Depuis déjà quelques jours, le système éducatif camerounais se trouve paralysé, les tensions sont en hausse dans le pays à cause d’un livre d’éducation sexuelle destiné aux élèves de la cinquième année jugé incitateur aux pratiques sexuelles par les enfants. Cette ficelle a été tendue par l’opposition.
Tout est parti de quelques publications sur les réseaux sociaux. Des publications à travers lesquelles des internautes camerounais se plaignaient du contenu de ce programme d’éducation sexuelle enseigné à leurs enfants, frères ou sœurs en classe de cinquième à travers ce nouveau livre du programme et qui s’intitule L’excellence. En se rapportant à leurs dits, nous comprenons qu’il s’agit bien d’un ouvrage apprenant aux enfants, dessins à l’appui, des techniques sexuelles jugées déviantes comme la sodomie, la fellation, l’homosexualité, la Zoophilie, etc. Des attaques virtuelles, les Camerounais se sont retrouvés dans le réel. Les parents se sont plaints dudit livre jusqu’à demander son retrait pur et simple du programme éducatif de leurs enfants. Certains d’entre eux se sont plutôt montrés catégoriques en décidant de ne pas acheter un tel livre pour leurs enfants puisque ne servant qu’à dégrader leur éducation.
« La rencontre précoce de l’enfant avec la sexualité adulte ou conçue par des adultes peut être fortement traumatique et va à l’encontre du respect de son rythme affectif et cognitif, de sa croissance psychique, de sa maturation. La notion de minorité sexuelle légale située avant 16 ans correspond bien à la reconnaissance de ce danger. Le rôle de l’État n’est pas de venir entraver les constructions identitaires familiales sur lesquelles l’enfant doit pouvoir s’appuyer dans le respect du processus de filiation et de transmission intergénérationnelle », explique le président de la Fondation camerounaise des consommateurs.
L’opposition politique camerounaise n’a pas pris de temps pour appuyer ces polémiques, naturellement en soutenant les protestateurs, c’est-à-dire les parents d’élèves et quelques professeurs récalcitrants. « Sous le prétexte de préserver nos enfants des dérives sexuelles, les auteurs et promoteurs de cet ouvrage procèdent à un enseignement qui nous semble des plus suspects. En effet, nous pensons qu’il s’agit d’une volonté d’initiation déguisée de la jeunesse camerounaise aux dérives propres à certaines pratiques sexuelles ouvrant la voie à la dépravation des mœurs de nos jeunes enfants, dont l’âge moyen en classe de 5e est de 12 ans. Nous condamnons fermement la description, illustration à l’appui, et la promotion à peine dissimulée des dérives et de la perversité prônées dans ce manuel scolaire destiné aux tous jeunes enfants », soutient Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) à la présidentielle.
Contactés pour ladite cause, les concepteurs du programme ainsi que du livre se disent ignorer le mal que ce bouquin pourrait avoir. Ils le jugent au contraire le plus adapté pour cette discipline d’enseignement. « L’Excellence est apparue aux yeux des évaluateurs comme le meilleur des six livres de sciences pour la classe de 5e parmi ceux proposés. Tous comportent un chapitre sur les pratiques sexuelles néfastes et les comportements sexuels déviants. Le projet pédagogique visait à préparer les enfants à affronter un certain nombre de réalités, à faire face à un certain nombre de choses qui touchent à leur environnement et auxquels ils ne peuvent faire face qu’en sachant que c’est néfaste et interdit par la loi », martèle Marcellin Vounda Etoa, secrétaire permanent du Conseil national d’agrément des manuels scolaires.
En conséquence, pour taire les tensions, le gouvernement a jugé nécessaire de suspendre jusqu’à nouvel ordre les cours d’éducation sexuelle, un cours ayant pour objectif d’apprendre aux enfants la santé sexuelle tout en leur montrant les comportements déviants en matière de sexualité.
Ces polémiques arrivent justes quelques mois avant l’élection présidentielle prévue pour le 7 octobre prochain. Cette situation ne risque-t-elle pas d’avoir des incidences sur la popularité du président camerounais ?
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays