La séquence ubuesque d’un opportunisme délirant auquel nous assistons encore, hélas, n’y fait rien. Après tout, ce n’est pas parce que le Président Ibrahim Boubacar KEITA a été trimbalé par la rue avant d’être dégommé par les bidasses que les écumeurs de table vont s’abîmer dans les promesses lunaires d’un Mali kura au préjudice de leurs brioches. La séquence d’euphorie de l’après Accra où ce pays historiquement grand est passé au travers d’une sanction aux conséquences désastreuses, en est une illustration. Donc, faire tabula rasa du passé et du carcan de l’arrivisme grégaire représente certainement une équation non envisageable pour les thuriféraires.
Parce que chez nous, c’est la déambulation perpétuelle pour l’incarnation d’un système dominant jugé hors sol. Aucune once de paradoxe là-dessus. La génération spontanée de personnalités propulsées au-devant de la République en dit long sur l’incroyable talent de caméléonisme de certains de nos congénères.
Pourtant, il faut rêver pour avancer, parce que l’immobilisme mortifère est synonyme de retour.
Il faut rêver à notre capacité à sortir de la nasse, du bavardage politique et administratif d’un sauveur dans la mesure où l’homme providentiel n’existe pas.
Il faut rêver s’émanciper de la pratique des chèques alimentaires grassement allotis d’un État providence, distributeur ad libitum d’avantages qui devrait s’effacer devant la responsabilisation collective pour la défense de l’intérêt général.
Il faut rêver remettre les citoyens au cœur de l’action publique d’où ils n’auraient jamais dû être écartés. Car, c’est du citoyen que tout procède et c’est à lui que tout retourne.
Il faut rêver d’une gouvernance vertueuse expurgée des tares du clientélisme, du népotisme, de la gabegie, de la malversation, du trafic d’influence et des passe-droits…
Il faut rêver d’un pays où la demande sociale qui enregistre des bouffées délirantes connaisse et applique un pacte de stabilité pour le plus grand bonheur de l’ensemble des populations.
Il faut rêver d’un pays où on sifflerait la fin des hostilités, la guerre des ego ; où on ne se taillerait plus en pièces.
Mais, s’il est permis de rêver, il est tout autant impératif de se donner les moyens de réaliser son rêve. Pour cela, nous devons nous interroger collectivement sur notre incurie collective et changer tous ensemble.
Qu’on ne s’y méprenne point, la priorité la plus pressante désormais, est de reconstruire l’âme du pays par une réhabilitation. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas être les spectateurs de notre naufrage collectif. Nous ne pouvons ni ne devons nous laisser prendre dans un maelstrom. Pour nous, sortir le Mali de l’ornière d’avant, de la complexité kafkaïenne de la situation du pays n’est pas une option, c’est l’est l’option.
Aujourd’hui, nous devons être les premiers de cordée de l’ascension de notre pays écartelé et enlaidi vers la paix, la sécurité et le développement. Parce qu’en définitive, ce qu’il faut, c’est une rectification de la trajectoire du pays (pas seulement de la Transition) par des hommes et des femmes de foi qui en auront fait le serment. Pour que ‘’les champs fleurissent d’espérance’’ et que ‘’les cœurs vibrent de confiance’’.
Des autorités de la Transition, il est attendu de se couler dans cet exercice.
C’est un truisme de dire que pour vaincre les épreuves rédhibitoires pour l’Etat, les incantations sont vaines ; il faut relever les manches au nom du présent et du futur. Tout comme il est vain de croire à un changement radical comme par un coup de baguette magique. Mais, il est certain qu’avec la foi, on peut soulever des montagnes. Pour le Mali, réussissons ce challenge !
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin