Hier, jeudi 29 avril 2021, les responsables des organisations de la société civile malienne « SYNERGIE 22 » étaient face à la presse à Bamako pour inviter les autorités de la transition à organiser uniquement les élections référendaires, législatives et présidentielles. «Pour le moment, nous, à notre sens, il faut organiser le referendum, les élections présidentielles et les élections législatives. Les autres élections peuvent attendre pour un gouvernement légitimement élu. La transition reste 11 mois, en 8 mois, on peut faire toutes les réformes prioritaires et en 3 mois, on fait les élections si les gens s’entendent. Si on veut des élections crédibles transparentes au Mali, il faut obligatoirement revoir la constitution », a souligné le conférencier, Dr. Ibrahima Sangho, président de l’observatoire, membre de la SYNERGIE 22.
Cette conférence de presse était principalement animée par Dr. Ibrahima Sangho, président de l’observatoire, membre de la SYNERGIE 22, en présence des autres membres de la SYNERGIE 22 comme Mme Maïga Adam Dicko, Tidiani Togola, Mamadou Lassine Diarra. Dans une déclaration liminaire lue par le conférencier, Dr. Ibrahima Sangho, il ressort que la période de révision exceptionnelle des listes électorales prévue dans le Chronogramme pour une durée de 15 jours (du 25 juin au 10 juillet 2021) est insuffisante pour avoir des listes fiables pour le dernier trimestre de 2021 et les élections présidentielles et législatives du premier trimestre 2022. Selon lui, la promulgation de la Constitution prévue pour le 14 janvier 2022 ne permet pas la prise en compte des réformes politiques institutionnelles et électorales pouvant impacter sur les élections présidentielle et législatives de 2022 (le décret de convocation de ces dernières est prévu pour le 29 décembre 2021). « Aujourd’hui, la majeure partie de la classe politique a décrié le chronogramme et dit ne pas s’y reconnaître », a-t-il dit. Concernant le RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état civil) spécial démarré le 1er avril 2021 pour une durée de 2 mois, la Synergie 22 dit avoir constaté qu’entre le 1er et le 25 avril 2021, l’opération a commencé la première semaine du mois d’avril. Cependant, ajoute le conférencier, les régions de Douentza, Bandiagara, Nara et Nioro n’ont reçu aucune équipe d’enrôlement. A Kidal, poursuit-il, jusqu’au 23 avril, malgré la présence des agents et du matériel, l’opération n’avait pas démarré. La Synergie 22 note que deux mois sont insuffisants pour enrôler les nouveaux majeurs qui constituent 52% de la population malienne et qui ne représentent que 12% du fichier électoral actuel. Pour le conférencier, la disponibilité du matériel d’enrôlement et de ressources humaines qualifiées est nécessaire dans les 703 communes du Mali, afin de doter le Mali d’un fichier d’état civil fiable duquel découlera un fichier électoral fiable.
Il faut un « chronogramme clair, précis et réaliste »
La Synergie 22 recommande pour une transition apaisée et inclusive, qu’un chronogramme clair, précis et réaliste soit publié pour définir la période des réformes et celle des élections nécessaires de fin de transition (Référendum, Présidentielle et Législatives) ; que la société civile, les partis politiques et les autorités de la transition développent et mettent en œuvre une stratégie d’éducation civique afin d’informer et de sensibiliser les citoyens et citoyennes sur les réformes à entreprendre et les étapes de la transition démocratique ; que les partenaires bi- et multilatéraux accompagnent fortement l’ensemble des acteurs qui œuvrent pour une transition réussie au Mali. Pour des élections crédibles qui inspirent confiance à toutes les parties prenantes, la SYNERGIE 22 invite les autorités de la transition de consacrer la création d’un organe indépendant et unique de gestion des élections (OGE) dans la constitution et la loi électorale, dans un souci de cohérence et d’efficacité technique et financière ; de revoir le délai entre les deux tours de l’élection présidentielle afin de permettre que le contentieux électoral soit vidé et aux candidats au second tour de faire campagne ; d’intégrer les débats entre les candidats aux premiers et deuxièmes tours de l’élection présidentielle pour permettre aux électeurs de mieux connaître les contenus de leurs projets de société; de créer les circonscriptions électorales des nouvelles régions pour leur permettre de prendre part aux élections de fin de transition ; de revoir à la hausse le nombre actuel de 147 députés déterminés suivant le recensement administratif de 1996, en prenant en compte les chiffres du dernier recensement de la population ; de changer le mode de scrutin actuel pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale (majoritaire uninominal ou plurinominal à deux tours) en un mode de scrutin proportionnel ; de mettre en œuvre une stratégie d’éducation civique afin d’informer et de sensibiliser les citoyens et citoyennes sur le couplage des élections et les opérations de vote multiples ; de pérenniser les opérations liées au RAVEC en République du Mali ; d’intégrer la publication en ligne des résultats des scrutins par centres et bureaux de vote, au fur et à mesure de la proclamation des résultats; de revoir les attributions de la cour constitutionnelle en lui enlevant la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielle et législatives ; de relire la composition des membres du bureau de vote en enlevant les mentions faites aux assesseurs de la majorité et de l’opposition. Pour une meilleure gouvernance après la transition, la SYNERGIE 22 recommande aux autorités de revoir les modalités de désignation des membres de la Cour Constitutionnelle afin de réduire les risques de contrôle des membres par le Pouvoir Exécutif, comme c’est le cas en ce moment ; de relire les attributions de la Cour constitutionnelle ; de supprimer la simple participation (15%) aux élections dans les critères de l’aide publique aux partis politiques pour les inciter à faire face à leurs objectifs de création à savoir, la conquête et l’exercice du pouvoir ; de mettre les verrous pour l’appréciation des coups d’État ou putschs pour empêcher des problèmes de qualification et empêcher toute amnistie aux putschistes.
Répondant aux questions des journalistes, les conférenciers ont déploré le faible taux de participation des Maliens aux élections. Ils ont invité le gouvernement à se focaliser sur les élections prioritaires. « Il faut un chronogramme réaliste. Il n’y a pas d’urgence pour les élections communales. Pour le moment, nous, à notre sens, il faut organiser le referendum, les élections présidentielles et les élections législatives. Les autres élections peuvent attendre pour un gouvernement légitimement élu. La transition reste 11 mois, en 8 mois, on peut faire toutes les réformes prioritaires et en 3 mois, on fait les élections si les gens s’entendent. Si on veut les élections crédibles transparentes au Mali, il faut obligatoirement revoir la constitution », a déclaré Dr. Ibrahima Sangho. Par ailleurs, les conférenciers ont apprécié la mise en place du Comité d’orientation stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles sous tutelle du Premier ministre. A les en croire, ce comité sera une opportunité pour relancer les débats politiques. Pour Tidiani Togola de la Fondation Twindi, il faut retourner à un état de droit qui passe par les reformes, les élections et l’engagement de tous.
A rappeler que le gouvernement a publié, le 15 avril 2021, le chronogramme des élections. Ce chronogramme prévoit la tenue du scrutin référendaire, le dimanche 31 octobre 2021 ; l’élection des Conseillers des collectivités, c’est-à-dire des Conseillers communaux, des Conseillers de cercle, des Conseillers régionaux et des Conseillers du District, le dimanche 26 décembre 2021 ; l’élection couplée du Président de la République et des Députés à l’Assemblée Nationale, le dimanche 27 février 2022. Les seconds tours, le cas échéant, sont prévus respectivement pour le dimanche 13 mars 2022 et le dimanche 20 mars 2022. Les différentes réformes doivent être opérées avant les élections programmées
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain- Mali