L’ex-otage a salué les autorités de la Transition pour avoir facilité sa libération. Il a aussi remercié tous ceux qui se sont mobilisés, depuis des mois, pour qu’il retrouve sa famille sain et sauf
Six mois après l’enlèvement du président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), l’attente devenait trop longue et même insupportable pour sa famille et ses proches. À leur grand soulagement, les autorités de la Transition ont réussi la prouesse de faire revenir Soumaïla Cissé auprès des siens, sain et sauf. Avec lui, une travailleuse humanitaire française, Sophie Pétronin, enlevée il y a 4 ans et deux autres otages de nationalité italienne, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli. Ils ont pu regagner Bamako dans la soirée du jeudi dernier.
Quelques jours auparavant, des rumeurs avaient circulé sur la libération de l’otage le plus célèbre du Mali dont le rapt avait suscité un élan de solidarité jamais égalé des fils du pays autour de sa famille. Tout a commencé le mardi 6 octobre dernier.
Au cours de cette journée, des informations circulent sur les réseaux sociaux et par voie de presse sur une éventuelle libération du président de l’URD, enlevé en pleine campagne pour les législatives.
La rumeur enfle. Ses partisans jubilent et se mobilisent à son domicile et à l’Aéroport international président Modibo Keïta-Sénou. Après des heures d’attente, ils se rendront à l’évidence que c’était une fausse alerte. L’arrivée de Soumaïla Cissé est ensuite annoncée pour le lendemain mercredi. Une autre fausse alerte qui a semé le doute sur sa libération. C’est finalement le jeudi dans l’après-midi que la bonne nouvelle est annoncée par voie officielle.
LIESSE POPULAIRE- Par un communiqué, la présidence de la Transition a confirmé la « libération de Soumaïla Cissé et de Mme Sophie Pétronin». Avant de préciser que les ex-otages sont en route pour Bamako. Ensuite, le président de la Cellule de crise pour la libération de Soumaïlla Cissé confirmera l’heureux dénouement. Ousmane Issoufi Maïga précisera dans un communiqué que la libération de ces personnalités enlevées par les filiales du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a été obtenue grâce aux efforts conjugués des services de renseignement, des Forces armées et de sécurité, des partenaires du Mali et de la cellule de crise.
Dès cette annonce, les partisans, les proches, la famille politique et tous ceux qui se battaient pour la libération de l’ancien député de Niafunké se sont mobilisés pour lui réserver un accueil chaleureux. Son domicile à Badalabougou a été pris d’assaut. Ses partisans se massaient aussi en nombre à l’aéroport. Plus d’une centaine d’automobilistes et de motocyclistes se sont retrouvés aux abords de la route. « Dieu soit loué !», «notre champion est libre », pouvait-on entendre dans la foule. L’ambiance était à son summum à 21h41 lorsqu’un avion de type «Casa» de l’Armée de l’air s’est posé sur le tarmac de l’aéroport. Le comité d’accueil composé du président de la cellule de crise, Ousmane Issoufi Maïga, du secrétaire général de la présidence, Sékou Traoré, de l’ambassadeur de France au Mali Joël Meyer, de diplomates italiens, des proches des ex-otages, attendait au bas de la passerelle.
Tout de blanc vêtue, Sophie Pétronin fut la première à fouler le sol bamakois pendant que son fils Sébastien Chadaud-Pétronin jubilait et criait : «Maman! Maman! ». Il est suivi par Soumaïla Cissé également vêtu d’un boubou blanc, enturbanné et portant un masque. Il est accueilli par Ousmane Issoufi Maïga, son épouse et d’autres membres de la famille. Puis, les deux ex-otages italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, descendent de l’avion. Visiblement fatigués, mais tous tenaient sur leurs pieds et savouraient leur joie pour la liberté retrouvée.
Après l’aéroport, les ex-otages ont été conduits au Palais de Koulouba où ils ont été reçus par le président de la Transition, Bah N’Daw. Le cortège s’est frayé difficilement un chemin car les partisans de Soumaïla Cissé voulaient coûte que coûte le voir, le toucher. Une centaine d’automobilistes et de motocyclistes suivaient le cortège.
Plusieurs réussirent à s’y glisser. Arrivés à Badalabougou, certains ont pris la direction de la résidence de leur champion. Les véhicules transportant les quatre ex-otages franchissent le portail du Palais présidentiel vers 22h30. Ils sont reçus avec leurs proches par le président de la Transition. C’était en présence du vice-président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et du Premier ministre, Moctar Ouane.
SOULAGEMENT- «Je suis très heureux d’être là pour le Mali, pour ma famille…», a déclaré Soumaïla Cissé après sa rencontre avec le chef de l’État. L’ex-otage a avoué qu’il n’a subi aucune violence ni physique, ni verbale. «Aujourd’hui le propos, c’est pour remercier les nouvelles autorités maliennes. Elles ont changé pendant mon absence, le président et le vice-président de la Transition ont été investis le 25 septembre. Dès le 26 septembre, j’ai été faire une vidéo à la demande de mes ravisseurs pour donner signe de vie», a fait savoir le président de l’URD, qui a estimé que le président de la Transition a été «efficace, a réagi très rapidement et a été diligent». Selon Soumaïla Cissé, la vidéo a été faite le 26 septembre et dès le lundi 5 octobre, ils ont été informés qu’ils sont libres.
L’ex-député de Niafunké a remercié les autorités maliennes et les chefs d’Etat de la Cedeao qui étaient dans notre pays le 23 juillet dernier et qui ont eu l’amabilité de recevoir son épouse. Il a adressé des remerciements aux peuples de ces pays pour l’élan de solidarité qui s’est manifesté pour sa cause dans tous les États de l’Uemoa, en Afrique centrale, australe et même au-delà. Par ailleurs, il a rendu hommage au corps diplomatique, aux organisations internationales comme l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cedeao pour leurs efforts pour sa libération. Mais également aux intermédiaires Ag Bibi et au colonel Sanogo qui ont été les chercher pour les convoyer à Bamako grâce aux éléments de l’Armée de l’Air.
Le président de l’URD a aussi salué le comité de crise présidé par Ousmane Issoufi Maiga, celui de son parti, ses camarades, les associations, le collectif dont Moctar Sy est le porte-parole et tous ceux qui se sont mobilisés au Mali comme à l’étranger pour sa libération. Soumaïla Cissé dira qu’il est très fier d’être Malien, de savoir que ses compatriotes ne l’ont jamais oublié et se sont battus pour lui. Il a, en outre, rendu hommage à la presse qui lui a permis d’être en contact avec tout le monde.
«Une des choses qui m’ont donné plus de force, c’est quand mes enfants m’ont écrit ceci : nous sommes forts et resterons forts pour toi, sois fort et reste fort pour nous », a-t-il indiqué. Il a, par ailleurs, eu une pensée particulière pour son garde du corps tué pendant son enlèvement. Avant d’inviter tous ceux qui ont partagé leur peine et leurs inquiétudes à partager leur joie et leur bonheur pour cette liberté retrouvée. «Être libre est un privilège, un grand privilège, un vrai privilège et nul n’a le droit de l’ignorer», a conclu Soumaïla Cissé.
Au lendemain de la cérémonie d’accueil des ex-otages, le président de la Transition a déclaré que ceux-ci «sortaient tous d’une détention injuste, éprouvante, longue et trop longue pour certains». Bah N’Daw a salué les efforts soutenus du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, pour obtenir leur libération.
«Le pragmatisme de la transition ainsi que sa décision de capitaliser les avancées dans la négociation ont fait le reste. Sont à saluer également les efforts constants de nos partenaires, amis et alliés», a déclaré le président de la Transition, qui a promis que le Mali ne ménagera aucun effort pour la libération des autres otages nationaux et internationaux détenus au Sahel.
Dieudonné DIAMA
Source : L’ESSOR