Le bras de fer entre le ministre de l’Education nationale, Pr Abinou Témé et Mahmoud Dicko sur le document qui a trait à « l’élaboration d’un manuel l’éducation sexuel au Mali en étude » a tourné en faveur du second. Le Premier ministre a tranché décidant de surseoir à l’élaboration dudit manuel. Les excuses du Pr Temé attendues.
Le gouvernement du Mali a décidé mercredi dernier de suspendre l’élaboration d’un manuel sur l’éducation sexuel au Mali. Cette décision intervient après le quiproquo entre le président du Haut conseil islamique (HCI) et le ministre de l’Education nationale.
Il y a environs deux semaines, le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, a alerté et dénoncer le document incriminé qui, à ses dires, prône l’homosexualité, une pratique honnie par l’Islam et les musulmans. Quelques jours après la sortie du président du HCI, la réponse du premier responsable du département de l’Education nationale ne s’est pas fait attendre. M. Témé a apporté un démenti sanglant aux allégations du président du HCI qu’il considère non fondées.
Pour le ministre Témé, le manuel scolaire en étude sur la sexualité ne prône aucunement l’homosexualité. « Loin de là toute polémique, le document respecte les coutumes et us de notre pays », avait souligné le ministre. Il a souligné que le « document est murement réfléchi par des Experts qui connaissent bien les réalités de notre pays ». Et d’ajouter que le document, une fois finalisé, sera soumis à l’appréciation des autorités coutumières et religieuses toutes confessions religieuses confondues. Pour lui, l’Administration malienne a le souci de préserver la dignité humaine.
Mieux, sur les plateaux de l’ORTM, le ministre de l’Education est revenu à la charge et a même traité les propos de l’imam Dicko de « contre vérité ». C’était sans compter sur la détermination des religieux, qui ont décidé de se faire entendre sur la question dans la rue vendredi dernier. La question avait été au centre des thèmes débattus dans plusieurs mosquées de vendredi à Bamako et de l’intérieur. Toutes choses qui présageaient des « mouvements des religieux ».
En effet, les religieux avaient décidé d’envahir les rues de Bamako et de l’intérieur après la prière de vendredi et ont annoncé la tenue d’un meeting hier dimanche.
Pendant ce temps, les rencontres se sont multipliées à différents niveaux. La peur gagne du terrain dans certains milieux, en tout cas pour ceux qui savent ce que c’est une « descente des musulmans » ou religieux dans les rues.
Le PM éteint le feu
Pour les leaders religieux, une seule revendication : le retrait ou la suspension des travaux d’élaboration du manuel. Mahmoud Dicko et autres ont resserré les rangs afin de contraindre les autorités à abandonner leur projet. Pendant que les esprits surchauffaient, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga s’invite dans la danse. Il fait venir les représentants des leaders religieux (chrétiens et musulmans) pour échanger autour du sujet brulant. A cette rencontre, Mahmoud Dicko brille par son absence.
Tous au tour de SBM, des membres du gouvernement dont le ministre de l’Education nationale. Tout a été dit à sa présence, pour ne pas dire qu’on lui a fait asseoir sur la chaise de l’humiliation. Le PM et ses hôtes échangent avec franchise et finissent par se comprendre. SBM annonce à ses interlocuteurs que le gouvernement va suspendre l’élaboration du manuel. Et d’annoncer que si reprise il y aura, ce sera avec la participation de tous les acteurs.
Pour le Porte-parole du gouvernement, Amadou Koita, le gouvernement ne peut aucunement se permettre d’entreprendre des actions contre la religion. Au contraire a-t-il fait savoir que le président de la République, est un défenseur des religieux et qu’il a toujours posé des actes salutaires que ce soit pour les musulmans et les chrétiens.
Cette décision est ni plus ni moins un désaveu pour le ministre de l’Education, qui, il y a quelques jours, a multiplié des sorties pour essayer de démentir les propos de Mahmoud Dicko, mais hélas. Au lieu de prendre des mesures pouvant calmer les esprits, le ministre de l’Education a activé le feu avec des déclarations à l’emporte-pièce. Tantôt c’est la télévision, tantôt c’est dans les journaux ou sur les radios qu’il a fait son « one man show ».
Pour se départir de cette gifle, la seule chose qui reste au ministre Témé, c’est de présenter des excuses publiques aux religieux et au peuple malien. Puisque c’est sa réaction et son démenti qui allaient creuser un grand fossé entre l’Etat et les religieux. Chose que le pays n’a pas besoin à cette étape assez difficile. Et Dieu seul sait ce qui pouvait arriver si le PM n’était pas intervenu.
Pourtant, le ministre Temé pouvait bien se passer des hara-kiris des religieux. Il suffisait pour lui et son département d’intéresser ou de faire participer le département des Affaires Religieuses et du Culte pour que les choses aillent« sans problème ». Mais, malheureusement, il en a fait à sa tête. Fort heureusement que le PM a été à sa rescousse.
La palme d’or revient à SBM qui ne pouvait ne pas intervenir pour rappeler le Pr Témé à l’ordre. Pour beaucoup de religieux, le Premier ministre a fait preuve de grande responsabilité et de sagesse. Selon certains d’entre eux, SBM pour qui le connait ne pouvait ne pas répondre aux cris de cœur des religieux du Mali, quand on sait que l’Etat du Mali, a toujours pris en compte les préoccupations des religieux.
En somme, c’est un feu allumé par le ministre de l’Education que le PM a su éteindre avec dextérité.
Mamadou Sidibé
Source: Arc en Ciel