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Souveraineté alimentaire : « TANIMA 2000 » PREND UN NOUVEAU CAP

Il repose sur un projet d’agro-écologie et la production de semences locales reproductibles 

pomme terre cereales fruits

Les femmes de 24 villages de la commune rurale de Baguineda, située à une trentaine de kilomètres de Bamako dans le cercle de Kati, réunies au sein de l’association « Tanima 2000 », ont pris un nouveau départ avec la production de semences maraîchères. Le ton a été donné le 27 février dernier, lors d’une rencontre entre les responsables de l’association, leur partenaire de l’Office du périmètre irrigué de Baguinéda (OPIB) et les femmes maraîchères, membres de l’association, dans la salle de conférence de l’office. A cette occasion, des spécialistes de l’agroforesterie, des 1000 jardins de Slow food, de l’exploitation de miel, de la restauration et de l’artisanat des séchoirs solaires, étaient conviés à exposer leurs expériences en matière de développement durable basé sur la promotion des produits locaux.

Malgré les importantes potentialités agricoles dont disposent nos zones rurales, les populations restent plongées dans la pauvreté et soumises à la malnutrition. Afin de trouver, avec les villageois et les partenaires, des alternatives à ces problèmes, Tanima 2000 accompagne depuis 20 ans, dans le cadre de son projet « AKADI » (c’est bon en bambara), les femmes de 24 villages situés à 70 kilomètres au nord-est de Bamako et 9 villages en pays dogon. Sa mission est de promouvoir des pratiques de développement durable dans 4 domaines : l’éducation, la santé, l’environnement et l’économie.

L’association a ainsi construit une école, alphabétisé 2127 femmes, lancé un projet pédagogique sur l’arbre, crée un jardin école avec la plantation de 1000 arbres. Elle a édifié un complexe sanitaire composé d’un dispensaire, d’une maternité et d’un dépôt de pharmacie qui est devenu aujourd’hui un centre de santé communautaire, permettant de créer 4 emplois avec une autonomie de gestion.

Au plan environnemental, « Tanima 2000 » a introduit la technique d’irrigation « irrigasc » qui consiste à apporter 3 litres d’eau par semaine et par arbre. Elle a promu l’utilisation de l’énergie solaire et éolienne et permis l’accès à l’eau potable par l’implantation de 22 forages dont 14 ont été réalisés par l’OPIB. Le volet économique a porté sur le projet de séchage solaire de fruits et légumes pour l’équilibre alimentaire dans les 24 villages. Ce qui a permis de créer une source de revenus pour les femmes et d’assurer 3 emplois. Il y a eu aussi l’implication de 1 272 productrices. Ainsi 30 000 personnes bénéficient d’Akadi. Le projet d’agro-écologie et la production de semences locales reproductibles constituent le nouveau cap amorcé par l’association pour atteindre la souveraineté alimentaire.

 

UN PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT DURABLE. Malgré la crise socio-politique que notre pays a connue en 2012, l’association a poursuivi ses activités, indique Fanny Bréchard, la présidente de Tanima 2000. C’est ainsi qu’elle a procédé à des dotations de céréales en pays dogon et de semences à Baguinéda. Malheureusement, ces dernières, achetées à Bamako, ont eu un taux de germination de 5% et compromis la campagne 2013. Trois modules de formation en agro-écologie ont été dispensés avec un encadrement des productrices par le Caproset/Terre et Humanisme/ «Tanima 2000 ». Le suivi post-formation a été effectué dans les villages tout comme la formation de 4 animateurs en agro-écologie. Les premières productions de semences sont survenues dans le jardin-école de Massaconi équipé de 2 puits à grand diamètre financés par Adour Garonne. Ainsi, 600 kg d’oignons et 2 kg de semences de gombo ont été produits. Mais, le problème de la conservation des bulbes et la divagation des animaux ont quelque peu gâché ce résultat. Cependant en 2013, 15 villages se sont adonnés avec succès à la production de semences.

En France, l’association a participé à deux formations. La première portait sur la production de semences organisée par « Semences paysannes », la deuxième sur la création d’un poulailler proposée par le « Civam bio ». Une campagne de sensibilisation des jeunes l’« Opération bol de riz dans 3 établissements d’Aquitaine » a touché 2400 jeunes. A l’international, « Tanima » a participé au Maroc à une rencontre d’échange et de formation du réseau « Slow food » dans le cadre de 1000 jardins en Afrique auquel 11 pays africains étaient conviés. Dans la perspective de 2015, « Tanima 2000 » envisage de créer une ferme pédagogique pour les  24 villages et les 1272 femmes. Celle-ci sera dotée d’un centre de formation et d’une unité de transformation des fruits et légumes et générera des activités génératrices de revenus (banques de céréales, micro-crédits, commerce..).

Dans le même élan, l’association finalisera l’aménagement de la parcelle école qui sera composée d’un puits traditionnel, de deux bassins près des deux puits à grand diamètre, d’une latrine Ecosan, du logement du jardinier-gardien, d’un  hangar de stockage des bulbes d’oignons et produits maraîchers, d’un  magasin et d’un poulailler. Pour assurer son fonctionnement, un jardinier-gardien sera recruté. Une trentaine de femmes des trois villages seront formées à l’agro-écologie à Doucouracoro. Le suivi de la production de semences sera assuré, dans chaque village, avec l’atteinte des résultats de production en mai prochain. Cette date marquera aussi le lancement du marché de semences. Ces activités seront couronnées par le séchage des fruits et légumes avec en ligne de mire, l’autoconsommation, la vente et l’organisation de foires et salons.

D’autres actions mensuelles de sensibilisation et de formation par thème seront dispensées, tels que la fabrication de compost, la protection et la restauration du sol, la lutte biologique, l’assolement et la rotation des cultures. Elles seront appuyées par le suivi de la formation des animateurs, la recherche de partenariats et le montage du projet de la ferme pédagogique pour les 24 villages.

Le projet AKADI est l’aboutissement d’un vrai travail d’équipe, un engagement d’hommes et de femmes qui croient au développement durable. Cette dynamique et l’esprit d’entreprise devraient permettre, dans l’avenir, un essaimage du projet au niveau national et international. Cette expérience serait ainsi dupliquée par d’autres productrices du Mali et aidera à créer de véritables échanges entre les villes non productrices du nord et celles productrices du sud. La communauté de la nourriture « Akadi » s’y emploie.

C. A. DIA

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