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SOUMAÏLA CISSÉ PARMI LES SIENS : LE “BIENTOT ” D’IBK ETAIT DONC VRAI

Dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 octobre dernier, un supplice prend fin : Soumaïla Cissé est libre. Il est en compagnie de trois (03) otages européens dont la Française Sophie Pétronin. Sauf que le coût de cette fin heureuse est exorbitant, au-delà du fait que des élus furent impliqués au dossier en plus d’empoignades entre l’ancien Directeur général de la Sécurité d’État (SE) et ses homologues de l’Hexagone.

 

Depuis le milieu de la semaine écoulée, le nom de Soumaïla Cissé animait les débats. Sa libération faisait rage et chacun y allait de son commentaire bien que les médias français étaient plus pointus sur cette affaire où l’humanitaire Sophie Pétronin a beaucoup pesé. Il faut préciser qu’ils étaient en compagnie de deux Italiens qui sont Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccali. Déjà le suspens a pris fin car c’est le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, qui détenait le Chef de file de l’opposition enlevé en mars dernier, lors des législatives.

À l’époque, les regards étaient tournés vers Amadou Kouffa même s’il ne faut pas oublier qu’il est un vassal du premier suscité. Quand le rapt du député de Niafunké sera constaté, le Premier ministre d’alors Boubou Cissé a été approché par Moustapha Limam Chafi qui est au cœur de plusieurs libérations. Ce Mauritanien non moins ex conseiller spécial de Blaise Compaoré, connait parfaitement le septentrion et plusieurs mouvements armés de la zone. C’est d’ailleurs sur lui que se reposait l’ancien Président du Burkina Faso pour sortir plusieurs otages expatriés des mains de leurs ravisseurs.

Chérif Ould Attaher (originaire de Tilemsi et ancien membre du MUJAO) sera recommandé à l’ancien Premier ministre par Moustapha Limam. Motif : il a pris part à plusieurs négociations pour faire libérer des otages ces dernières années. C’est alors que le 5 avril, Dr Boubou Cissé signe un mandat officiel donnant autorisation de

« conduire toutes les démarches, formalités et de conclure tous les actes nécessaires »

à la libération de Soumaïla Cissé. À l’époque la cellule de crise n’est pas encore d’actualité. C’est bien plus tard qu’elle verra le jour ! Sauf que Chérif Ould Attaher demandera à avoir les services du Colonel Mamadou Lamine Konaré (conseiller du Premier ministre sur les questions de renseignement) afin de diligenter sereinement sa mission. « Deal » conclu et validé par le Président Ibrahim Boubacar Kéita et son Premier ministre dans le plus grand secret, « zappant » les services français et la Sécurité d’État.

Dès le 8 avril, Chérif Ould Attaher et le Colonel Mamadou Lamine Konaré rallient pour quelques jours Kidal. Ils y retrouveront Sedane Ag Hita, le numéro deux du GSIM qui confirme détenir Soumaïla Cissé (qui va bien malgré une santé   fragile). Deux (02) revendications seront formulées à l’endroit des autorités du Mali : la libération de membres du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) détenus et le paiement d’une rançon de deux millions d’euros.

Une fois Boubou Cissé informé, il rend compte à IBK qui tablera d’emblée sur une chose : obtenir une preuve de vie. Fin avril, Ould Attaher et Mamadou Lamine Konaré repartent voir les ravisseurs. Après plusieurs jours d’attente, une vidéo de Soumaïla Cissé leur est transmise. Hélas, elle ne sera jamais mise à l’endroit de l’opinion qui a même pensé au pire. L’exécutif remettra des médicaments pour l’otage, qui continuera à en recevoir dans les mois qui suivent par différents canaux.

Au même moment, le Général Moussa Diawara qui pilote la Sécurité d’État (SE) est informé des tractations.  Il contestera sa mise à l’écart et réclame que le dossier revienne à ses services. Les services français entrent dans la danse et exigent que soit libérée Sophie Pétronin avant ‘‘Soumi Champion’’. C’est alors qu’entre en scène l’honorable Ahmada Ag Bibi, élu à Kidal, il reprend les choses en main avec les services maliens. Ce notable touareg élu sous les couleurs du Rassemblement Pour le Mali (RPM) reste un intermédiaire décisif qui connait parfaitement Iyad Ag Ghali depuis une trentaine d’années. Le parlementaire a même joué un rôle dans les négociations pour la libération des otages d’Areva et de Vinci, enlevés, en 2010, au Niger.

Puisqu’il est au cœur du dossier de Sophie Pétronin, l’Elysée « prendra langue » avec Koulouba : le président Emmanuel Macron appelle IBK pour lui demander de confier l’affaire aux nouveaux intermédiaires : ce que concédera Ibrahim Boubacar Kéita. Ag Bibi et la Direction Général de la Sécurité d’État (DGSE) malienne, à travers le Colonel Ibrahima Sanogo, son chef du renseignement antiterroriste-sont donc désormais aux manettes.

Ce sont ces remaniements dans le dossier et l’imputation du dossier Sophie Pétronin qui ont finalement retardé la libération de Soumaïla Cissé. Entre-temps, la rançon de 2 millions passe à 10 millions d’euros. Malgré tout, IBK validera l’opération avec cette surenchère. La libération des otages est fixée au mois d’Août mais Ibrahim Boubacar Kéita est renversé par le coup d’État du mardi 18 août dernier. La fin du même mois était prévue pour que le leader de l’opposition soit libéré par « son frère » qui fut son Premier ministre quand Soumaïla Cissé administrait l’hôtel des finances.

Neanmoins, l’investiture du Président de la Transition Bah N’Daw et le Vice-président Assimi Goïta relancera tout : ils donnent leur « feu vert » à l’opération. La rançon est payée, même si’ l’on ignore qui a baillé ces millions sonnants et trébuchants en CFA (la France est pointée du doigt). Dans la balance, environ cent quatre-vingt (180) prisonniers inculpés de terrorisme qui seront libérés par les autorités maliennes, les 3 et 4 octobre dernier. Alors que tout semble conclu, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) fait monter les enchères.

C’est ce qui explique la libération de vingt-quatre (24) combattants supplémentaires affichant au bout du compte, un total de deux cent quatre (204) prisonniers. Ils ont d’ailleurs été affichés sur les réseaux sociaux en train de partager un repas copieux (avant qu’ils ne reprennent du service : leurs conspirations contre le Mali et ses amis). Une campagne de communication d’Iyad Ag Ghali, qui joue à l’intimidation. Parmi les terroristes libérés, certains étaient au cœur de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu, en 2015, et des attentats du Splendid Hôtel avec le café Cappuccino à Ouagadougou, en janvier 2016. Un renfort de poids dans les rangs des activistes qui ne se sentent nullement concernés par « le fantoche » Accord d’Alger. On comprendra donc que ces libérations, concédées par les nouvelles autorités de la transition, ont été faites dans un cadre extra-judiciaire : il s’agit bien d’arrangements que Ibrahim Boubacar Kéita avait eu à faire en son temps pour avoir l’accalmie et gain de cause sur assez de sujets délicats.

Il est donc regrettable de voir qu’à travers les dessous de sa libération, Soumaila Cissé n’a pas songé à le remercier. Son challenger de 2013 et 2018 disait donc vrai en confiant savoir où se trouvait Soumaïla quand la rue était occupée par le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Le temps et l’histoire finiront par situer les responsabilités car la fonction de locataire de Koulouba a une réalité plus ou moins connue de tous : l’ingratitude des actions posées dans l’ombre en occupant le fauteuil présidentiel.

BAMOÏSA

NOUVEL HORIZON

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