Le Chérif de Nioro du Sahel Mohamed Ould Cheickné HAIDARA dit Bouyé lors de son sermon du vendredi dernier s’est prononcé, à nouveau, sur la situation socio-politique du pays. Pendant une trentaine de minutes, le leader religieux a fait le tour de la situation, rappelé des faits de 1960 jusqu’à nos jours. À cette occasion, il a insisté sur la nécessité de la démission du président de la Cour constitutionnelle et la tenue des élections partielles dans les localités où elles ont été contestées. Il n’a pas manqué de conseiller au président IBK d’écarter son fils Karim de la gestion du pays, car faisant partie du problème. Aussi, il dit être favorable à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui représentera l’ensemble des forces vives de la nation. Bouyé ne voit aucun inconvénient dans la reconduction de Boubou CISSE à la Primature, Tiébilé DRAME, Abdoulaye DAFFE, Dahirou DEMBELE et Choguel Kokalla MAIGA (comme ministres) dans le nouveau gouvernement en gestation.
Voici notre transcription libre du compte rendu !
Ce jour, je donne mon point de vue, au nom de tous les hamallistes, dont je suis le guide et de tous mes sympathisants. Ce point de vue, je veux qu’il soit considéré comme des conseils, des orientations, mais aussi des messages d’apaisement pour que nous sortions de la crise dans laquelle le Mali est plongé, depuis des années. Le Mali en est arrivé à ce point à cause de nos différents dirigeants successifs. Ils ont tout détruit. Ils ont fait des enfants des esclaves. Ils se sont s’accaparer des biens publics et se sont transformés en des Pharaons pour torturer la population. Ces abus ont commencé avec l’avènement de la démocratie.
Un Mali prospère
Quand le Mali accédait à l’indépendance, j’avais 22 ans. Je suis un Malien. Je vois et attends ce qui se passe et ce qui se raconte. Avant la proclamation du Mali et Sénégal, le pays était prospère. Le commerce était florissant. Mais deux ans après, le Mali sous le président Modibo Keïta, c’était l’échec. La population avait faim. Les cultivateurs n’étaient plus maîtres de leur production. La jeunesse était contrainte de faire des travaux d’intérêt public pour cet État. Les vieux étaient enlevés de leur famille puis torturés. Après ces années de souffrance de la population, par la grâce de Dieu, il y a eu le coup d’État contre Modibo Keïta par des jeunes militaires. C’était une période de difficulté sans précédente au Mali.
Ce coup d’État s’est passé sans aucun dégât ni de perte en vies humaines. Alors Modibo et certains de ses alliés ont été arrêtés. Ce jour-là, les Maliens devraient être reconnaissants à ces militaires. Tout naturellement, les abusés du pouvoir de Modibo Keïta étaient contents et heureux. En revanche, ceux qui étaient au pouvoir en ont désapprouvé parce qu’ils étaient à l’époque des députés ou ministres. C’est ainsi que Moussa TRAORE est venu au pouvoir. Après plus de 20 ans de règne, il est à son tour chassé du pouvoir. Mais son départ va occasionner des pertes énormes en vies humaines. Mais ce sont ceux qui ont orchestré le coup d’État contre Moussa TRAORE qui ont tué les gens. Ce coup d’État a été mené par des membres du parti Adema et CNID en complicité avec certains qui vivaient ailleurs.
La légalisation du vol et de la corruption
Le Mali a opté pour la démocratie après ce coup d’État. Ce principe de gestion a légalisé le vol, la corruption dans le pays. Et la transition pour préparer la démocratie a été confiée à Amadou Toumani TOURE. Il n’était pas l’acteur principal dudit coup d’État, mais il avait le soutien des acteurs politiques. Et en politique, Alpha est le plus stratège. Amadou Toumani TOURE a organisé l’élection présidentielle. Les Maliens en grande majorité avaient voté pour Tiéoulé KONATE. Mais Amadou Toumani TOURE était favorable à Alpha Oumar KONARE à qui il lui a remis le pouvoir.
Après un premier mandat, les Maliens, à l’unisson, avaient décidé de boycotter l’élection présidentielle de 1997 pour empêcher à Alpha de briguer un second mandat. Mais il a réussi à convaincre Mamadou Batrou DIABY de se porter candidat contre lui.
Pour la succession d’Alpha, c’est IBK qui avait remporté les élections, suivi de Soumaila Cissé et ATT est arrivé troisième. Malgré que plus de 50 urnes soient confisquées, IBK était gagnant de cette élection présidentielle. Mais tout a été fait pour modifier les résultats afin que Amadou Toumani TOURE soit le président de la République. Il sera suivi de Soumaila CISSE. Et, IBK est classé troisième. Le coup était bien planifié, c’est pourquoi avant l’élection, IBK a été limogé de son poste de Premier ministre. Aussi, il a été poussé à la démission au sein du parti Adema.
IBK a blanchi ATT
Pendant les dix ans d’ATT, IBK a beaucoup souffert. Ce même ATT va être chassé du pouvoir à la fin de son second mandat. IBK n’est pas un acteur de ce coup d’État, mais il a rejoint le groupe plus tard. Parce qu’au moment des faits, il n’était pas au Mali. Si aujourd’hui, IBK est au pouvoir, c’est parce que nous autres avons accepté de nous mobiliser à cet effet. Depuis Alpha, jusqu’à Amadou Toumani TOURE, IBK a véritablement combattu. C’est pourquoi nous nous sommes engagés pour lui. Cela a porté fruit puisqu’il a été élu, à l’issue de l’élection présidentielle de 2013. Et, j’ai dit en son temps que nous n’allons pas voter pour tous ceux qui ont eu à collaborer avec ATT.
Aujourd’hui, IBK n’est plus un mythe pour moi. Et IBK avait, dans ses projets, de juger ATT. Il a aussi dit qu’il allait le faire. Mais après, ce même IBK a ramené ATT au pays. Pourquoi IBK rend ce service à ATT après les souffrances que ce dernier lui a fait subir ? Mais en dessous, il y a un non-dit. Par ce geste, IBK a blanchi ATT.
Maintenant, je vais faire des propositions au président et aux ministres. J’adresse mes propositions au Premier ministre afin qu’il les adresse à IBK. Récemment, des nouvelles me sont parvenues du président, si c’est vrai.
Ce message est donné en mon nom, à celui de tous les hamallistes, tous ceux qui partagent mes visions. Je souhaite que mes propositions soient une sortie de crise pour le pays.
Démission de Manassa
Dans un premier temps, je plaide pour la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle. Cette dame a été nommée pour imposer le mensonge, pour encourager l’injustice. Mais Allah, qui est au-dessus de tout, va l’humilier pour tout ce qu’elle est en train de faire comme mal. Lorsqu’elle a reçu les suffrages, elle a décidé de supprimer des voix. À cause de tout cela, certains ont été proclamés alors qu’ils n’avaient pas les suffrages nécessaires pour être confirmés. Cela s’est passé au vu et au su de tout le monde. C’est par ces mauvais comportements que la présidente est combattue. Alors, qu’elle démissionne parce qu’elle n’inspire plus confiance.
Deuxièmement, je demande à Ibrahim Boubacar Keïta d’écarter son fils Karim Keïta de la gestion du pays. Aujourd’hui, Karim n’apporte rien de bon au régime de IBK. À cause de lui, les gens haïssent ce pouvoir parce qu’il ne fait que voler et trahir. C’est ce qu’il sait fait le mieux. IBK n’écoute pas les conseils. Il n’écoute que sa famille. Et pourtant ni lui ni le peuple n’a pas à intérêt à cela. C’est pourquoi il doit éloigner son fils des affaires de l’État. IBK ne doit pas prendre ces conseils en mal parce qu’il connaît très bien son fils. Pour rappel, IBK lui-même avait refusé que Karim se présente à la députation. Il a même décidé de le chasser Karim. Sans le connaître, Karim est venu me voir afin que je plaide auprès de son père pour qu’il soit candidat à la députation. Alors, j’ai demandé à IBK de le laisser présenter si ce n’est pas contraire à la loi. Ce jour-là, je ne connaissais pas Karim. Mais, IBK a après accepté ma décision. Que nous savons maintenant tous de quoi son fils est capable, alors nous demandons à IBK de le tenir éloigné des rouages du pouvoir.
Gouvernement de consensus
Troisièmement, je demande aux députés qui ont été élus sur la tricherie de la présidente de la Cour constitutionnelle de dégager. Ils ne sont pas à leur place. À cet effet, je propose que le pays revienne sur ces élections. Et depuis son élection, les Maliens racontent beaucoup de choses sur l’actuel président de l’Assemblée nationale.
Aussi, je suis pour la mise en place d’un gouvernement restreint de 22 à 25 membres avec à sa tête un Premier ministre. Il faut que tout le monde se reconnaisse dans ce gouvernement. Il faut que ça soit un gouvernement qui représente les partis politiques et les organisations de la société civile. Pour ce gouvernement d’union nationale, les postes de Premier ministre, de ministre de la Défense, de la Sécurité intérieure, de l’Administration du Territoire, des Finances et des Affaires étrangères doivent être confiés à des personnes qualifiées doublées de grande expérience. Ce gouvernement, qui sera mis en place, doit faire le reste du mandat d’IBK. Il ne faut pas que ses ministres soient nommés et limogés peu de temps après. Et le reste des postes ministériels est à partager entre les partis politiques et les organisations de la société civile. Il ne faut plus que la gestion de ce gouvernement soit celle des gouvernements précédents. Les ministres sont remplacés parce qu’ils sont à la merci du président ou de sa famille. Non, ce n’est pas la manière. Ce sont mes propositions sur la situation.
IBK, un président qui ne
fait qu’à sa tête
Mais, je doute fort si le président IBK va accepter ces propositions. Parce qu’IBK ne fait que les consignes qui viennent de sa famille. Or, sa famille ne va jamais accepter ces propositions. Et si IBK refuse d’écouter les gens en campant sur sa position alors, on ne peut plus en vouloir à ceux qui sont mobilisés pour réclamer son départ. Ainsi, je soutiendrai ce mouvement jusqu’au bout.
Enfin, je ne suis pas une personne d’intérêt personnel. Le Premier ministre a été nommé par le régime, ce n’est pas mon choix. S’il reste, pour moi, ce n’est pas un problème. Pour le ministre de la Défense, je le défends parce que c’est un militaire. Le ministre des Affaires étrangères, Tiébilé DRAME, a été choisi sans que je ne sois consulté. C’est l’un des natifs de ma ville Nioro. Le père de Tiébilé était un hamalliste. Aussi, je considère le ministre Dramé comme mon fils. Malgré tout, en politique, nous avons eu des positions divergentes. S’il est reconduit dans le gouvernement, ça ne me posera pas de problème. Tous trois ministres ont été nommés sans que je ne sois informé. En dépit de tout, je préfère les soutenir que de les combattre.
Par ailleurs, j’ai appris depuis un moment que le pouvoir envisage de nommer Abdoulaye DAFFE comme ministre des Finances. DAFFE est mon fils. Son père est mon ami. C’est le fils d’un hamalliste. Tous les postes que DAFFE a occupés jusqu’à maintenant ont été possibles grâce à moi. C’est pourquoi IBK m’a fait mal lorsqu’il a enlevé injustement DAFFE de son poste. Pour être clair, je ne suis pas demandeur pour que DAFFE soit ministre. Si IBK juge nécessaire de le prendre, je ne suis pas contre. Je l’approuve volontiers. Pour le 5e ministre, c’est Choguel Kokalla MAIGA.
Ce sont là mes propositions pour la sortie de crise. Mais je ne suis pas dans les secrets de la formation du gouvernement. Je doute fort si elles seront d’ailleurs considérées. En tous cas, c’est comme cela que j’apprécie la situation.
Source : INFO-MATIN