C’était ce jeudi 8 novembre 2018 que ce procès tant attendu par le monde des médiats en Algérie a eu lieu. Un procès qui opposait les deux journalistes notamment Abderrahman Semmar dit Abdou, rédacteur en chef du site Algérie Part et son collaborateur Merouane Boudiab, au préfet d’Alger et le patron de la chaine Ennahar TV.
Placés sous mandat de dépôt depuis le 23 octobre 2018 suite à deux plaintes introduites par le préfet d’Alger, Abdelkader Zouh et Anis Rahmani, PDG de la chaine TV Ennahar, pour des délits de diffamation et d’atteinte à la vie privée, ont été libérés pour complément d’enquêtes. La première plainte émane du PDG de Ennahar TV, reprochant aux deux journalistes, Abderrahman Semmar dit Abdou et son collaborateur Merouane Boudiab, d’avoir porté atteinte à son honneur et à sa dignité dans un article jugé par les opinions de « plouc instrumentalisé ».
Quant à la deuxième plainte déposée par le préfet, c’était à la suite d’un autre article qui faisait état d’appartements de luxe que le préfet posséderait dans la capitale. Les deux journalistes étaient donc face aux juges du tribunal correctionnel d’Alger, ce jeudi, après 48 heures passées en garde-à-vue chez les gendarmes. Une audience tenue sous haute sécurité, où seuls les journalistes ayant la carte de presse délivrée par le ministère de la Communication y avaient accès, tandis que devant le tribunal s’était formé un regroupement des journalistes en signe de solidarité. Un collectif d’une trentaine d’avocats assurait la défense des deux journalistes et qui ne manquera pas d’ailleurs de relever un vice de procédure et d’autres irrégularités comme le placement en garde-à-vue avant même que la plainte déposée par le PDG du groupe Ennahar ne soit enregistrée. Une situation que le collectif des avocats qualifie d’un procès politique plutôt que de celui d’un délit de presse.
À noter que le délit de presse en Algérie n’est plus passible de prison depuis la réforme du code de l’information en 2012. Celle-ci avait supprimé deux articles de loi, introduits en mai 2001, qui prévoyaient jusqu’à trois ans de prison et de fortes amandes contre les journalistes coupables de diffamation ou d’offense. Le code de l’information de 2012 ne prévoit que des amendes de 50 000 à 5000 000 DA (Dinars) soit 370 à 3700 Euro dans les affaires de diffamation ou d’atteinte à la vie privée. Sur ce point, les avocats de la défense diront que la justice s’appuie sur le fait que les deux journalistes ne sont pas détenteurs de cartes de presse, tout en sachant que la législation algérienne ne couvre pas les médiats en ligne. Être temps, après les différentes irrégularités citées par la défense, les juges ont remis les journalistes en liberté en attendant un complément d’enquête.
ISSA DIGUIBA
Source: Le Pays