Il y a eu plusieurs manifestations organisées par le M5-RF demandant la démission du président sans succès. Le 18 août, l’armée a franchi le Rubicon en démettant IBK de ses fonctions ainsi que l’ensemble de son régime. Mohamed Ag Assory, analyste politique non moins blogueur nous livre son analyse. Entretien.
Mali-Tribune : Quelles sont les raisons immédiates qui ont poussé l’armée à franchir le Rubicon pour arriver à la démission du président IBK ?
Mohamed Ag Assory : Pour les raisons qui ont poussé l’armée à intervenir, je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question. Je crois que les intéressés eux-mêmes sauront nous édifier davantage.
Mais en ce que je sache, la situation politique était intenable parce que nous étions dans l’impasse depuis le 5 juin. Ni l’opposition ni le régime n’arrivait à trouver un compromis consensuel et la situation ne pouvait pas éternellement perdurer. Donc il se trouve que l’armée est intervenue pour dégager l’une des parties qui est le régime, voilà où nous en sommes.
Mali-Tribune : Pour le M5-RFP le coup de force de l’armée n’est pas un coup d’Etat, mais le parachèvement de ce qui a été commencé par le peuple malien. Comment expliquer cela ?
M. A. A. : Chacun peut avoir son opinion sur comment qualifier cette intervention de l’armée. Est-ce un coup d’Etat ? Un putsch ? Une intervention ? De toute façon chacun est libre d’y aller de son commentaire. Le M5 peut estimer que ce n’est pas un coup d’Etat, mais d’autres peuvent avoir d’autres opinions c’est tout à fait normal.
Mali-Tribune : Á l’issue du sommet extraordinaire de la Cédéao, les chefs d’Etat de la communauté Ouest africaine demandent le retour d’IBK au pouvoir. Est-ce faisable diplomatiquement et politiquement ?
M. A. A. : Concernant les résolutions du sommet des chefs d’Etat de la Cédéao, le retour d’IBK n’est pas réaliste. Je crois la Cédéao est dans son rôle, elle va essayer de sauver le minimum c’est-à-dire une transition civile et idéalement un retour à l’ordre constitutionnel et la fermeté de la Cédéao me laisse penser qu’il s’agit juste d’une position politique pour durcir le ton et maintenant essayer d’avoir le minimum pour le retour du Mali dans le concert des nations.
Mali-Tribune : Selon vous, êtes-vous optimiste quand la junte dit qu’il remettra le pouvoir au civil ?
M. A. A. : La junte dans sa première sortie a déclaré de façon solennelle qu’elle transmettra les clés du pouvoir à une transition civile. Maintenant quel contenu donner à cette transition civile, je ne suis pas dans les secrets pour le savoir, mais on observe à ce stade et on verra la suite.
Mali-Tribune : Doit-ton craindre un scénario de 2012 d’après vous ?
M. A. A. : On est loin du scénario de 2012, il y a beaucoup de choses qui se sont passées même la façon de l’intervention de l’armée a été organisée et très différente de 2012. Les contextes également sont différents parce qu’en 2012, nous étions en pleine guerre, il avait des groupes armés qui étaient en opération, il y avait des combats à l’époque et aujourd’hui il y a un accord, un cessez-le-feu mais la menace sécuritaire plane toujours. Il y a des groupes terroristes qui sont toujours actifs, nous avons vu également la naissance d’autres types de groupes des milices d’auto défense donc les issues ne peuvent qu’être différents.
Mali-Tribune : Quelle sera l’issue de médiation de l’ex-président nigérian Goodluck Johnatan vu que chaque fois il retourne sans un compromis ?
M. A. A. : S’agissant de l’ex-président nigérian, vous savez un médiateur est un facilitateur il n’est pas un magicien avec un bâton magique pour trouver des solutions. Les dernières missions quand il venait, il y avait un autre contexte politique, il y avait d’autres acteurs politiques en l’occurrence le M5 et le régime. Le médiateur à chaque fois écoute toute les parties et essaye de sortir des solutions selon sa propre grille d’analyse et qui après est scrutée également par les chefs d’Etat de la Cédéao et c’est là-bas que ça se décide.
Maintenant est-ce que la lecture ou les propositions données par les médiateurs ont été suffisantes ? C’est une autre question. Est-ce qu’il va échouer encore ? Seul l’avenir nous le dira. Actuellement nous avons un seul acteur principal qui est le Conseil National pour le Salut du Peuple, l’autre classe politique et la société civile. Donc nous sommes dans une nouvelle situation et la Cédéao est expérimentée dans ces histoires de putsch, l’intervention de l’armée etc.
Ousmane M. Traoré
(Stagiaire)