku invite le Gouvernement à prendre toutes les mesures idoines pour le règlement du problème de Sari dans le cercle de Koro et le retour rapide des milliers de réfugiés peuls qui sont depuis 4 ans au Burkina Faso dans le dénuement le plus complet ;
11. Tabital Pulaaku invite le Gouvernement du Mali à protéger tous les citoyens surtout les plus fragiles notamment les éleveurs transhumants éparpillés en cette saison dan toutes les zones de conflit ; Ces éleveurs transhumants sans défense (parce qu’un éleveur peul avec un coupe – coupe ou en possession du plus petit couteau est un terroriste qui a sa place au cimetière ou à la prison) sont des cibles des milices qui volent et tuent et les hommes et les bêtes ;
12. Tabital Pulaaku demande à toutes les bonnes volontés d’appuyer les veuves, les orphelins, les déplacés de Ké Macina, de Djoura et de Nampala qui ont un besoin pressant d’assistance. Cet élan humanitaire doit également concerner le cheptel qui ne peut aujourd’hui joindre les points d’eau et les pâturages ;
13. Enfin Tabital Pulaaku, malgré en appelle au calme et à la retenue. Les communautés et toutes les communautés doivent continuer, comme par le passé, leur voisinage pacifique dans leur intérêt et dans celui du Mali. Le gouvernement est fortement interpellé par la dégradation rapide de la situation sécuritaire dans le Centre du pays et dans la Région de Mopti et qui, de toute évidence, sont devenus un enjeu crucial du processus de normalisation du Nord, du Sud et du pays dans son entièreté.

 

Source: info-matin

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