os radars ont capté des scènes insolites sur le lieu de l’incendie. On aperçoit déjà à des kilomètres la flamme qui prenait de plus en plus de hauteur. À l’intérieur, la température était dense, néanmoins des jeunes sans hésiter pénètrent dans la bâtisse en feu. Un court instant, les revoilà dehors portant chacun un objet ; chaises, climatiseurs, tables de bureau, téléviseur et ordinateurs, écran, sacs de riz, rames de papier A4, des rideaux, de l’eau minérale. Pour eux, ce n’est pas du vol proprement dit, tous ceux-ci ont été achetés par leurs impôts et Karim n’est pas le seul à s’autoriser à prendre dans la caisse. Et qu’ils ont pris juste ce qui leur appartient. « Nous avons pris ce qui nous revient de droit », lance un des brigands. « Karim voleur, Karim voleur, Karim voleur…, était le refrain quelançaient les jeunes en ébullition.
Juste après avoir contourné le bâtiment, certains parmi eux, ont bazardé leur butin. Téléviseur-écran plat :10.000, un sac de riz de 50 kilos à 5000 francs CFA, le lait en poudre Nido vendu 1000 francs.
Quant aux plus futés, ils ont disparu avec leurs cueillettes pour y revenir les mains vides et encore en quérir. Ils comptent les vendre tout tranquillement à des prix raisonnables. C’est vers 23 h que le rideau tombe et le spectacle terminé, lorsqu’ils ont entendu les sirènes des gendarmes du camp 1 de Bamako qui se dirigeaient vers le bâtiment en flamme. Du coup, ils se sont enfuis.
Mais la chose la plus ahurissante, c’est lorsque des individus, certains avec des véhicules viennent acheter avec les jeunes les objets volés tout en se ravitaillant, comme si c’était un coup déjà organisé. On parlait même d’un véhicule BEN. Qui sont ces gens ?
En tout cas, cet acte de vandalisme intervient dans un contexte de haute tension.
En effet, c’était le samedi soir, le lendemain de la manifestation du vendredi où les membres du M5 ont décrété la désobéissance civile. Ce jour, plusieurs de leurs leaders ont été arrêtés et torturés. Mais pire, devant la mosquée de l’iman Mohamoud Dicko à Badalabougou, les forces de l’ordre ont fait un carnage tuant neuf jeunes manifestants. D’où la colère de ces jeunes manifestants.
Auparavant, ils avaient pris d’assaut la télévision nationale et d’autres se sont dirigés vers l’Assemblée nationale qui a été une autre de leur cible. Rien n’a été épargné, même les casseroles où l’on prépare à manger. Toutes les vitrines brisées. Il ne reste que ruine et désolation. Tout est parti en fumée !